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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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demanda-t-il à la grosse femme. Oui ? Alors, écoute, ma grosse, alerte tes putains et que ça saute ! Nous sommes prêts pour un grand jour !
    Il rit tout content, se redressa de toute sa taille et attendit. La mère maquerelle se dressa, colossale ; sa poitrine luttait pour échapper au soutien-gorge, ses petits yeux délavés lançaient des éclairs, quelques poils au menton se dressaient en bataille.
    – Hors d’ici ! cria-t-elle, ou j’alerte la gendarmerie !
    Elle postillonnait sur nous tous. De dessous le comptoir elle sortit un bâton de gendarme et en donna un bon coup sur le crâne de Petit-Frère.
    Il hurla puis tout se passa à la vitesse de l’éclair. De la mère maquerelle il ne resta qu’un seul soulier. Le reste nageait dans le salon où un troupeau de filles, nues plus qu’à moitié, se tassaient dans les coins, pensant qu’un V 2 avait atterri au milieu du bordel de Hambourg.
    – Bravo, les filles ! criait le géant de belle humeur. Nous voici de retour ! A boire, et au plumard !
    – Nous n’avons rien à boire, dit Elfriede. C’est Madame qui a les clefs.
    Petit-Frère se pencha sur la montagne de chair étendue sur le sol et trouva les clefs cachées entre les seins. Les filles, ravies, se sauvèrent à  la cave et une beuverie sans nom commença. Tout le monde était ivre, nous versions l’alcool dans le gosier des prostituées, Stein peignait à l’encre sur le derrière de l’une. d’elles, Bauer s’amusait avec la grosse Trude sur le piano, la pièce était couverte de verres cassés et de vomi. Petit-Frère, trop fatigué pour monter, s’occupait d’Isle à même le plancher, tandis que nous chantions en mesure :
    Shön ist die Liebe im Hofen Shön ist die Liebe zur See
    et qu’arrivaient de nouveaux clients, les yeux exorbités de stupeur.
    Nous avions à peine quitté le bordel que la feldgendarmerie débarqua en trombe. Les gendarmes étaient armés jusqu’aux dents et paraissaient décidés à tout. Dans l’établissement retentissaient des cris de femmes hystériques.
    – Les putains reçoivent une raclée, dit Petit-Frère qui était encore plus noir que de coutume.
    Sans aucune raison, il s’arrêta au beau milieu de la rue, mit ses mains en porte-voix et hurla le mot russe : « Stoi ! » Trois gendarmes restés près de la voiture se tournèrent vivement vers nous et virent Petit-Frère agiter les bras, défiant une légion de gendarmes.
    Il y eut un bruit de bottes, des armes cliquetèrent, un gros moteur se mit en marche. Les gendarmes, qui venaient de passer à tabac non seulement le personnel du bordel, mais les clients ramassés sur place, se trouvaient maintenant en face de plus gros gibier.
    – Venez, punaises, que je vous massacre ! hurlait Petit-Frère aux gendarmes ivres de carnage et bien décidés à tout hacher sur leur passage.
    Dans toutes les polices du monde entier on ne trouve personne qui puisse être comparé aux brutes allemandes qui portent sur leurs poitrines la demi-lune en métal. Les gens de la feldgendarmerie adoraient casser des bras en plusieurs temps. Ils savaient comment taper sur un type sans le faire évanouir, mais de manière à lui faire perdre la raison, et pas mal de soldats étaient en effet passés des cellules blindées de la gendarmerie aux cellules capitonnées de l’asile, qu’ils ne quittaient plus que les pieds devant.
    – Allah est grand ! dit le légionnaire en cherchant son coup de poing espagnol muni de pointes.
    Petit-Frère se tenait toujours les jambes écartées sur la voie du tramway ; une belle proie pour les brutes ! Stein jurait, Bauer riait rauque et entourait son poignet de la courroie au bout de laquelle pendait le fourreau de sa baïonnette – une arme terrible pour qui savait s’en servir, et Bauer y était passé maître.
    Le feldwebel de gendarmerie Braun, un taureau qui adorait certains coups bas – lesquels réduisaient le tout en bouillie –, descendait lentement la rue suivi de ses tueurs.
    Son casque paraissait petit sur son énorme tête. Le Oberfeldwebel Braun, du troisième commando de la feldgendarmerie, était le plus grand salopard qui ait jamais porté cet uniforme. Lèche-cul devant ses supérieurs et odieux pour tous ceux qui dépendaient de lui, il avait fait ses classes dans un commando de police à Hambourg. Bien des grévistes étaient restés infirmes après le travail de Braun, bien des filles de Saint-Paul avaient juré vengeance après

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