Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
autres, près d’un squelette féminin et parmi de nombreux
bijoux, colliers et bracelets d’or, une statuette du plus pur style
aurignacien. Cela ne peut nous laisser indifférents. En tous cas, Pierre Benoit
s’était sérieusement documenté avant d’écrire son célèbre roman sur l’Atlantide.
Certains linguistes sont allés encore plus loin grâce à l’étymologie.
Ils se sont interrogés sur l’origine et le sens du mot « Atlantique »,
qui provient d’Atlas, figure mythologique bien connue. Il semble que le radical atl, qui est inexplicable par les langues indo-européennes, signifie « eau »
non seulement chez les anciens Aztèques, mais également chez de nombreuses
tribus indiennes de l’Utah, du Nevada et du Colorado, ainsi que du Guatemala et
du Nicaragua, tous ces peuples s’attribuant d’ailleurs une commune patrie d’origine,
un lieu mythique appelé Aztlan. On comprend que cette coïncidence ne
fait qu’ajouter au mystère. Et à partir de là, bien des auteurs se sont livrés
à des divagations fantaisistes consistant à prouver l’origine atlantéenne de
certains mots du vocabulaire français et de nombreux toponymes comme Sequana, la Seine, dont il est par ailleurs prouvé que ce n’est pas un mot
indo-européen. Il est vrai que depuis, les philosophes, les hermétistes et
ésotéristes de tous abords, voire les voyants et les médiums, ainsi que de
sérieux radiesthésistes, se sont donné pour tâche d’élucider le mystère de l’Atlantide.
Leurs conclusions, qu’ils présentent toujours comme des vérités évangéliques, et
non pas sous forme d’hypothèses, comme ils devraient normalement le faire, ont
de quoi faire rêver. Mais, après tout, on a besoin de rêver.
Revenons aux théories émises par le passé sur l’existence de
cette île Atlantide. Déjà, à la fin du XVII e siècle, un grave
professeur de l’université d’Uppsala, en Suède, Olaüs Rüdbeck (1630-1702), publia
une thèse magistrale sur le problème atlante. Cette thèse faisait de la Suède
actuelle, et de la Suède seule, le berceau primitif du culte des dieux et de la
civilisation des peuples anciens. Rüdbeck en venait à affirmer que l’Atlantide
était tout simplement la Suède, et que la capitale de l’Atlantide mentionnée
par Platon se trouvait aux environs mêmes d’Uppsala. Son œuvre
fut continuée par son fils qui alla encore plus avant prétendant que Japhet et
les siens avaient été les habitants primitifs de la Scandinavie et que les
Lapons étaient leurs descendants.
Beaucoup plus tard, en 1888, dans un article de la Revue
scientifique, le docteur Verneau présente une thèse mettant en rapport les
Atlantes et les hommes de Cro-Magnon. Selon lui, les îles de l’Atlantique sont
entièrement volcaniques – ce qui n’est pas exact, d’après les dernières
recherches – et les Canaries gisaient sous les eaux à l’ère tertiaire : elles
n’ont émergé qu’à la suite de phénomènes volcaniques à l’époque post-pliocène. Il
affirme, d’autre part, que la race préhistorique dite de Cro-Magnon, et qui
peuplait autrefois les vallées de la Vézère et de la Dordogne, offrait les plus
grandes analogies avec les fameux Guanches des Canaries. Or cette race de
Cro-Magnon a été retrouvée en Espagne et dans le nord de l’Afrique, notamment lors
de fouilles pratiquées dans les nombreux dolmens de Roknia. La race de
Cro-Magnon aurait émigré du nord vers le sud à une époque indéterminée, passant
d’Espagne en Afrique du Nord. Certains Kabyles pourraient bien être leurs
descendants, car leurs traditions rapportent que la nécropole néolithique de
Roknia, qui compte trois mille tombes, a été construite par leurs ancêtres. D’autre
part, certains de ces Kabyles présenteraient les mêmes caractéristiques que les
Guanches, c’est-à-dire le type des anciens habitants de la Dordogne.
Cette thèse, le docteur Verneau l’a ensuite modifiée, rejetant
l’assimilation des Canaries comme vestiges du continent disparu et recherchant
l’emplacement de celui-ci dans les régions du nord-ouest, dans cette fabuleuse
Hyperborée des Anciens. Son argumentation est simple : si l’existence de
grands plateaux sous-marins situés à faible profondeur peut être regardée comme
preuve d’une ancienne communication entre l’Ancien et le Nouveau Continent,
il serait facile d’en retrouver la trace dans les régions septentrionales. C’est
en effet là que
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