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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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considérant
celles-ci comme un fardeau ? Ou bien Platon se
moque du monde, ou bien il raconte n’importe quoi. Mais c’est encore une fois
sur ces fadaises que de graves commentateurs ont construit cette « sagesse
atlantéenne » dont on nous rebat les oreilles.
    Il y a pire. « Aussi longtemps que les habitants de l’Atlantide
raisonnèrent ainsi et conservèrent la nature divine dont ils avaient participé,
tout leur réussit à souhait, comme nous l’avons déjà dit. Mais quand l’essence
divine se fut amoindrie par un continuel mélange avec la nature mortelle, quand
l’humanité l’emporta de beaucoup, alors, impuissants à supporter la prospérité
présente, ils dégénérèrent. Ceux qui savent voir comprirent qu’ils étaient
devenus méchants et qu’ils avaient perdu le plus précieux des biens, et ceux
qui sont hors d’état de voir ce qui rend véritablement la vie heureuse jugèrent
qu’ils étaient parvenus au faîte de la vertu et de la félicité dans le temps qu’ils
étaient possédés de la folle passion d’accroître leurs richesses et leur
puissance. »
    L’incohérence est totale. C’est depuis longtemps que les
Atlantes avaient décidé d’accroître leurs richesses et leur puissance, car
sinon, ils ne se seraient pas donné le mal de conquérir les pays de l’Europe
atlantique qui, selon le texte même de Platon, avaient été soumis depuis le
début de leur histoire. Que veut dire ce brusque sursaut de conscience ? De
mythographe, Platon devient moraliste, et ce n’est pas ce qui lui réussit le
mieux.
    Le but reste cependant très clair. Il y a peu de différence
entre moraliste et bourreau. Il y a continuité entre la théocratie et l’inquisition. La Genèse nous en procure des exemples fameux avec l’épisode de Sodome
et Gomorrhe, et avec celui du déluge. La classe aristocratique domine peut-être
le monde par la puissance armée qu’elle représente, mais elle ne peut rien sans
l’accord et le concours de la classe sacerdotale : celle-ci, dans toutes
les sociétés, se réserve le dernier mot. C’est net et précis dans le Moyen Âge
chrétien. C’est très clair dans la société celtique où le roi ne peut pas
parler avant le druide au cours d’une assemblée. C’est encore
plus dogmatique dans la mythologie indienne qui traduit ici la structure
mentale profonde des Indo-Européens : Mithra et Varuna forment un couple
inébranlable et nécessaire. Par sa fonction même qui est de relier le Ciel et
la Terre – c’est du moins la façon dont elle justifie son action –, la classe sacerdotale
se réserve le droit de juger et d’appeler sur les coupables, tout au moins sur
ceux qu’elle juge coupables, les châtiments les plus sévères de la part de la
divinité dont elle se fait la messagère.
    C’est ce qui se passe pour l’Atlantide. « Alors le dieu
des dieux, Zeus qui gouverne selon les lois de la justice, dont les regards
discernent le bien et le mal, apercevant la dépravation d’un peuple naguère si
généreux, et voulant le châtier pour le ramener à la vertu et à la sagesse, assembla
tous les dieux dans la partie la plus brillante des demeures célestes, au
centre de l’univers, d’o ù l’on
contemple tout ce qui participe de la g é n é ration,
et les ayant rassembl é s, il leur dit… »
    Comme le manuscrit du Critias s’interrompt ici, nous
ne saurons jamais la teneur du discours de Zeus aux Olympiens. Mais il n’est
pas difficile de l’imaginer : « Châtions ces téméraires Atlantes qui
ont cru être les maîtres du monde et voulu défier les dieux… » Ce genre de
discours est bien connu et n’a pas varié depuis des millénaires. On comprend
alors pourquoi, « en une seule nuit, en un seul jour, l’Atlantide disparut ».
Les tremblements de terre, les raz de marée, qui frappent aveuglément les
humains, ne peuvent pas être autre chose que la manifestation du châtiment
divin. C’est parce qu’ils se sont lancés à la conquête du monde que les
habitants de l’Atlantide ont été ainsi frappés par les fléaux naturels. Après
tout, les bâtisseurs de la tour de Babel ont été frappés de confusion parce qu’ils
se sont lancés à la conquête du ciel, et il en a été de même pour le chasseur Nemrod,
dont Victor Hugo, dans La Fin de Satan, a magnifiquement traduit l’ascension
tragique. On sait très bien que les desseins de Dieu sont profonds
et mystérieux : le malheur est que toute une

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