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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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mais suggère que le caractère et le sens politique d’Édouard Balladur ne sont pas à la hauteur du destin présidentiel qu’il ambitionne. C’est parce qu’il le pensait faible, de caractère fragile, et pas le moins du monde charismatique, qu’il l’a placé en première position pour occuper Matignon...
    Le malentendu entre les deux hommes est complet : alors que les balladuriens peaufinent un plan de bataille dont l’objectif essentiel est le retrait de Chirac, celui-ci, au même moment, pense que Balladur ne se présentera pas.
    Quoi qu’en pensent les deux Nicolas, Bazire et Sarkozy, sa candidature à lui, il me le répète pour que je n’en doute pas un seul instant, est acquise. Pour qu’elle ait de vraies chances de succès, il faut réunir deux conditions.
    La première est qu’il ne soit pas écrasé par Balladur dans les sondages. Il ne l’est pas pour le moment. Distancé, oui ; écrasé, non. D’autant qu’il ne croit pas que la gauche se relèvera d’ici au printemps prochain. Dans ce cas, Balladur ne pourra pas apparaître comme le seul sauveur de la majorité face à une opposition qu’il qualifie de « frétillante ».
    Seconde condition : l’existence d’un candidat UDF. Si Balladur est ce candidat, alors la victoire de Chirac deviendra aléatoire. Mais, autrement, si un candidat bloque sur lui au moins une moitié des voix de l’UDF, elle devient largement possible. Qui serait ce candidat UDF ? Giscard ? « Non, dit Chirac, il ne pourra pas se présenter. » Qu’est-ce qui l’en rend si sûr ? « Il veut rester dans la vie politique, donc il ne va pas vouloir assumer l’échec que lui prédisent les sondages. »
    Alors, qui ça ? Léotard ? Jacques Chirac y avait bien sûr pensé, mais c’était au moment où les deux hommes étaient proches. Depuis lors, Léotard a choisi son camp, celui de Balladur. Monory ? Chirac ne dit pas non. Ce serait son favori : il me rappelle que Monory aété le seul à ne pas lui tourner le dos lorsqu’il a démissionné du gouvernement, en 1976. « Les crédits de la Corrèze n’ont jamais eu à en souffrir, car, aux Finances, il y a veillé personnellement. »
    Je lui demande si le rapprochement entre Alain Madelin et lui a valeur de symbole. Il me répond de façon évasive qu’il a prévu, à la fin septembre, une rencontre « purement technique » sur la politique industrielle, ainsi que sur les petites et moyennes entreprises, mais qu’il ne faut surtout pas en tirer immédiatement de conclusion politique. J’en tire immédiatement une : attirer à lui un des leaders du mouvement républicain, c’est faire le pendant de ce qu’a réussi à faire Balladur avec Léotard. Diviser l’UDF est toujours bon à prendre, même et surtout s’il souhaite la présence d’un de ses candidats en 1995.
    « De toute façon, achève-t-il, si je ne suis pas élu, je ne me roulerai pas par terre ! » C’est la première fois depuis 1993 que je l’entends douter ainsi de sa victoire. Preuve que la façade est en train de se lézarder, même en échafaudant ces considérations stratégiques.
    Je lui demande si, à son avis, Édouard Balladur a enterré toute réforme, ou s’il n’en fera plus d’ici le mois de mai prochain. « Oh, il en fera, dit-il, si la Sofres, après expertise, lui dit qu’il peut les faire. Si la Sofres dit non, il ne bougera pas. »
    Incidemment, Chirac me révèle à cette occasion qu’il a, lui, arrêté de commander des sondages à la Sofres. Son commentaire : « Je veux bien que Jérôme Jaffré vive, mais je ne veux pas lui donner d’argent. »
    Il s’attend effectivement à ce que Balladur, peut-être par l’intermédiaire de Sarkozy, livre un premier combat à l’occasion des prochaines journées parlementaires. « Je n’en ai pas encore parlé à Bernard Pons », dit-il de façon laconique – ce qui laisse présager la mise au point d’une contre-attaque.
    Passons à la gauche. Chirac se montre très sceptique sur l’éventualité d’une candidature Delors : « De toute façon, s’il se présente, je lui donne quinze jours avant de connaître une formidable désillusion. Sa fille Martine, elle, aurait des chances : elle est une vraie candidate de gauche, avec des soutiens à droite. Elle est intelligente, elle a du charme, elle est compétente, et elle a les patrons à ses pieds. Ce serait la meilleure candidate que la gauche puisse trouver. »
    25 août dans la

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