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Carl Justav Jung: Vie et Oeuvre de Carl Gustav Jung (French Edition)

Carl Justav Jung: Vie et Oeuvre de Carl Gustav Jung (French Edition)

Titel: Carl Justav Jung: Vie et Oeuvre de Carl Gustav Jung (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Gaillard
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plus d'adhésions que les siennes. Sans doute soupçonnait-il déjà qu'aux Etats-Unis, la notion de complexe, non seulement prendrait le sens jungien d'une "possession" du psychisme par une sorte d'"âme parcellaire", mais encore échapperait à Jung comme à lui-même et deviendrait ce fameux "complexe d'infériorité" qui peut se constituer à n'importe quel moment.
    A ce sujet, Freud, l'année suivante, écrira à Pfister: "Il faut être extrêmement prudent avec les complexes: autant le concept est indispensable dans certaines manipulations et démonstrations, quand on fait de la théorie, autant il faut veiller à toujours lui substituer ce qui se cache derrière lui" et il qualifie ce concept de complexe de "vague et inadéquat".
    Jung cependant conservait au fond de lui l'idée que par exemple la démence précoce était bien, comme le pensaient Bleuler et son équipe, due à une psycho-toxine, qui détériorait les capacités du cerveau, et "non pas au blocage des processus affectifs. A vrai dire, psychanalystes et psychiatres ne se sont pas encore mis d'accord sur ce problème. Les Freudiens pensent qu'au début, le refus du monde extérieur est causé par un blocage affectif massif qui, par la suite, peut conduire à des manifestations somatiques.
    Nous pouvons dire que l'Amérique avait rendu évidentes, pour Sigmund Freud comme pour Carl Gustav Jung, leurs différences profondes. Mais à l'époque, Jung lui-même trouvait exagérés, par exemple, les efforts d'un J. Putnam, le neurologue de Harvard, pour rattacher la psychanalyse à un système moral, à une éthique philosophique. Cependant, l'Helvétique devait sentir là-bas un terrain favorable à sa propre tendance d'intégrer l'analyse à une vision du monde. De plus, Jung n'éprouva jamais envers les Etats-Unis l'extrême méfiance de Freud.
    En 1910 eut lieu, à Zurich, le deuxième Congrès international de la psychanalyse. Ferenczi, sur la demande de Freud, y présenta le programme d'une Association dont Jung serait le président. Les Viennois ont protesté. Alfred Adler -- l'auteur du Tempérament nerveux qui deviendra l'un des maîtres de la psychanalyse américaine, et William Stekel se sont révoltés contre les pouvoirs accordés à Jung comme président: Il aurait un droit de contrôle sur les communications et les articles. Ernest Jones décrira plus tard cette insurrection des Viennois contre les Suisses. Là encore nous retrouvons l'étrange distinction qu'établit Freud: il veut établir les travaux psychanalytiques "sur une base plus large que celle qui pouvait être assurée par les Juifs viennois".
    Sa préoccupation était fondée: à Vienne, les psychanalystes étaient en butte à l'hostilité violente du corps médical. Les alliances internationales représentaient une planche de salut. Stekel réunit dans sa chambre d'hôtel zurichoise un véritable meeting de protestation et Freud entra dans la pièce surchauffée, rejetant son pardessus d'un geste dramatique et adjurant ses compatriotes et coreligionnaires d'étendre leur audience. Il déclara que ses ennemis viennois voulaient "le faire mourir de faim". L'atmosphère, dans cette serre de psychanalystes, rappelle la surchauffe des milieux surréalistes. Dans l'un comme dans l'autre milieu, raison, contrôle, conformisme étaient mis en question et libérée, la violence des passions déferlait.
    Voilà donc Jung président de l'Association internationale et du Jahrbuch qu'elle éditerait. Pour compenser, Freud décida de publier aussi une revue de l'association viennoise que dirigeraient Adler et Stekel. Il refusa d'occuper des fonctions officielles dans l'association, pour ne pas assumer "le rôle ingrat de vieillard indésirable et grincheux".
    Sitôt établie la structure d'une société de psychanalystes, ont commencé quatre années de dissensions et de tumultes. Sur une notion aussi essentielle que celle de la libido, Freud, après quelques concessions, a refusé ce qu'il nommait le "monisme pulsionnel" de Jung. La libido, l'amour, pour Freud, s'investit d'abord sur le moi, puis est envoyée à partir du moi sur des objets extérieurs. Il ajoute: "mais fondamentalement l'investissement du moi persiste et se comporte envers les investissements d'objet comme le corps d'un animacule protoplasmique envers les pseudopodes qu'il a émis".
    Pour Freud il y a dualité des pulsions. Seule l'énergie des pulsions sexuelles est désignée comme libido; l'énergie des pulsions du

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