Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
vallée du Nil, n’en
déplaise aux amateurs de syncrétisme et aux pseudo-scientifiques qui sont
toujours prêts à tirer des conclusions inébranlables de la moindre homophonie. En
fait, le nom de Carnac est gaulois, ou plutôt gallo-romain : on y
reconnaît aisément le suffixe bien connu -aco , si courant
dans la toponymie romane et qui, sous la forme -ac en Occitanie et dans
l’Armorique bretonisée, sous les formes -é ou -y dans les pays de
langue d’oïl, a servi à constituer une grande quantité de noms de lieux. Quant
au premier terme, carn , on a voulu y voir le mot
indo-européen qui a donné l’anglais cairn, désignant un tertre funéraire :
Carnac serait donc le « lieu des Tertres », ce qui n’est pas impossible.
Mais on a également proposé le mot gaulois carn ou kern , signifiant
« corne », ce qui serait en rapport avec l’ancien dieu Kernunnos et, bien
entendu, avec le nom de l’actuel patron de Carnac, le mystérieux saint Kornéli.
Il est bien difficile d’affirmer quoi que ce soit, mais en langue bretonne, Carnac
se dit Kerreg, ce qui signifie « ville des rangées de pierres », appellation
parfaitement justifiée et qui ne prête à aucune discussion.
Car c’est bien l’ensemble des alignements qui constitue, à
Carnac, le centre d’intérêt majeur. C’est d’ailleurs un site unique dans le
monde : jamais ailleurs il n’existe un tel assemblage de menhirs plantés
selon un plan déterminé – bien que mystérieux et très discuté – et dans un but
incontestablement religieux. Que les légendes locales fassent référence à une
métamorphose, par miracle, de soldats devenus des blocs de pierre, ne change
rien au fait : il y a, à Carnac même et dans les alentours immédiats, une
série d’alignements tout à fait extraordinaires et sans nul équivalent. Cela
vaut à Carnac le titre de « capitale de la Préhistoire ». Soyons modestes,
et disons plutôt « capitale du mégalithisme ». C’est déjà reconnaître
la spécificité du lieu et les nombreuses énigmes qui se posent à ce sujet, quelles
qu’aient été jusqu’à présent les tentatives de réponses ou d’explications qui
ont pu être proposées.
Une constatation s’impose d’emblée : il semble que les
alignements aient été conçus sur un plan solaire, car ils suivent un axe qui va
approximativement d’est en ouest, avec, à chacun des alignements proprement
dits, des menhirs plus petits à l’est et de gros blocs constituant des
enceintes à l’ouest. C’est une réalité et non une vue de l’esprit, mais on peut
en conclure ce que l’on veut. De plus, une mise en garde s’avère nécessaire
avant de commencer toute description des alignements de Carnac, et toute
tentative d’explication : ces monuments datent de plusieurs millénaires, et
ils ont constitué, il faut bien le dire, des carrières très facilement
exploitables pour les habitants successifs des lieux, notamment au Moyen Âge et
dans les Temps modernes. On sait très bien que de nombreuses habitations des
environs ont été bâties avec les pierres levées trouvées souvent tombées sur le
sol. Ce même genre de réemploi est constaté déjà pour les constructions mégalithiques
elles-mêmes, et il n’y a pas lieu de s’en étonner outre mesure. De plus, des
routes ont été tracées à travers les champs de menhirs : il a bien fallu
en faire disparaître quelques-uns, ou, le cas échéant, en déplacer. Cela
devrait rendre prudents les explorateurs de l ’ésotérisme mégalithique qui
s’ingénient à nous prouver, cartes et graphiques à l’appui, que tel ou tel
monument, tel ou tel alignement, tel ou tel tertre, correspondent à une
géographie sacrée que seuls connaissaient, bien entendu, les constructeurs de
mégalithes – et leurs thuriféraires contemporains. De telles hypothèses peuvent
parfaitement être émises et se comprendre, mais il n’existe aucun moyen sérieux
d’apporter la moindre preuve à des élucubrations de ce genre. En vérité, il
faut admettre que ce que nous voyons à Carnac, en matière d’alignements, ne
constitue qu’une partie, et même une infime partie de ce qui existait
autrefois. Ce qui demeure paraît certes très impressionnant, mais en aucun cas
ne peut donner une idée de ce qu’était en réalité ce vaste ensemble il y a
quelque six mille ans.
À l’extrémité orientale, donc, ce sont les alignements de
Kerlescan, qui se trouvent près du village du
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