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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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terrain : trop de montagnes pelées percées de souterrains et de tunnels, trop de défilés à embuscades, trop de détermination des paysans afghans.
    Ce départ annoncé est aussi, pour les Soviétiques, un véritable motif de soulagement.
    Pour les communistes français aussi : en campagne, le pauvreAndré Lajoinie, qui oscille entre 5 et 6 % des intentions de vote, n’est, lui non plus, pas mécontent que les Soviétiques se soient retirés.

    20 avril
    Dans le JT de TF1, aujourd’hui, quelques plans d’une promenade rurale dans laquelle François Mitterrand entraîne Michel Rocard dans la boue de je ne sais quelle montagne 13 . Ils poursuivent une conversation que ne suivent pas les micros : Michel Rocard, me raconte Tony Dreyfus 14 mi-figue mi-raisin, a reçu le matin même un coup de téléphone de Jean Glavany lui demandant de venir en « tenue de campagne ». Rocard, qui n’aime que la mer et qui est même un navigateur confirmé, a réuni à toute vitesse ce qu’il avait sous la main pour accéder aux recommandations vestimentaires faites par Danielle Mitterrand : de grosses chaussettes, des chaussures de montagne dans lesquelles il a glissé le bas de son pantalon. Sur cet équipement il a gardé son imperméable de ville et s’est coiffé d’une casquette trop grande qu’on lui a prêtée.
    Alertés, les photographes ont pris quelques photos historiques de cet accoutrement ridicule. Manifestement, il ne s’agissait pas d’un défilé de mode : ils sont ensemble, ils ont voulu se faire voir ensemble. Ou plus exactement Mitterrand a voulu qu’on le voie avec Rocard pour signifier qu’aujourd’hui il n’y a pas de compétition entre eux, que Rocard est derrière lui. C’est un message en images à l’intention de tous les rocardiens : enterrons la hache de guerre puisque les deux hommes combattent ensemble.

    22 avril
    Je n’ai pas parlé d’une des particularités essentielles de la campagne : les émissions de la campagne électorale officielle, celle qui accorde aux candidats un temps d’antenne égal dans les quinze derniers jours précédant le scrutin, sont, cette année, pour la première fois, réservées aux télévisions et aux radios publiques. TF1 n’y est pas assujetti. Quand on sait que lesdites émissions officielles ont un effetgénéralement soporifique sur les électeurs, nous sommes assez contents, à TF1, d’y échapper. Mougeotte et Le Lay se sont posé la question de savoir si, par révérence, nous allions supprimer le « Bébête show 15  », qui fait un tabac avant le JT de 20 heures. Eh bien, on l’a gardé, ce show diffusé juste en même temps que les émissions officielles.
    Ce qu’on n’avait pas tout à fait prévu, c’est que lesdites émissions ont fait un flop, à l’inverse du « Bébête show », avec Mitterrand en grenouille, Barre en ours en peluche et Chirac en black-jack. La séquence est en soi une merveille d’éditorial politique où le trait est forcé, certes, mais comme dans une caricature. Et lorsqu’on y entend Barre protestant de sa loyauté éventuelle à Chirac si celui-ci le devance le 24 avril, Rocard transformé en serviteur obséquieux, Chirac prêt à tout pour pourfendre son adversaire, et Mitterrand faussement patelin, on se surprend à trouver que ce n’est pas si loin de la réalité. Les téléspectateurs aussi : 27 points d’audience pour le « Bébête show », 7 pour la campagne officielle. Tout est dit : la dérision gagne le match.

    23 avril
    Je me rappelle qu’en 1981, à quelques heures du second tour, j’étais incapable de savoir qui gagnerait, de Mitterrand ou de Giscard. Aujourd’hui, la réélection de Mitterrand ne fait pas de doute dans mon esprit.
    La droite est divisée. La gauche aussi, certes, mais ce n’est pas la personnalité d’André Lajoinie 16 , brave homme au demeurant, ni celle de l’intelligent Pierre Juquin qui menacent Mitterrand, d’autant moins qu’il est acquis qu’il aura leurs voix au second tour. Quant à l’extrême gauche d’Arlette Laguiller, elle n’amputera pas le total des voix de gauche plus qu’elle ne l’a fait en 1981.
    À droite, la seule interrogation porte sur le point de savoir la différence entre le score de Chirac et celui de Barre, étant donné que les deux sont confrontés à l’extrême droite de Jean-Marie Le Pen. S’il n’est pas entièrement vrai que Le Pen dise tout haut ce que beaucoup de Français pensent tout bas,

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