Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
personnage de Math lui-même dont le nom signifie « ours »
et qui est lié à la fonction royale, la « science » de Gwyddyon, dont
le nom est lié au bois, et qui représente la mise en œuvre de l’énergie végétale
– qui semble avoir été connue des druides [48] , la
participation d’Amaethon, le « laboureur », représentant des « terriens »
par rapport aux « marins ». Voilà bien des éléments qui demeurent
mystérieux, mais qui sont révélateurs d’un état d’esprit. La tradition celtique
contient quantité de vestiges qu’il est parfois difficile de comprendre et de
situer, mais qui, visiblement, appartiennent à une mémoire collective qui n’est
pas celtique. Mais nul doute que le druidisme, avec ses composantes chamaniques,
sinon magiques, n’ait eu la volonté de lutter contre les éléments déchaînés, en
souvenir de cette catastrophe de l’engloutissement qui marque si
profondément leur tradition.
Et il y a également des certitudes. Les Vénètes ne sont
assurément pas des Celtes, mais ces « peuples venus d’au-delà des mers »
dont parle Timagène. Ils sont navigateurs habiles et conquérants, même encore à
l’époque de César. Leur nom évoque une race « belle », « blanche »
et surtout « sacrée ». Ils sont sans doute les derniers descendants
de peuples qui possédaient une science de la navigation très poussée, un culte
particulier pour des dieux – jumeaux – protecteurs de cette navigation, et une
croyance selon laquelle ils étaient les héritiers d’une déesse-mère et d’un
dieu symbolisant les forces mystérieuses et profondes qui animent l’univers. Et
puis, surtout, sur leur territoire, aux alentours de Carnac et de Locmariaquer,
se trouvent les plus grands ensembles mégalithiques connus.
IV
CARNAC,
SANCTUAIRE DU MILIEU DU MONDE
À considérer les gigantesques alignements de Carnac, il est
impossible de ne pas en faire un temple en plein air destiné à recevoir des
milliers de pèlerins lors de grandes cérémonies dont le caractère solaire ne
fait aucun doute. Certes, Carnac n’est pas le seul lieu où il existe des alignements.
Certes, la structure générale des alignements n’apparaît pas toujours très
nettement, et elle présente une certaine dispersion qu’on ne retrouve pas dans
d’autres monuments analogues, comme à Avebury ou à Stonehenge, dont la forme
circulaire permet davantage une concentration des énergies. Mais il faut savoir
qu’Avebury et Stonehenge sont plus récents que Carnac, et que si d’autres
alignements, d’autres cromlechs sont peut-être plus harmonieux ailleurs,
l’extension de Carnac sur une grande superficie qui va d’est en ouest doit
répondre à une motivation profonde.
Il y a aussi quelque chose qui n’est pas sans intérêt :
c’est de savoir que Carnac se trouve à peu près au centre des terres
émergées. Le centre géodésique absolu se situe dans l’île
Dumet, au large de La Turballe, à mi-chemin entre la pointe de Piriac et le sud
de Belle-Île. Mais ce n’est pas très loin de Carnac, et de toute façon, les
constructeurs de Carnac n’avaient sans doute pas la précision nécessaire pour
établir quel était le milieu réel du monde. Ils l’ont trouvé approximativement.
D’ailleurs, il eût été impossible de réaliser dans l’île Dumet ce qui a été
fait à Carnac : il fallait utiliser un terrain propice à ce genre de
grandiose sanctuaire, et le territoire de Carnac, au sol pauvre, où les filons
de granit effleurent, se prêtait tout particulièrement à un tel déploiement.
Cela met en valeur le concept d’omphallos, de nombril
de monde. À vrai dire, tous les peuples du monde ont voulu avoir leur centre
idéal, à la fois de leur propre royaume, et, ce qui est logique, du monde
entier. En Grèce, Délos et Delphes sont non seulement des nombrils de cette
floraison de cités grecques unies par une culture commune, mais aussi des
centres vitaux où, magiquement et symboliquement, s’opèrent les fusions entre
le visible et l’invisible, où convergent les souffles de l’univers. En Irlande,
à Tara, sur cette colline inspirée tant de fois occupée et réutilisée par les
différentes civilisations qui se sont succédé sur le sol de l’île des Saints et
des Héros, il y avait également un omphallos, même s’il ne correspondait
pas exactement au centre géométrique de l’île. On sait qu’à Tara, dans le
contexte purement celtique,
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