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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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la campagne, chez François-Henri de Virieu, son ancien directeur de l’Information. Il a beaucoup maigri, l’inactivité lui pèse, sa vie privée le déprime par sa trop grande simplicité. Il y a là tous ses anciens lieutenants d’Antenne 2 : Dutoit, Wiehn, Philippe Belingard...
    En réalité, nous sommes tous atterrés par l’état de Pierre Desgraupes. Il n’a pas supporté son injuste éloignement de la télévision en 1985. Sa voix, bourrue, s’est éteinte. Il ne supporte pas d’avoir été mis à la retraite alors qu’il se sentait si jeune. Voilà pourquoi, d’un coup, il est devenu vieux.
    Il est modérément content de revoir tous ceux avec lesquels il a travaillé, non parce qu’il ne les aime pas, mais parce qu’il n’a plus rien à leur dire.
    Nous prenons, les uns et les autres, congé de notre hôte, François-Henri de Virieu, tandis que l’un de nous raccompagne Desgraupes chez lui 19 . Nous sommes tous tristes, sans pouvoir le lui dire : il ne supporterait pas d’être pris en flagrant délit de faiblesse.
    4 avril
    Le Parti socialiste implose : dans la nuit de samedi à dimanche, Michel Rocard, aidé des jospinistes, met Laurent Fabius en difficulté, puis en minorité. Mauroy refuse de se joindre à eux ; Chevènement démissionne. Rocard devient président par intérim du comité fondateur des États généraux de la gauche. Fabius parle, sur France 2, le soir, de « démarche présidentielle autoproclamée ».
    Je me demande pourquoi Rocard a décidé d’y aller à la hussarde. Pour assurer sa future campagne présidentielle ? Il sera difficile pour lui de refaire l’unité du Parti d’ici à 1995. Lui feront toujours défaut les fabiusiens, organisés, soudés autour de leur chef, qui détiennentde très nombreuses fédérations socialistes, parfois les plus puissantes, comme celle des Bouches-du-Rhône. Lionel Jospin est sans doute toujours prêt à se ranger derrière Rocard. Quid du reste du Parti ?
    8 avril
    Discours de politique générale de Balladur à l’Assemblée nationale.
    En l’attendant, je pense aux événements qui l’ont amené là où il est aujourd’hui. Il lui a fallu, mine de rien, triompher de bien des obstacles. Deux, surtout : d’abord persuader Chirac qu’il ferait mieux de réserver ses chances pour la présidentielle, donc de rester à l’Hôtel de Ville. J’exagère : il fallait plutôt être celui à qui Chirac proposerait, en cas de victoire du RPR, de devenir Premier ministre à sa place. Le second obstacle à surmonter était sa propre image dans l’opinion publique. Je me souviens, comme tout le monde, de cette caricature de Plantu qui le représentait en talons Louis XV dans sa chaise à porteurs. De Marie-France Garaud et de Pierre Juillet le baptisant, du temps de Pompidou déjà, lorsqu’il était secrétaire général adjoint de l’Élysée, « le Chanoine », ou pis, « Ballamou ».
    Trop tard pour faire son portrait : il commence son discours à 16 heures pile.
    À l’entendre, on a l’impression que la maison est à refaire de la cave au grenier, que rien n’a jamais marché en France depuis 1981 : l’économie ne va pas, tous les clignotants sont au rouge, la crise morale sévit partout. Ainsi, dès le début, il inscrit son discours – clin d’œil au professeur de lettres que fut son maître Georges Pompidou – sous le signe de Marc Aurèle : « L’obstacle, cite-t-il, est matière à action. »
    Il faudra aux Français du temps, de la patience et des efforts. Et même, il ose le mot, des « sacrifices ».
    D’abord, un gros effort sur le budget, avec un collectif budgétaire qui devrait permettre d’économiser 20 milliards de francs. En ce qui concerne la lutte contre le chômage, il n’est pas d’une grande originalité, car s’il le dénonce, il n’annonce pas de mesures destinées à rétablir la situation. Il la constate, voilà tout, en se fixant un objectif, sans le chiffrer : sa stabilisation à la fin de l’année 1993, et sa décrue ensuite.
    En revanche, il énumère longuement les mesures à prendre pour les entreprises : allègements de charges, aides, redémarrage de l’immobilier en panne. Il annonce enfin des privatisations.
    Son discours est d’une vraie tenue : il arrive à ne pas trop se noyer dans le détail, évitant de parler des « cages d’escalier 20  » et arrivant à esquisser à la fois des perspectives et des espoirs.
    Pour les

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