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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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leur tête-à-tête.
    – Est-ce si sûr ? » dit Jacques Friedman, qui pense au contraire qu’à ce sujet, Édouard Balladur a « eu » Mitterrand. Car le Premier ministre a certes accepté de passer par le Conseil d’État, mais en formulant la question de telle façon qu’elle appelle une révision de la Constitution.
    9 septembre
    Décidément, Balladur plaît au moins autant, sinon davantage, à l’UDF qu’au RPR. J’en retiens pour preuve ma conversation avec Hervé de Charette 50 , avec qui j’ai longuement parlé de la crise du logement. Après avoir fait le plein de considérations sur le trop grand nombre de bureaux à Paris, la fiscalité qui assassine les propriétaires, la panne de l’accession à la propriété, nous parlons du Premier ministre. Charette me dit combien il est agréable de travailler sous son contrôle. Tout de même, s’attendait-il à cette incroyable montée de Balladur dans les sondages ? s’attendait-il à ce que l’état de grâce dure jusqu’à l’automne ? « Balladur, me répond-il, réussit au moment où on attendait un homme incarnant une autorité. Il y avait en France cinquante millions de Français qui, comme Diogène, cherchaient la lumière. Il est tombé au bon moment. »
    La cohabitation ? « Entre Édouard Balladur et François Mitterrand, me dit-il, il n’y aura pas de fin heureuse. C’est Mitterrand qui a besoin de Balladur, pas l’inverse. »
    Dans un autre registre, celui des élections européennes, il me fait, en lieutenant fidèle, un vibrant plaidoyer en faveur de Giscard : il est indispensable, selon lui, que VGE prenne la tête d’une liste unique de la majorité. « Qui va conduire la campagne vis-à-vis de l’opinion publique ? Il est normal que Giscard, le premier européen de France et même d’Europe, le fasse. Notre intérêt commun est qu’il joue un rôle éminent dans cette campagne. Dans la crise que traverse l’Europe, qui montre une forte tentation de détruire en quelques jours ce qu’on a mis vingt-cinq ans à construire, en ce moment stratégique, il faut concevoir une Europe nouvelle, poser de nouveaux principes. Il y faut une nouvelle volonté franco-allemande. Pour toutes ces raisons, Giscard est le plus qualifié. »
    10 septembre
    Nouvelle entrevue à l’Élysée avec Hubert Védrine. Nous reprenons notre conversation sur la cohabitation et sur la France de Balladur.
    « Le monde était stable, me dit-il, les clivages étaient simples : gauche/droite, Est/Ouest. Tout cela est tombé par terre avec la chutedu mur de Berlin, et nous nous trouvons aujourd’hui dans un magma mondial. Tout est devenu anxiogène. Les Français en ont soupé, des rêves, des illusions ! Ils exigent un minimum de sécurité, de confiance. Balladur, tel qu’il est perçu aujourd’hui, est en phase avec ce désir-là. Comme Mitterrand, d’ailleurs. L’actuel phénomène Balladur ne serait pas aussi fort si un bon climat ne régnait pas entre les deux hommes. C’est comme s’il y avait en ce moment – car les choses peuvent changer – un pompidolien de gauche et un pompidolien de droite... Balladur, conclut-il, tire beaucoup de sa relation avec Mitterrand. »
    Je lui pose la question de la révision constitutionnelle sur le droit d’asile. Commentaire : « C’est comme s’ils s’étaient trouvés dans un champ de mines et qu’ils en soient sortis tous les deux en se tenant par la main. »
    La seule personne qui pourrait gêner Balladur aujourd’hui, selon Védrine, c’est Jacques Chirac, « qui ne peut pas rester les bras ballants... ».
    11 septembre
    Védrine n’avait pas tort. Chirac ne peut pas rester les bras ballants. L’absence de Balladur à l’université d’été du RPR a été commentée comme elle devait l’être : dans le marigot RPR, il n’y a pas place pour deux crocodiles !
    Du coup, ce matin, pour éviter que les choses aillent trop loin et qu’elles finissent par se retourner contre les deux, Chirac s’est fait abondamment photographier à Matignon où il a pris soin d’aller rendre visite à Balladur. Deux heures de conversation, ont annoncé leurs services de presse respectifs. Peu importe ce dont ils ont parlé : si c’était pour régler un malentendu, ils auraient pu aussi bien se téléphoner. Non, l’essentiel était qu’ils se montrent ensemble. « Se réconcilier ? a dit Balladur à l’issue de la visite de Chirac. Il aurait fallu être fâchés. » Il

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