Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
éclairées. Bernard Pons continue d’évoquer les pas de clerc des uns, les trahisons des autres, l’embarras de tous. Il parle d’un député de Guéret que Chirac a fait élire au Parlement et au conseil général, qui lui a écrit en janvier dernier : « Ma fidélité n’est pas en cause, mais Édouard Balladur a favorisé la construction d’une école dans ma circonscription, alors tu comprends... »
    Sans oublier le cas de Pierre Messmer, ancien Premier ministre de Georges Pompidou, qui a donné sa caution gaulliste à Balladur. Ou celui de Jacques Baumel 17 , qui s’est découvert balladurien de toujours...
    Toute la comédie humaine est dans cette élection.
    Chirac, lui, se veut positif : il préfère parler de ceux pour lesquels il n’avait rien fait, ou même contre lesquels il avait, en d’autres occasions, désigné un autre candidat, et qui l’ont rejoint. De toute façon, comme me l’a déjà dit Alain Madelin, les ralliements individuels, dans un sens ou dans l’autre, n’ont guère d’importance politique. Ils ne modifient pas d’un iota les forces respectives des candidats ni le comportement de l’électorat. Il y a bien d’autres raisons à la baisse de Balladur. Les ralliements, eux, n’en sont pas une.
    À noter qu’à ma question : que se passera-t-il si Balladur et vous restiez face à face au second tour ?, Chirac m’a répondu : « Deuxthèses, à se sujet. Ou bien on peut considérer que c’est très ennuyeux, car cela accentuera la division du RPR. Mais, deuxième thèse, cela aurait l’avantage de vider l’abcès une fois pour toutes. On peut de toute manière penser que les militants RPR, eux, voteront efficace. C’est-à-dire pour celui qui sera arrivé en tête au premier tour. »
    Même maintenant, il ne se fait guère d’illusions sur la nature humaine.
    4 avril
    Je rencontre aujourd’hui une nouvelle fois Jean-Pierre Denis qui anime le groupe d’experts de la campagne de Chirac. Il me dit qu’ils ont eu tous deux du mal à persuader Chirac, à la fin de l’année 1993, que les comités Théodule avaient quelque utilité pour sa campagne. « À un moment, je lui ai dit : “Monsieur, si vous ne vous impliquez pas dans ces travaux, si vous ne vous intéressez pas à leurs conclusions, cela ne marchera jamais !” Après avoir sorti cette phrase, raconte-t-il, j’ai pensé que j’étais allé trop loin, que ce n’était pas mon rôle. Et puis Chirac m’a rappelé le soir même : “Vous avez raison, a-t-il convenu, allons-y.” »
    En deux ans, le staff initial n’a pas changé. La réunion du lundi matin a réuni les mêmes fidèles : Claude Chirac, Maurice Ulrich, Stefanini, François Baroin, Jean-Louis Debré, Toubon. Juppé n’est presque jamais présent, ce qu’on ne peut reprocher à un ministre des Affaires étrangères. Contrôle du RPR, suivi des réactions des parlementaires : telles ont été les principales tâches de ce comité qui avait en outre le soin de rédiger les discours du candidat, d’ajuster le tir quand il le fallait, de parer les mauvais coups qui ne manquaient pas.
    Nous reparlons de la défection de Nicolas Sarkozy et de Michel Roussin. Jean-Pierre Denis établit une subtile différence dans les rapports que chacun entretenait avec Jacques Chirac : « Dès 1993, Nicolas Sarkozy avait un statut à part auprès de Jacques Chirac. Il était véritablement autonome. Chirac lui reconnaissait, lui recommandait presque un devoir de désobéissance. Michel Roussin n’était qu’un collaborateur : c’est à lui que Chirac en a le plus voulu. »
    5 avril
    Déjeuner avec Hervé de Charette. Nous parlons évidemment de son ralliement et de celui des giscardiens à Chirac. « Le fond de l’affaire, me dit-il, est que la stratégie choisie par Édouard Balladur était une stratégie anti-Giscard. Il s’agissait d’adopter la stratégie du coucou et de s’installer à sa place au sein de l’UDF. »
    En avait-il parlé dès ce moment à Balladur ? « J’ai eu plusieurs fois, dès 1993, l’occasion d’expliquer à Édouard Balladur que la stratégie qui consisterait à s’appuyer sur deux ou trois composantes de l’UDF ne pouvait être ressentie par Giscard que comme une agression. Je lui ai dit que nous ne nous laisserions pas faire. Il fallait prendre l’UDF comme un tout et s’adresser à son chef au lieu de le contourner et de tenter une OPA derrière son dos. »
    Balladur, me raconte-t-il, lui

Weitere Kostenlose Bücher