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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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réagit.
    – Pas le droit, fit un vieil Obergefreiter d’un accent traînant. Pouvons pas, reprit-il.
    – Mutinerie, mutinerie !
    Le vieil Obergefreiter, ravi, clignait de l’œil vers nous qui suivions le déroulement des événements en espérant le pire.
    Le sous-officier, qui avait réussi à retrouver ses esprits, parvint à crier :
    – Réfléchissez ! Ça vous coûtera la tête. Je suis Führer dans la jeunesse hitlérienne ! – Il sortit son gros P. 38 de sa gaine, l’arma, et bégaya en crachouillant : – Vous êtes tous arrêtés au nom du Führer et vous aurez la tête tranchée.
    Alors il se passa ce qui devait naturellement arriver. Le revolver partit. Le préposé aux pots de chambre en eut une telle secousse que. machinalement il tira une seconde fois, ce qui fit trembler les échos de l’hôpital et détaler la fille de salle terrifiée, qui emporta cependant le seau et la serpillère.
    Une porte s’ouvrit et Ton vit paraître le Hauptfeld webel (Adjudant-chef) Dornas, la bouche encore toute luisante de son petit déjeuner. Il jugea la situation d’un coup d’œil et se tourna vers le sous-officier avec un air de reproche, tandis que défilaient les mots « mutinerie », et « sabotage » :
    – Vous êtes bien sûr de l’exactitude de votre rapport ? demanda-t-il en tambourinant sur le bouton supérieur de la veste impeccable du sous-officier. Qui a tiré ?
    – Moi ! aboya le petit préposé aux pots de chambre.
    – Vraiment, et sur qui ? Il n’y a guère de morts. – Il regardait autour de lui, cherchant un cadavre qui aurait gêné son sens de l’ordre. – C’est toujours comme ça quand les mazettes se mêlent de tirer. Et pourquoi avez-vous tiré, monsieur le sous-officier ?
    Il appuyait sur « monsieur » et « sous-officier » pour bien lui marquer son mépris. Aucune réponse.
    Le feldwebel de l’hôpital s’amusait. Il montra d’un doigt accusateur les deux trous de neuf millimètres perçant la porte du laboratoire d’où surgissaient maintenant des filles blondes comme les blés. Le feldwebel en gloussait ! Délicieuse situation. Pouvoir écraser ce pou de sous-officier ! Il s’en léchait les babines.
    – Etes-vous devenu fou ? Une mutinerie ? Ce genre de chose ne se passe pas dans « mon » hôpital. Nous sommes d’accord je suppose, allons, répondez !
    – Herr Feldwebel…
    – Pas de discours imbéciles ! coupa le feldwebel qui se délectait.
    Soudain, à son infini désappointement, on vit surgir dans le grand couloir le docteur Mahler en personne. Sa blouse blanche flottait derrière lui d’une manière aussi peu militaire que possible. Il s’arrêta devant le groupe humain au pied de l’escalier et fit, de la main, un geste indifférent.
    – Quelle horreur ! Adjudant, nettoyez-moi tout ça. On se croirait dans une gare bombardée. – Il nous regarda : – Vous êtes de sortie ? Filez ! – Il montra la porte vitrée : – Qu’on voie à ce que l’on remette ce carreau, tout est en désordre. Cette maison est un hôpital et non un cirque.
    Le docteur Mahler disait toujours « hôpital » et non « lazaret » selon l’expression militaire.
    Il jeta un bref coup d’œil sur les nombreuses dames qui s’étaient rassemblées dans le couloir.
    – Mes infirmières n’ont-elles rien d’autre à faire qu’à écouter des histoires de soldats ?
    Il salua et continua son chemin. Les infirmières se volatilisèrent, la garde rentra bruyamment dans la salle de garde et nous disparûmes dans les portes tournantes. L’adjudant siffla au sous-officier : – Nous monterons tout à l’heure et je m’occuperai de vous. Pour commencer vous irez en tôle.
    – En tôle ! cria le malheureux si fort que le docteur Mahler, à l’autre bout du couloir, se retourna d’un bloc.
    – Vous avez parlé, adjudant ?
    – Non, monsieur le médecin-chef.
    Pendant ce temps, notre matinée s’annonçait bien. Nous fîmes une irruption tapageuse au bordel où une grosse femme laide, derrière un bureau, attendait les clients. Au mur était placardé un avis stipulant qu’en cas de besoin il fallait appeler la section de feldgendarmerie N° 001, et en cas d’extrême urgence la section N° 060.
    La gueule de forban de Petit-Frère ne lui disant naturellement rien qui vaille, la grosse femme pensa tout de suite à la section N° 001. Petit-Frère se pencha par-dessus le comptoir.
    – Sais-tu l’allemand ?

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