Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
classe sacerdotale prétend
être l’interprète de la volonté divine et ainsi se substituer à Dieu pour
châtier les récalcitrants. L’Inquisition faisait brûler les hérétiques ou
soi-disant tels. La classe sacerdotale de tous les temps a toujours utilisé les
cataclysmes naturels pour assurer son pouvoir sur les masses.
Pourtant, à l’intérieur même de cette classe sacerdotale, des
voix se sont élevées pour dénoncer l’usurpation des pouvoirs et justifier ces
cataclysmes naturels par un plan divin supérieur auquel les hommes sont associés,
qu’ils le veuillent ou non. Plutarque, prêtre de Delphes, ne le disait-il pas, quand
il parlait des embrasements et des déluges qui traduisent les métamorphoses du
divin ? Et, en plein XVII e siècle, le Père Christophe de
Véga transcrivait tout cela en termes à la fois philosophiques et mystiques :
« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre (Joachim et Anne). Or la
terre était informe et vide (Anne était stérile). Les ténèbres (l’affliction et
la confusion) étaient sur la face de l’abîme (sur la face d’Anne), et l’Esprit
du Seigneur se mouvait sur les eaux (les eaux des larmes d’Anne, pour la consoler).
Et Dieu dit : Que la lumière soit ! (que soit Marie !)… Et le
rassemblement des eaux (le rassemblement des grâces), Dieu voulut l’appeler maria, « les mers » (ou Marie). » Curieux texte qui illustre fort
bien le propos.
L’Atlantide a-t-elle vraiment exist é ?
Platon l’a-t-il invent é e de toutes pi è ces
pour faire œ uvre de moraliste ?
S û rement pas. Il s’est servi de bribes de
traditions plus ou moins confuses pour mieux évoquer un pays exemplaire. Le
problème est que l’on ne sait jamais où se trouve la frontière entre le réel et
l’imaginaire. Pourtant, ce châtiment appelé par Zeus sur les habitants de l’Atlantide
coupables d’avoir oublié la vertu fait penser à une autre légende bien connue, celle
de la ville d’Is, disparue elle aussi sous les eaux parce que ses habitants
avaient oublié la religion chrétienne pour retomber dans les erreurs du
paganisme. Il y a des mythes qui ont la vie dure.
II
L’ATLANTIDE
ET LA VILLE D’IS
De toutes les légendes de la Bretagne armoricaine, l’histoire
de la ville d’Is, de son roi Gradlon et de sa princesse Dahud ou Ahès, est la
plus universellement connue, mais comme c’est à travers la transposition romantique
d’Émile Souvestre, trop souvent chargée de procédés littéraires à la mode, c’est
aussi la moins bien comprise. En un mot, c’est l’histoire d’une ville engloutie
par un raz de marée par la volonté de Dieu qui voulait ainsi punir ses
habitants de leurs péchés. Mais, étant donné que la légende s’est transmise
dans un contexte chrétien, il était normal qu’il en fût ainsi, et il suffit de
repérer les éléments chrétiens, de les faire disparaître, pour que les thèmes
archaïques refassent surface, c’est le cas de le dire. D’ailleurs, la croyance
est bien établie, en Bretagne, que cette ville d’Is est seulement endormie sous
les flots, et qu’elle peut resurgir un jour. Alors, ajoute la légende, Paris
sera englouti, parce que Paris représente l’antithèse d’Is : le nom de
Paris, toujours d’après des dictons populaires, est par-Is, c’est-à-dire pareil
à Is, égal d’Is.
Passons sur les jeux de mots et les étymologies populaires. On
pourrait certes interpréter le mythe d’Is comme étant celui d’une société gynécocratique
– la ville est régie par la princesse Dahud – qui s’oppose à la société
androcratique dont Paris est le symbole évident. Passons également sur la
référence à l’Isis égyptienne qui ne manque pas d’être soulevée dès qu’il s’agit
d’Is ou de Paris. Le mot « is » en breton est un dérivé d’un ancien
mot qui a donné l’adjectif izel, « bas ». La ville d’Is, Ker-Is, est « la Ville Basse ». Et les quelques textes qui la décrivent
nous la présentent comme une ville construite en contrebas, abritée des fureurs
de la mer par une grande digue. Cette situation paraît étrange, mais elle est
justifiée dans les textes par l’importance du port, divisé en plusieurs bassins,
avec probablement des canaux qui relient les bassins à l’océan. C’est là que
viennent s’abriter les navires de tous les pays du monde. On peut comprendre qu’il
s’agit d’une ville construite autour de son port et dont
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