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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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n’en a pas fini ! Trop de raisons invoquées tuent la raison, comme on dit que « trop d’impôt tue l’impôt ».
    22 avril
    Commentaire, à l’heure du déjeuner, d’Alain Lamassoure sur la campagne législative qui s’annonce. Il est choqué par la note conjoncturelle publiée par Le Monde 22 , qu’il trouve « pas sympa » et qu’ilconteste sur le fond : le déficit ne serait pas, selon lui, celui que le quotidien annonce ; il est inférieur de 18 milliards, m’assure-t-il, à celui de l’année dernière. Et non pas, comme l’écrit Le Monde , supérieur de 8 millions aux prévisions.
    Je lui demande s’il ne craint pas que la gauche profite de la situation. « Non, me dit-il, je ne sens pas dans le pays un mouvement du genre : la gauche revient. » En revanche, il a une autre crainte : il a été frappé par le sondage publié dans Le Journal du dimanche , avant-hier ; 60 % des Français sont favorables à la dissolution, 55 % d’entre eux veulent censurer le Président. Il est conscient du danger : ces électeurs mécontents auront tendance à voter pour Le Pen et le Front national. Ce qui risque d’entraîner, dans deux cents circonscriptions, des élections triangulaires.
     
    À 15 h 30, l’ensemble de la majorité, balladuriens et UDF compris, se retrouve, comme annoncé, dans la grande salle du Palais des Congrès. Balladur arrive avec Jacques Barrot ; François Baroin et Brice Hortefeux avec Bernard Pons. Suzanne Sauvaigo, co-auteur du rapport sur l’immigration, est au premier rang. À côté d’elle, le lieutenant de Juppé, Patrick Stefanini, qui m’a tout l’air d’être promu chef de campagne, s’entretient avec François Bayrou avant que celui-ci n’aille s’asseoir à côté de Philippe Séguin, la mine sombre. Au deuxième rang ont pris place, côte à côte, Jean-Louis Debré et Nicolas Sarkozy. Une musique « aussi chaotique que la majorité », dit un plaisantin à côté de moi, fait un boucan d’enfer.
    Manifestement – je m’en assure en posant quelques questions rapides avant le cérémonial prévu –, Lamassoure reflète l’état d’esprit moyen de l’UDF : d’accord pour la campagne, mais pas d’accord pour afficher d’emblée, comme point de départ, que Juppé sera encore Premier ministre après les élections. Le président de la République, du reste, a l’air de partager ce point de vue puisqu’il n’a pas dit un mot d’Alain Juppé dans son intervention d’hier soir.
    Celui-ci prend la parole. Le silence se fait. « On ne gagne pas une élection sur un bilan, commence-t-il ; c’est de notre projet qu’il devra d’abord s’agir. » On a bien compris : la majorité ne se battra pas sur son bilan. Chômage, décentralisation, réforme de la Justice, toute son argumentation est : nous avons commencé, il faut passer maintenant à la vitesse supérieure.
    La salle est molle, très molle. Les seuls passages où le Premier ministre se fait applaudir visent le Parti socialiste et l’étatisme,l’archaïsme de l’opposition. Et aussi celui où, évoquant Jean-Marie Le Pen, il dit : « Ne laissons à personne le monopole du drapeau tricolore et du sentiment patriotique ! »
    Ce n’est qu’à sa dernière phrase, lorsqu’il parle de victoire en ajoutant : « Je suis décidé à vous y conduire ! », que les assistants comprennent que Juppé a bien l’intention de mener lui-même la campagne des législatives.
    Applaudissements de la salle, y compris de la part de ceux qui m’ont dit tout à l’heure que, si le Premier ministre était en tête, la bataille serait perdue. Marseillaise . Rideau !
     
    Je croise en sortant Jean-Pierre Thomas. Il me dit avoir écouté, lundi soir, dans son bureau de l’Assemblée nationale, l’intervention du président de la République. Il a poussé, dit-il lui-même, des « cris d’effroi » à propos du rôle que jouerait Juppé dans la campagne.
     
    Petite scène de la vie politique : il n’y a pas une semaine, Renaud Donnedieu de Vabres disait, en parlant de la dissolution à laquelle il ne voyait pas de raison valable : « Si Chirac dissout, ce ne peut pas être pour des motifs avouables. Seule la montée des “affaires” pourra expliquer qu’il prenne un tel risque. » Le voici aujourd’hui promu responsable de la campagne législative de l’UDF !
    23 avril
    Philippe de Villiers commente à ma demande ce début de campagne :
    « La dissolution,

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