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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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détacher d’Édouard Balladur pour accentuer son avance vers 20 h 15. Résultat : deux points seulement d’écart, 20,73 % pour l’un, 18 % et quelque pour l’autre.
    Je passe sur la tarte à la crème : l’erreur des sondages précédant l’élection. En revanche, c’est sur ma propre capacité d’analyse que je m’interroge. Je n’arrête pas, depuis des mois, de me pencher sur la rivalité Chirac/Balladur, de trouver que Jospin a commencé trop tard sa campagne. Malgré les désordres, les scandales, l’impuissance régnant à gauche depuis 1993, je pensais, contrairement à d’autres, que la gauche n’avait pas disparu en France, qu’elle serait présente au second tour, certes, mais je n’avais pas raisonnablement pensé que Jospin distancerait à ce point et Chirac et Balladur.
    Première surprise, donc, à propos du score de Chirac : tant de meetings, tant de mains serrées, tant d’atterrissages et de décollages, de voitures prises en courant, tant de sandwiches avalés, tant de monde aussi, tout cela simplement pour quelques petits points de plus qu’en 1988 ! Il y a une sorte de malédiction Chirac, abonné en quelque sorte, d’une élection l’autre, à un chiffre de voix oscillant entre 18 et 20 %. D’accord, il est présent au second tour, et Balladur n’y est pas. Mais les sondages avaient entretenu une telle pression psychologique sur les états-majors qu’avenue d’Iéna 23 , la deuxième place du maire de Paris fait figure de défaite.
    Voilà. J’ai rédigé ces lignes à toute allure à l’issue d’une soirée passée à l’antenne. J’y reviendrai demain.
    24 avril
    Rue du Cherche-Midi, au QG de Lionel Jospin, hier, il y avait tous ceux qui l’avaient aidé dans sa campagne : DSK, Martine Aubry, Daniel Vaillant, que sont venus rejoindre, à 20 heures, Jacques Delors, Michel Rocard et Pierre Mauroy, puis également Laurent Fabius et Henri Emmanuelli. Lionel Jospin avait commencé à rédiger la déclaration qu’il allait faire à la télévision. Lorsqu’il en a eu terminé, dans un geste de réconciliation, ou plutôt de conciliation, il l’a tendue, me raconte Pierre Mauroy qui assistait à la scène, à Fabius. Celui-ci, souverain, a pris son stylo et changé un mot. « Tu as raison », a dit Jospin, qui ne s’est pas attardé sur la correction, plus formelle que politique.
    Je ne peux m’empêcher de me dire ce soir que Jacques Delors et peut-être aussi Michel Rocard ont dû se demander quel score ils auraient fait, eux, à sa place. La question restera éternellement sans réponse.
    Balladur était à Matignon. Il s’attendait depuis plusieurs jours à être éliminé ; il ne pensait pas que ce serait de si peu. Il est battu, mais ne s’est pas effondré. D’ailleurs, dans les jours précédant le scrutin, les intentions de vote en sa faveur étaient légèrement remontées au détriment de Chirac qui avait légèrement fléchi. Il est vrai, on en revient toujours là, qu’il s’agissait de sondages qui ont montré, par la suite, le 23, leurs limites.
    Sur Chirac, je n’ai pas d’autres informations que celles que rapportent les confrères qui étaient auprès de lui hier : il a pris le premier choc à l’Hôtel de Ville, et est arrivé avenue d’Iéna, à 18 h 20, assez abattu. L’indécision, jusqu’à 20 h 15 a été terrible. Puis il s’est dit que l’essentiel, dans une élection présidentielle, était d’être parmi les deux premiers au premier tour.
    Cela étant, ce matin, en lisant la presse, on pourrait croire que Chirac a été battu, tant la faiblesse de son score a surpris.
     
    Rencontre avec Jacques Toubon dans l’après-midi. Comment les choses se sont-elles passées avec Édouard Balladur, ce matin ? Chirac a téléphoné à Matignon à 11 heures. « Balladur, affirme mon interlocuteur, ne lui a rien dit. Et contrairement à ce que rapporte son entourage, Chirac n’a pas demandé à le rencontrer demain. »
    Les sept ou huit membres du « comité politique » informel se sont réunis ce matin. Chirac est déterminé à continuer à « rassembler sursa ligne ». Il n’y aura donc pas de changement : il ne va pas se mettre à faire une campagne modérée parce que son adversaire est socialiste. L’essentiel, a-t-il dit, est de garder « l’élan, la dynamique ».
    Il a proposé la fusion, sur le plan local, de ses comités de soutien avec ceux de Balladur, même si cela ne fait pas un plaisir

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