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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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seulement à cette condition qu’on peut avoir une idée de
ce que pouvait être en réalité l’Atlantide.
    C’est ce qu’a essayé de faire un archéologue allemand, le
pasteur Jurgen Spanuth, en combinant le résultat de ses recherches sur le
terrain et les témoignages des textes grecs et égyptiens. Il en arrive ainsi à
déterminer que la capitale de l’Atlantide ne pouvait pas se situer ailleurs que
dans la baie d’Héligoland, cette île de la mer du Nord dont le nom signifie « terre
sacrée ». De plus, cette île est dominée par un rocher à bandes rouges, noires
et blanches tel que le décrit Platon. Et la tradition locale, ainsi que les
anciennes cartes marines, situent au large d’Héligoland un temple très ancien
englouti par la mer, dédié à Positès, c’est-à-dire à une divinité de la mer
analogue à Poséidon dont Positès est la forme dorienne. L’argumentation de
Jurgen Spanuth ne manque pas de poids, et il est bien possible que sa thèse
soit actuellement la meilleure, rendant compte à la fois des réalités
archéologiques et géologiques, et des grands mythes que la tradition nous a
légués. Cette thèse n’est en tout cas nullement contradictoire avec celle qui
verrait dans la civilisation mégalithique une des survivances de la
civilisation des Atlantes.
    Passons sur d’autres théories qui ont eu leurs heures de
gloire : l’Atlantide dans le Sahara, dans l’Afrique du Nord, en Asie, dans
la mer Égée (l’île de Santorin), dans les plaines méridionales de la Russie, dans
l’océan Glacial Arctique, dans la mer Caspienne, dans la mer Baltique (qui est
le résultat d’un envahissement récent des eaux). Signalons au passage une thèse
émise à la fin du siècle dernier selon laquelle les Basques, « race
mystérieuse par excellence », seraient les rescapés d’une Atlantide située
au milieu de l’océan, et une autre thèse, fréquemment répétée, revue et corrigée,
selon laquelle la lune serait l’Atlantide disparue : par suite de la collision
de la terre avec une comète, un fragment de l’écorce
terrestre se serait détaché et aurait été projeté dans le ciel avant de se
satelliser autour de notre planète. Ces thèses ne sont pas plus stupides que
les autres. Mais il est peut-être temps de revenir à la source même du « mythe »
de l’Atlantide, c’est-à-dire au texte de Platon lui-même.
    Ce texte est double. On en trouve une partie dans le Timée, une autre dans le Critias. Il s’agit de données qui sont racontées
par Critias à Socrate à propos de son ancêtre Solon qui aurait eu communication
de nombreux secrets lors de son séjour en Égypte, grâce à la bienveillance des
prêtres de Saïs.
    Commençons par des extraits du Timée. D’après le
récit, Solon est un sage, un homme de bonne volonté, mais le prêtre égyptien
lui prouve qu’il ne sait pas grand-chose des événements du passé, et que
surtout, il ne sait pas interpréter les mythes. Voici en effet ce qu’il lui dit :
« Vous êtes jeunes d’esprit, car vous ne possédez nulle tradition vraiment
antique, nulle notion blanchie par le temps. Et voici pourquoi : mille
destructions d’hommes ont eu lieu, de mille manières différentes, et auront
lieu de nouveau, par le feu, par l’eau, par bien d’autres causes.
    « On raconte chez vous, par exemple, que jadis Phaeton,
fils du Soleil, ayant attelé le char de son père, mais ne parvenant pas à le
conduire, brûla toute la terre et mourut lui-même, frappé par la foudre. Ainsi
présentée, la chose a tout le caractère d’une fable. Mais ce qui est vrai, c’est
que de grandes révolutions s’accomplissent dans l’espace qui entoure la terre
et dans le ciel, qu’à de longs intervalles de vastes incendies ravagent la
surface du globe. Dans ce cas, les habitants des montagnes et des lieux élevés
et arides succombent plutôt que ceux qui demeurent au bord des fleuves ou de la
mer. Nous autres, Égyptiens, c’est le Nil, notre sauveur habituel, qui, cette
fois encore, nous sauva de cette catastrophe par son débordement.
    « D’autre part, quand les dieux, purifiant la terre par
les eaux, l’inondent d’un déluge, si les bouviers et les prêtres, sur les
montagnes, sont à l’abri du fléau, les habitants de vos cités sont entraînés
dans la mer par le courant de vos fleuves. Or, en Égypte, en aucun cas, les
eaux ne se ruent jamais des hauteurs sur les campagnes et semblent au

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