Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
n’avons plus aucune preuve de la « supercherie » de Platon. En
tout cas, depuis l’Antiquité, les hypothèses se sont multipliées quant à la
localisation de ce continent disparu lors d’un cataclysme. Comme le texte de
Platon brille par ses imprécisions géographiques, les chercheurs ont dû s’égarer
dans des directions parfois opposées et même contradictoires.
On en est arrivé à quatre cycles d’hypothèses sur l’emplacement
de cette Atlantide. Le plus ancien, qui suit de près le récit platonicien, place
le continent disparu dans une zone autour de laquelle le Gulf Stream décrit sa
courbe, de l’Afrique occidentale à la mer des Antilles. Le second système, corollaire
du premier, tendrait à retrouver l’Atlantide en différents points de l’Afrique
du Nord ou de l’Espagne. Le troisième, qui est d’ailleurs celui qui nous
intéresse le plus, localise l’Atlantide au nord-ouest de l’Europe, dans ce que
les Anciens appelaient l’Hyperborée, ce qui nous ramène à Stonehenge et à ces
traditions rapportées par Diodore de Sicile et Pline l’Ancien. Le quatrième
situerait l’Atlantide en Orient, soit dans la mer Égée, soit dans la mer Noire,
avec, comme point central, la Crimée, sur laquelle rôde l’ombre des fabuleux
Cimmériens, confondus parfois avec les Cimbres, parfois avec les Hyperboréens. On
a même vu un savant allemand de la période nazie affirmer péremptoirement que
la cité d’Atlantis était le berceau de la race aryenne, dont bien entendu ses
compatriotes étaient restés les seuls descendants. C’est dire la passion qui s’empare
de tous quand il s’agit de démontrer l’existence d’un continent qui excite
autant la curiosité par le manque d’informations qui le caractérise.
Curieusement, ce sont les géologues, les minéralogistes, les
botanistes, les zoologues et les anthropologues qui doutent le moins de l’Atlantide.
Ils se gardent bien d’en tirer la moindre conclusion quant à la civilisation
des Atlantes, mais ils pensent que le mythe platonicien correspond à une
réalité discernable par l’étude systématique des régions atlantiques.
En effet, dans cet Atlantique, soigneusement évité par les
navigateurs de l’Antiquité, les îles qui occupent l’emplacement présumé du continent
disparu sont des îles volcaniques, ce qui rend vraisemblable la croyance à un
affaissement du sol environnant. Le problème, c’est de démontrer
scientifiquement que cet affaissement a bien eu lieu,
et de dire à quelle époque. Or, à la fin du siècle dernier, lors de la pose d’un
câble sous-marin, au cours d’un sondage pratiqué à une centaine de kilomètres
au nord des Açores, on remonta des morceaux du fond sous-marin consistant en
fragments aigus et anguleux de roches basaltiques. Des scientifiques
affirmèrent alors que cette sorte de roche ne pouvait se solidifier de cette
façon sous les eaux et que, fatalement, la solidification avait eu lieu à l’air
libre. D’autre part, la qualité rugueuse, les cassures nettes des fragments
montraient que ni l’érosion atmosphérique ni l’érosion marine n’avaient pu
avoir une longue action sur eux. Il y avait donc, sur cet espace maintenant
englouti à 3 000 mètres de profondeur, la preuve d’un effondrement du sol,
effondrement qui s’était produit très rapidement et très récemment. Était-ce l’Atlantide ?
Dans un autre domaine scientifique, on constate, de tous
temps, entre la faune des Açores, de Madère, des Canaries, des îles du Cap-Vert,
des Antilles et de l’Amérique centrale, des analogies qu’on ne peut expliquer
que par une relation continentale de ces différents territoires à une époque
donnée qui n’est pas très ancienne. Il faut remarquer que si ces territoires
étaient réunis à l’Amérique jusqu’à une date relativement peu éloignée, ils ont
été séparés beaucoup plus tôt de l’Afrique, bien que celle-ci soit plus voisine.
On estime donc que c’est vers la période dite miocène que cette terre aujourd’hui
disparue existait, rattachée au nord à l’Espagne, au sud à la Mauritanie, se
prolongeant à l’ouest vers les Bermudes et les Antilles.
De plus, selon le texte de Platon, l’Atlantide aurait connu
les éléphants. Or on sait que les éléphants ont vu le jour en Amérique sous la
forme des pyrotheridae, tandis que rien de semblable n’existait sur le
vieux continent. Pour parvenir jusqu’à celui-ci et pour donner à
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