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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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même nom. La connotation est
étrange : Kerlescan, c’est la « ville incendiée ». Certes, les
landes, surtout depuis qu’elles sont plantées de résineux, brûlent souvent, en
période de sécheresse – ce qui est plus courant qu’on ne le pense, en Bretagne
–, mais il faut bien dire que ces gros blocs de pierre, surgissant de la
verdure comme des vestiges d’une cité morte et engloutie depuis des siècles
dans une terre ingrate, provoquent bien des rêves, bien des fantasmes.
    Mais, pour parler scientifiquement, il y a, à Kerlescan, 240
menhirs encore debout, dont les plus petits sont à l’est, les plus importants à
l’ouest, et qui sont rangés parallèlement sur treize lignes. On en conclura ce
que l’on voudra en fonction de la numérologie, mais on peut constater que l’ensemble
des blocs s’étale sur une surface de 880 mètres sur 139 mètres. Quant à la direction
des alignements, elle n’est pas si nette qu’on pense : en effet, si l’on
prend un peu de recul, on remarque que les lignes suivent une courbe allant du
nord-nord-est à l’ouest, en passant par l ’ ouest-sud-ouest, comme s’il
s’agissait d’un croissant concave au nord-ouest. À l’extrémité ouest des
alignements se trouve un quadrilatère parfaitement reconnaissable,
dont trente-neuf blocs sont encore debout. Était-ce l’enceinte sacrée à l’intérieur
de laquelle les prêtres mégalithiques officiaient, ou bien l’endroit où se
réunissaient les pèlerins et dévots ? Il est impossible de le dire.
    Un peu plus loin, très à l’écart des alignements, se trouve
un menhir, le plus haut de tout le secteur puisqu’il atteint six mètres. Ce
menhir est nettement isolé et n’avait probablement pas la même fonction que
ceux qui sont groupés en lignes. Peut-être a-t-il d’ailleurs été érigé avant
les alignements. Menhir indicateur, comme on dit bien souvent à propos des
pierres levées non loin d’un tumulus ? Ou encore simple jalon sur un
chemin sacré ? On ne peut répondre à ces questions.
    Les alignements de Kermario sont beaucoup plus
spectaculaires. Ils couvrent un champ de 1 250 mètres de long sur 100
mètres de large et comportent 982 pierres levées sur dix rangées. Certaines de
ces pierres ont été relevées et restaurées depuis 1874, car, à cette époque, on
ne comptait plus que 200 menhirs debout pour 650 couchés : depuis, des
pierres enfouies dans la végétation ont été retrouvées et remises à leur place
originelle. Certaines d’entre elles offrent des angles de vue absolument remarquables,
et l’on comprend fort bien qu’elles aient pu, à différentes époques, exciter l’imagination
des observateurs. Il est facile, lorsqu’on se laisse aller à rêver, de voir
dans ces blocs pourtant très frustes des sculptures offrant des contours
anthropomorphiques. Pure illusion, bien entendu, mais justifiée par l’étrangeté
de l’ensemble. Il faut simplement savoir que ce qu’on appelle l’art mégalithique
n’est absolument pas figuratif et surtout pas anthropomorphique : il
semble, au contraire, que le souci des architectes et des artistes de l’âge des
mégalithes ait été la schématisation abstraite, pour ne pas dire le symbolisme.
Mais tout symbolisme comportant une certaine forme de code, il faut se résoudre
à admettre que ce code ne nous est point connu et qu’il risque fort de demeurer
mystérieux à jamais. Néanmoins, une errance à travers les
allées de Kermario ne peut laisser indifférent le plus sceptique des touristes :
il y a là quelque chose de grandiose, de troublant, de surhumain, et sans pour
cela faire appel à des géants ou à des êtres de l’Autre Monde qui auraient été
les concepteurs et les bâtisseurs de ces alignements, on ne peut que
reconnaître ici la force du sacré. Enfin, il ne faut pas oublier que Kermario
signifie « Ville des Morts » : les appellations ont souvent la
vie dure et elles témoignent nécessairement d’une réalité du passé. L’impression
qui en ressort est celle d’une vaste nécropole. Pourtant, les menhirs des alignements
ne sont pas des monuments funéraires : jamais on n’a découvert de tombe, ni
de restes humains au pied des menhirs, et il n’est pas question d’en faire des
pierres tombales comme on en voit tant dans les cimetières des îles
britanniques, autour des églises ou des cathédrales.
    C’est à Kermario qu’on peut voir les plus beaux spécimens de
pierres

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