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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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l’affaire des sans-papiers de l’église Saint-Bernard, en août dernier 9 , une forte tentation d’aller au-delà des lois Pasqua qui, à l’époque, avaient paru pourtant suffisamment restrictives. Pourquoi ce silence ? Sans doute parce que la réalité de l’immigration pose au moins autant de problèmes au PS qu’il en pose à la majorité. Les socialistes savent bien que l’opinion publique ne partage pas leur mansuétude sur le sujet de l’immigration. Même si Rocard a dit en son temps que la France ne pouvait pas accueillir toute la misère du monde, cette affirmation avait choqué nombre de militants tant elle leur avait paru contraire aux grands principes de solidarité et d’ouverture du PS. D’où la tentation qu’ont eue ses dirigeants, depuis 1995, d’écarter d’eux ce calice. Tant qu’ils l’ont pu, ils ont préféré ne pas s’en mêler. Aujourd’hui, ils n’ont pas le choix : les textes du projet de loi Debré sont sur la table. Progressivement, donc, le PS s’est réveillé. Ce qui explique ma rencontre avec François Hollande, aujourd’hui.
    « Le dispositif prévu par la loi Debré, cette obligation de fournir à la fois certificats d’hébergement et certificats de départ, est inefficace et dangereux », me dit aujourd’hui Hollande, qui, proche de Jospin après l’avoir été de Jacques Delors, prend une importance de jour en jour plus grande au sein du Parti. Sympathique, toujours à la recherche d’un bon mot, assez œcuménique dans ses relations avec les courants du Parti socialiste, il a le sens des formules et sait être un brillant polémiste dès qu’il est en campagne. Il n’a qu’un inconvénient dans le combat, lorsqu’il en livre un : son visage ouvert, chaleureux, ses joues rebondies lui ôtent une partie de sa crédibilité. Il faut qu’il ait envie d’être très méchant pour avoir l’air de l’être un peu.
    « Il n’y a qu’un moyen de lutter contre le travail clandestin, continue-t-il, c’est de sévir contre les employeurs qui les emploient. Or, ce sont les députés de la majorité qui ont eux-mêmes réduit les peines encourues dans ce cas par les chefs d’entreprise. »
    Le Parti socialiste n’est-il pas trop laxiste sur l’immigration, surtout lorsqu’on sait l’attitude de la majorité des Français à l’égard des immigrés ? « Nous faisons la différence, proteste Hollande, entre l’immigration illégale, irrégulière, et la présence régulière d’immigrés sur le sol français. Nous disons simplement qu’il y a des moyens acceptables et des moyens intolérables. »
    17 février
    Longue interview d’Alain Juppé, ce matin, sur RTL. Le gros morceau a trait à la loi Debré, qui lui paraît « bien équilibrée ». Il s’en remettra toutefois, dit-il, au Parlement qui doit revoter sur le texte en deuxième lecture la semaine prochaine. Et puis, signale-t-il, le Conseil constitutionnel, après le vote, fera son office.
    Parlant de l’agitation qui a saisi les milieux intellectuels 10 , il reste dans son rôle de Premier ministre en jugeant que tout appel à la désobéissance est un acte de désintégration sociale. Sur le fond, il juge qu’elle repose sur un amalgame : ce n’est pas parce que Vitrolles est tombé aux mains de la femme de Bruno Mégret, ce n’est pas parce que la municipalité Front national de Toulon menace de suspendre les subventions au festival de Châteauvallon, qu’il faut enconclure que toutes les mesures prises contre l’immigration clandestine ont été dictées par le Front national 11 .
    Je n’ai pas pu m’empêcher, en l’écoutant et en le questionnant, de penser qu’il ne semble pas fanatique de cette loi. Il se serait même à mon sens volontiers contenté des lois Pasqua. Au surplus, il le sait, ladite loi est une usine à gaz : certificats d’hébergement validés par les mairies ? certificats de départ contrôlés de quelle façon ? Il imagine déjà sans peine la paperasse administrative...
    Qui donc a voulu ces nouvelles dispositions, qui a pesé sur leur élaboration ? La petite fraction très en pointe des députés et maires RPR dont l’électorat est sensible à l’immigration clandestine et aux difficultés qu’elle engendre dans le Sud de la France et dans les banlieues des grandes villes. Et ceux qui craignent de voir leurs électeurs voter pour Le Pen.
    En sortant de l’émission, Juppé admet que les Français sont – « c’est comme

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