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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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s’attirent
cette réponse : « Il n’y a rien de nouveau dans la ville d’Is : ces
jeux-là sont de tous les jours. Il n’y a rien d’extraordinaire dans la ville d’Is :
ces jeux-là sont de toutes les nuits. Des buissons de ronces ont poussé devant
les portes verrouillées des églises, et, sur les pauvres qui pleurent, on
excite les chiens à se jeter. Dahud, la fille du roi Gradlon, avec le feu d’enfer
dans son cœur, est la première à courir vers le désordre, et elle entraîne, après
elle, la ville à sa perte. »
    Le ton est donné. D’après Le Mystère de saint Gwenolé, les
exactions se multiplient. On a ainsi une description de plusieurs personnages maudits, la jeune servante pervertie Marc’harid, les bourgeois Dourva et Pikez, le
prêtre renégat Mantar. Gwenolé, quand il vient prêcher, a bien du mal à
échapper à leur colère.
    « Un jour que Gwenolé était venu le visiter, le roi l’emmena
sur la grande place de la ville d’Is. Et Gradlon s’adressa à la foule :
« Mes enfants, je vous prie de garder le silence ! Mon neveu Gwenolé
va vous parler. » Et Gwenolé s’avança au milieu des groupes hostiles et se
mit à parler : « Ô peuple abandonné par le Créateur des Cieux ! je
suis venu vous convertir, écoutez mes paroles : venez demander pardon de
vos péchés, venez faire pénitence du fond de votre cœur ! ne soyez pas
vaniteux sous prétexte que vous regorgez de richesses, car c’est là la cause de
vos crimes ! avec vos biens et toute votre vanité, vous avez renoncé à
Dieu, à cause de vos vices, de votre lubricité, vous vous préparez une place au
milieu du puits de l’enfer !… Hélas ! si vous êtes un jour condamné à
l’enfer, il vous faudra souffrir des châtiments dans le feu maudit. Vous aurez
pour boisson du soufre et du plomb fondu, tous les diables seront vos
compagnons [40] . Il
faut que vous changiez de vie, vous le pouvez encore, bien que le terme soit
maintenant très court. Demandez de tout votre cœur votre pardon à Dieu et
dites-lui que vous renoncez à votre vie coupable. »
    Un tel discours n’est pas du goût des habitants d’Is.
« Voyez le trouble-fête, s’écrie Pikez, mais moi, je déclare que nous ne
changerons pas de vie, et, au contraire, je le jure à haute voix, je
continuerai à violer, je continuerai à voler et à massacrer mon prochain ! »
La jeune Marc’harid renchérit : « À quoi bon songer
à faire pénitence ? Aujourd’hui, nous sommes en vie ; demain, peut-être
serons-nous morts. Nous voyons les habitants d’Is qui meurent tous les jours, et
quand ils sont malades, ils ne le restent pas longtemps ! » Quant au
prêtre Mantar, il invective Gwenolé : « Et ceux qui meurent, ils vont
au Palais de la Société [41] . Nous,
après notre mort, c’est là que nous irons. Il faut donc se consoler et prendre
du plaisir, car notre réjouissance dans l’Autre Monde sera sans bornes ! »
Gwenolé lui réplique : « Comment un ministre consacré à Dieu a-t-il
pu se donner corps et âme au diable ? » Mantar se met à rire :
« Comment, pauvre imbécile, tu crois encore que nous sommes des enfants
prêts à t’obéir ? Je suis aussi sûr que toi qu’il n’y a pas de diables
pour tourmenter les gens après leur mort ! ceux qu’on nomme les diables, ils
se trouvent dans ce monde : ce sont ceux qui maltraitent les esclaves
obligés de gagner leur pain ! » [42]
    Les habitants continuent à invectiver Gwenolé : « Va-t’en
retrouver ta chaire à prêcher, l’abbé. Tu fais trop de bruit. Les citoyens d’Is
ne t’estiment guère. Tes paroles sont outrageantes et tu parles trop ! »
Un autre dit : « Est-ce pour nous faire toutes ces simagrées que tu
es venu ? Nous, nous aimons les filles, nous ne nous occupons pas de toi. Je
n’ai pas besoin de savoir tes prières dans le jargon de Vannes [43] . Honni
soit celui qui t’obéira ! » Une femme dit : « Je ne veux
pas m’humilier, ni avoir honte d’étreindre un amant. Tu as beau être amer et
grave, je lui donnerai mon nid afin que, chaque fois qu’il viendra à mon côté, il
le trouve pour le battre bien et durement, mon tendre amour, doux et courtois. Quant
à toi, Gwenolé, va te faire pendre ! » Et une autre femme ajoute :
« Je suis venue vêtue joliment, élégamment. Je serai
estimée par le vaste monde. Je coucherai avec n’importe quel oiseau, je m’ébattrai
avec le fils de son père, je ne

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