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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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tous les autres de sept façons
différentes, les danses des sept péchés capitaux. Et le palais trembla, et le
tonnerre éclata, et à travers leurs regards altérés, le feu pâle des éclairs
les frappa. »
    Voici un bel exemple de messe noire. Le texte de cette
version date du XIX e  siècle , mais
il est d’origine populaire, c’est-à-dire qu’il contient des structures
archaïques remises au goût du jour. Dans l’esprit de la légende, telle qu’elle
est exprimée dans un contexte nécessairement chrétien, le sacrilège est tout à
fait à sa place : il consacre, par une messe noire, donc maudite, la
rupture définitive avec Dieu. C’est la prise de possession par le Diable de la
princesse et de la ville dont elle est la maîtresse absolue, et à la limite, la
dépossession de la princesse au profit des puissances sataniques. Le récit de
Platon sur l’Atlantide ne sous-tendait pas autre chose quand il attirait l’attention
sur le reniement des Atlantes, sur leur oubli ou rejet des préceptes divins qui
avaient constitué leur force. Du reste, la légende, dans toutes ses versions, a
conservé un détail intéressant :
    « Quand fut fini le sacrilège, le messager des esprits
mauvais resta seul dans le palais. Il s’avança vers Dahud : « Ma
gentille petite douce, dit-il, fille de Gradlon, la mieux aimée de mon cœur, ne
pourrais-je, de quelque façon, voir la clef des écluses de la ville d’Is ?
– C’est mon père, répondit-elle, qui porte à son cou la clef d’or, pendue à une
chaîne. Mon père est endormi à présent, et je ne peux avoir la clef. »
Alors il se jeta à ses pieds, il baisa sa belle petite main blanche, et la
fascina par ses regards pleins de feu et de larmes. »
    Les légendes veulent toujours respecter certaines réalités. Certes,
on aurait pu faire intervenir la tempête et un cataclysme
naturel. Mais cela aurait probablement amoindri la rigueur du châtiment. S’emparer
de la clef qui ouvre les écluses qui protègent la ville contre l’océan est un
geste significatif : ce sont vraiment les puissances diaboliques qui
mènent le jeu et qui empêchent la ville d’être protégée, comme elle l’est
habituellement, par cette digue. Et puis, on insiste également sur le caractère
fragile de la sécurité qui règne à Is : étant en contrebas, en quelque sorte
arrachée à la mer par la volonté des puissances bénéfiques, elle est livrée aux
éléments du jour où ces puissances bénéfiques cessent d’assurer sa protection. De
plus, le symbole de la clef est évident. Comme le dit l’hagiographe du XVII e  siècle
Albert le Grand, « l’histoire assure qu’elle avait pris à son père la clef
qu’il portait pendue au cou, comme symbole de la royauté ». Car qui dit
royauté dit protection : Gradlon, en gardant cette clef sur lui, même
pendant son sommeil, se présente comme le Protecteur de la cité dont il est le
légitime souverain. Et comme il est le représentant de la société chrétienne, c’est
à lui que la clef doit être confiée. Mais Dahud, représentante de la société
païenne – ou dite telle –, et qui vient de perdre sa souveraineté au profit du « messager
des puissances infernales », va donc dérober le symbole auquel elle n’a
pas droit.
    « Sans savoir ce qui se passait alors, non loin de là, dans
son palais, le vieux roi s’était endormi dans la nuit. Dans la chambre nue de
Gradlon, il n’y avait rien, sinon un crucifix venu de la main d’un ami très
cher, Korentin, évêque de Quimper, rien sinon un évangile, autre cadeau d’un
saint homme, cadeau de Gwenolé en témoignage d’affection. Dans son sommeil, le
vieillard était beau comme un ange. Le roi de Bretagne dormait, et tout autour,
sur son front, ses cheveux blancs tombaient comme une couronne. Alors Dahud, la
mauvaise princesse, comme aveuglée par un vertige, dans la chambre, sans
craindre devant Dieu, entra pour voler la clef. Elle marchait sur la pointe des
pieds, silencieuse, elle s’avança vers son père, et
doucement, de son cou, en souriant, elle enleva la chaîne. »
    Que se passe-t-il ensuite ? Aucune des versions de la
légende ne le dit. Mais on peut très bien imaginer Dahud remettant la clef au
prince rouge, et celui-ci se précipitant pour aller ouvrir les écluses de la
ville, ces écluses qui, selon une variante à vrai dire quelque peu suspecte, pouvaient
être ouvertes « si la ville tombait aux mains des ennemis,

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