Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
sur
Carnac, on est amené à proposer des remarques qui ne manquent pas d’être
curieuses. En effet, on a toujours remarqué l’aspect phallique des menhirs, et
l’on a beaucoup insisté sur cet aspect sexuel mâle, volontiers agressif, de la
pierre levée. Mais, à y réfléchir, on ne comprend pas du tout ce caractère mâle :
les menhirs ne sont pas dirigés vers le bas, mais vers le haut. Ce n’est donc
pas vers la terre vierge qui attend d’être fécondée qu’ils sont dressés. Au contraire,
ils surgissent de la terre, c’est-à-dire de la féminité, pour se dresser vers
le ciel, qui, en principe, est une composante masculine. Il y a là une
incohérence visible, à moins que ce ne soit une contradiction flagrante.
Eh bien, non. Il n’y a là rien que de très logique. Car les
menhirs des alignements ne sont pas des phallus mâles mais, le nom de Clito est
révélateur, tout simplement des clitoris féminins en attente de l’arrivée
du mâle qui doit féconder la terre. Cela risque de choquer les beaux esprits, mais
la réalité est pourtant dans cette constatation. On sait en effet que, dans certaines
traditions, africaines en particulier, mais aussi chez les Sémites, le clitoris
passe pour être le phallus mâle de la femme, celle-ci naissant avec les deux
composantes, féminine et masculine. D’où la nécessité de l’excision qui enlève
à la femme son sexe mâle et lui confirme son sexe femelle dans sa totalité. De
même, dans les mêmes traditions, le prépuce de l’homme, qui lui aussi naît avec
les deux composantes, représente son aspect femelle inévitable. D’où la
nécessité de la circoncision qui ôte à l’homme son sexe femelle en lui
confirmant de manière absolue son sexe mâle.
De plus, le mot « clitoris », avant d’être
appliqué à une partie précise des organes génitaux féminins, désignait une pierre
précieuse. On voit tout de suite le rapport du clitoris avec le menhir. On
comprend pourquoi la déesse-mère de l’Atlantide portait le nom de Clito : le
clitoris n’est autre que la pierre remarquable, la pierre splendide qui,
dressée vers le ciel, dans une attente sexuelle évidente, est prête à recevoir
la semence des astres. La terre est en position de femme ouverte et parvenue au
comble de l’excitation sexuelle pour mieux recevoir et retenir en son ventre
les énergies vibratoires que le dieu-prêtre arrache au soleil pour mieux les
diriger vers elle, et pour accomplir la liturgie éternelle, c’est-à-dire le
mariage sacré du Ciel et de la Terre.
Voilà donc Carnac : c’est le terrain le mieux approprié
sans doute à exprimer symboliquement et matériellement ce hiérogame grâce
auquel la vie est possible sur cette terre. Après cela, on peut parler d’observatoires
astronomiques. Ce n’est pas contradictoire, puisque tout cet ensemble est
dirigé vers le ciel, guettant les moindres signes de celui-ci. Après cela, on
pourra parler d’un gigantesque cimetière symbolique où les menhirs représentent
les âmes de ceux qui sont morts et qui attendent, dans un Autre Monde, le
moment de se réincarner dans une vie nouvelle. Ce n’est pas contradictoire, puisque
le grand sanctuaire de Carnac est un lieu de régénération par les forces
solaires, un lieu où s’opèrent les renaissances, qu’elles soient
spirituelles, qu’elles soient psychiques, qu’elles soient matérielles.
Car ce qui domine avant tout, c’est l’idée de chambre de
soleil. Elle est essentielle, et elle est magnifiquement exaltée par les
légendes irlandaises à propos du sidh de Brugh-na-Boyne. New-Grange
ouvre la porte à la compréhension de Carnac, où les choses semblent moins
nettes, moins précises peut-être, mais où l’immensité du
sanctuaire permet un étalement de cette chambre de soleil à l’usage d’un
grand nombre d’individus rassemblés pour une cérémonie unique et identique. Cette chambre de soleil, que la tradition celtique nous a transmise, et que l’on
retrouve curieusement, chaque solstice d’été, dans le château de Montségur, dans
un contexte cathare, est sans doute le symbole le plus extraordinaire que l’esprit
humain ait jamais découvert pour parler de la régénération par les forces
issues du cosmos. C’est une image poétique d’une grande beauté, et que Tristan,
dans le texte de la Folie Tristan, décrit avec ravissement devant Yseult
qui ne le reconnaît pas et devant Mark qui n’y comprend rien. Mais
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