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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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mourante.
    – Hm, hm… je vois. Pas d’appétit, seulement très soif ?
    – Oui, dit Petit-Frère qui ne savait pas au monde ce que signifiait le mot appétit.
    Le docteur sourit et dicta : – Le patient sera mis au régime pendant huit jours. Lit intégral, bains alternatifs en combinaison avec des lavements.
    Boule de suif montra ses dents jaunes dans un sourire diabolique, quant au docteur il salua et continua sa tournée.
    Ce ne fut que lorsque toute la salle eut été passée en revue que Petit-Frère se rendit compte avec horreur de ce qui venait de lui advenir. Mais il n’y avait rien à faire. L’heure du lavement arriva, administré par Boule de suif en personne.
    La séance fut inoubliable.
    – Je vais appeler la gendarmerie et tu passeras en conseil de guerre, hurlait Boule de suif en maintenant de toutes ses forces le tuyau dans le gros derrière de Petit-Frère.
    – Il n’y a pas de conseil de guerre qui tienne si je veux ch… sur toi, riposta Petit-Frère en pétant.
    L’eau se mit à bouillonner violemment et déborda du bock. L’infirmière glapissait, Petit-Frère hennissait, mais le lavement fut tout de même avalé jusqu’à la dernière goutte.
    – Et tu vas le garder tonna Boule de suif.
    Jurant et pestant, Petit-Frère garda le lavement plus d’une heure, sachant bien que l’infirmière allait revenir pour lui faire une piqûre.
    L’aiguille était toujours la plus vieille et la plus grosse qu’elle pouvait trouver, elle l’enfonçait tout doucement pour entendre crier le géant. C’était son heure de vengeance.
    Ce jour-là, elle ne s’était pas plus tôt penchée sur le vaste derrière velu qu’un geyser tonitruant en jaillit avec force. Boule de suif bondit en arrière en poussant un cri de terreur, tandis que le rire de Petit-Frère faisait trembler tous les lits. L’infirmière, inondée du haut en bas, puait effroyablement.
    – Cochon lubrique ! bredouilla-t-elle, je vais te faire enfermer jusqu’à ce que tu pourrisses !
    – Tais-toi, sac à pipi ! gloussa Petit-Frère, hilare.
    Boule de suif éructa quelques bruits sauvages, et saisissant son malade par les deux oreilles, elle lui cogna la tête contre le bord du lit.
    – Merde ! dit le légionnaire admiratif avant de se replonger dans la lecture. du Coran.
    Une infirmière passa la tête dans l’entrebâillement de la porte et disparut comme par enchantement en se rendant compte de la scène. Ce fut toutefois Petit-Frère qui eut le dernier mot, car à partir de ce jour on supprima les lavements.
    Huit jours plus tard, « convalescent » et ayant bu comme une barrique, il se rendit dans la chambre de Boule de suif qui prenait son heure de repos étendue sur son lit, en lisant     Il y eut tout à coup un branle-bas monstrueux que personne n’osa interrompre. Le médecin de service, un nouveau, alerté en hâte, fut assez malin pour coller seulement son oreille à la porte sans se mêler de cette bataille de Titans.
    Après de longues minutes, le silence tomba soudain. Nous craignions qu’il n’y eût un cadavre. Le silence dura deux heures et demie, et tout le monde commençait à s’inquiéter ferme lorsque nous vîmes apparaître Boule de suif et notre camarade descendant l’escalier bras dessus, bras dessous.
    Petit-Frère avait un œil au beurre noir et un uniforme merveilleusement brossé. Ses bottes et son ceinturon, astiqués, brillaient comme jamais.
    Boule de suif arborait un manteau rouge et un chapeau bleu orné de plumes de faisan multicolores. Sans nous octroyer un regard, ils disparurent dans la direction de Reeperbahn et ne rentrèrent que tard dans la nuit. Petit-Frère était ivre mort et Boule de suif avait des fous rires de femme saoule en jonglant avec un ballon de baudruche rouge attaché autour de son poignet.
    Le géant se laissa tomber sur un lit qui n’était pas le sien et dont le propriétaire fut envoyé à l’autre bout de la pièce. Il riait en dormant et ronflait comme un cochon repu, empuantissant la chambre de relents de bistrot.
    Le lendemain, il nous déclara qu’il était amoureux et se mit en frais de toilette dont personne n’osa se moquer.
    – Brillantine ! souffla le légionnaire.
    La brillantine étendue à la brosse à habits ne pouvait rien contre une pareille tignasse : – Suis-je beau, nomade ?
    Le légionnaire, avec une moue, fit le tour de Petit-Frère : –  Tu es beau, avec

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