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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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jusqu’à l’été. D’ici là, Mitterrand a largement le temps de remonter dans les sondages, de redevenir, à défaut d’être populaire, moins impopulaire.
    Peu d’illusions, pourtant, autour de la table. Comme Philippe Alexandre et moi le rappelons, la gauche est divisée, encore plus peut-être que la droite. Tous les commentateurs ont certes mis l’accent sur les hésitations de Jacques Chirac à propos de l’Europe. Personne, en revanche – ce qui prouverait que l’Élysée n’est pas dépourvue d’influence sur la presse –, n’a même relevé qu’entre les communistes et les socialistes, et entre les socialistes eux-mêmes, la fracture existe entre ceux qui croient en l’Europe de Maastricht et ceux qui ne veulent pas de cette Europe-là.
    Dans l’avenir, quelle stratégie alors pour Mitterrand ? Michel Sapin pense qu’il choisira de faire un référendum sur le quinquennat à la rentrée. Je me récrie : pour quoi faire ? En quoi a-t-il besoin de ce quinquennat s’il ne compte pas se l’appliquer à lui-même ? Il aura engrangé une première victoire, dès maintenant annoncée, avec la ratification de Maastricht ; pourquoi organiserait-il une nouvelle consultation ? À force de trop en faire, il risque de perdre, à l’automne, à l’occasion d’une nouvelle tentative de modification constitutionnelle, l’embellie qu’il aura sans doute enregistrée au printemps.
    « Pas du tout ! répond Michel Sapin. Il a besoin d’entretenir unsuspense sur son éventuel départ. Il a besoin de pouvoir quitter le pouvoir en mai prochain, s’il perd d’ici là les législatives. »
    Mais, dans ce cas, il devra forcément se l’appliquer à lui-même, ce raccourcissement du mandat présidentiel, s’il l’a fait voter à l’automne : il aura donc levé le suspense. Qu’y gagnerait-il ?
    Les deux camps formés dans le cours de cette discussion restent sur leurs positions : Sapin et Peyrelevade d’un côté convaincus du référendum sur le quinquennat, de l’autre Philippe Alexandre, Françoise Dreyfus et moi, convaincus du contraire.
    Une grande discussion sur Bernard Tapie a précédé cet échange, avec, là aussi, deux thèses tout à fait opposées : l’un décrit Tapie comme une sorte de Robert Maxwell contraint de vendre Adidas pour se faire de l’argent liquide, criblé de dettes, fragilisé par l’Olympique de Marseille (c’est Peyrelevade qui parle). L’autre, comme un homme finalement plus « réglo » que bien d’autres, et qui n’a pas commis une seule erreur depuis sa nomination. Philippe Alexandre assure que Bernard Tapie ne figurait pas sur la liste initiale du gouvernement telle que l’avait dressée Pierre Bérégovoy, et que c’est le président de la République qui y a ajouté son nom. Cela paraît plausible à la plupart d’entre nous. Au point que l’un de nous hasarde cette hypothèse : Mitterrand aurait nommé Tapie au gouvernement dans le seul but de montrer aux socialistes son mépris à leur endroit.
    Ce qui domine ce type de conversation, pour résumer, c’est qu’un mois après les cantonales et les régionales qui ont fait émerger les Verts et confirmé l’implantation du Front national, les partis traditionnels ont repris le dessus comme si de rien n’était.
    À la question que je pose : pourquoi Le Pen s’est-il si peu réjoui du score du FN aux dernières élections (14 %, ce n’est pas rien), la réponse de Philippe Alexandre est d’ordre privé : Le Pen vient de se remarier et sa nouvelle femme l’éloignerait de la bataille quotidienne. Interprétation dont je n’ai pas confirmation et que je lui laisse.
    6 mai
    Mitterrand part pour Bastia, à Furiani plutôt, où une tribune s’est effondrée, hier, lors d’un match de football, faisant de très nombreuses victimes : 700 blessés, 20 morts, 60 blessés graves. Bernard Kouchner est arrivé sur place dès la fin de soirée. Le préfet annonce la création d’une commission d’enquête. Tout le monde en prendpour son grade : du président du club au préfet en passant par la commission départementale de sécurité, ils sont plusieurs dizaines à avoir construit ou autorisé ces tribunes.
     
    Le mandat présidentiel. On y revient à l’occasion d’une double interview.
    Celle de Laurent Fabius dans le Nouvel Obs  : en une phrase pesée soigneusement, il dit que, dans les faits, sinon en droit, François Mitterrand serait obligé de s’appliquer à

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