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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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« objectifs définis pendant la campagne présidentielle », et respecte « le cap qui a été fixé ».
    Pas de changement à attendre, donc. Et pas de dissolution de l’Assemblée : Chirac ne laisse planer aucune ambiguïté sur le sujet. Sans doute veut-il répondre, sans le dire, à tous ceux, chez les balladuriens et à l’UDF, qui laissent entendre que Chirac est en train depréparer une nouvelle cohabitation. Le démenti présidentiel, aujourd’hui, est catégorique.
    Pour résumer mon impression, j’ai senti Chirac conscient de l’attente massive des Français que ronge, au sujet du chômage, une « inquiétude profonde ». Conscient mais n’ayant rien à leur proposer, rien à attendre d’autre que leur patience. Difficile, pour ne pas dire impossible, dans ces conditions, d’espérer des Français un sursaut qu’on n’est pas soi-même capable d’avoir.
    18 juillet
    Je m’aperçois que je n’ai rien écrit ici de l’affaire qui a secoué le Parti républicain la semaine dernière. Ce pourrait être drôle si cela ne faisait frissonner : les proches collaborateurs de François Léotard auraient été placés sur écoute. Sur ordre de qui ? Du ministre de la Défense. Ahurissant ! C’est Le Monde 27 qui l’a annoncé en début d’après-midi, le 8 juillet. A suivi, pendant l’après-midi, une cascade de communiqués exprimant étonnement, protestations, puis dénégations.
    À 17 heures, communiqué officiel de François Léotard qui demande des explications au Premier ministre. Matignon répond par un vague texte, avant 18 heures, tandis que Gilles de Robien 28 s’indigne et demande, au nom de son groupe, une « explication franche et loyale ». Une heure plus tard, Donnedieu de Vabres, directeur de cabinet de Léotard, écrase le coup : circulez, rien à voir ! Comment cela ? Ne s’est-il rien passé ? En tout cas, l’ordre tombe des deux côtés – à Matignon et à l’UDF – d’enterrer l’affaire.
    Deux explications peuvent être retenues : ni Léotard ni Juppé ne veulent donner un tour pareil aux relations déjà difficiles entre les deux partis de la majorité ; explication plus probable : il s’agissait d’une écoute concernant quelqu’un de parfaitement identifié, sans rapport avec la politique.
    En tout cas, je suis restée stupéfaite de la rapidité avec laquelle cette affaire est montée, et de la façon non moins rapide dont elle s’est arrêtée. Je me dis que, dans ces cas-là, les journalistes en sontréduits à regarder les balles s’échanger au-dessus de leur tête. On en saura sans doute plus un jour. Pas maintenant...
    22 juillet
    Aujourd’hui, Édouard Balladur recevait ses amis, pour la plupart ses anciens ministres, à Chamonix, ou plus exactement au col de Balme, à un peu plus de 2 000 mètres d’altitude. Pour ménager Simone Veil, qui n’était pas en tenue de marche, talons et ensemble gris et blanc de soie légère, il n’avait pas voulu entraîner la petite troupe dans une de ces promenades alpines qu’il affectionne. Il a préféré les pentes de la montagne à vaches aux montées trop rudes. La joyeuse bande, escortée de journalistes et de photographes, a donc pris le télésiège. On y a vu côte à côte, pendant l’ascension dans la même nacelle, Édouard Balladur, Simone Veil et Nicolas Sarkozy. Les autres, dont François Léotard et Ladislas Poniatowski, les suivaient de quelques mètres.
    Sitôt arrivés, l’ancien Premier ministre a fait servir à ses convives jambon de pays, pain de campagne et vin de Savoie, en les mettant en garde contre toute prise d’alcool excessive à cette altitude.
    L’image, assez joyeuse, a fait la une de tous les journaux, écrits ou télévisés. Je ne sais si les invités d’Édouard Balladur ont pensé un instant que Chamonix était peut-être en train de devenir la roche de Solutré de l’ancien Premier ministre. C’était en tout cas une rencontre plus amicale que politique, ont-ils juré, encore que les deux choses soient ici souvent liées. Toujours est-il que les petites phrases ont été nombreuses, malgré les dénégations de Nicolas Sarkozy, qui, en réponse aux questions des journalistes, a assuré : « Ce n’est pas parce que des gens s’entendent qu’ils ne peuvent s’entendre que sur le dos des autres. »
    Il n’empêche – peut-être est-ce le vin servi – qu’Édouard Balladur, en fin de course, a révélé sinon le fond de son

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