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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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contraire
jaillir de dessous terre. Voilà pourquoi, ainsi épargnés, on dit que c’est chez
nous que se sont conservées les plus antiques traditions… Mais chez vous et
chez les autres peuples, à peine l’usage des lettres, à peine la civilisation
sont-ils institués, que des déluges viennent fondre sur vous, qui ne laissent
survivre que des hommes illettrés, étrangers aux Muses. En sorte que vous recommencez,
que vous redevenez jeunes, sans rien savoir des événements de ce pays-ci ou du
vôtre qui remontent aux temps anciens. »
    Il y a là, de la part du prêtre de Saïs, un double
avertissement au sage Solon qui, pourtant, est le représentant d’une civilisation
particulièrement raffinée. Cela veut dire que les temples égyptiens, protégés
des cataclysmes, ont conservé davantage de documents sur le passé que tous les
autres temples du monde entier, puisqu’ils perpétuent une tradition plusieurs
fois millénaire. Mais l’autre avertissement est on ne peut plus significatif
pour qui veut essayer de comprendre l’énigme de l’Atlantide. Ce n’est pas par
hasard si le prêtre de Saïs – ou Platon lui-même, comment le savoir ? – place
cet avertissement avant d’aborder le sujet véritable. Que dit-il en effet ?
Se servant de l’exemple de la fable de Phaeton, il affirme que des réalités
historiques se cachent sous le mythe. En un mot, il prétend que le Mythe
est lié à l’Histoire, et que, bien souvent, lorsque nous n’avons pas de
documents historiques, il est nécessaire de recourir à la mythologie, compte
tenu du décryptage qui s’impose lorsqu’on pénètre au cœur du schéma
traditionnel. [34] Cet
avertissement est valable dans tous les cas de figure, mais plus encore à propos
de l’Atlantide, que Platon va nous présenter effectivement plus comme un récit
mythologique que comme document historique.
    Platon savait très bien de quoi il s’agissait. La tradition
des philosophes grecs est une tradition qui accepte le mythe tout en l’incarnant
dans le quotidien. À la période hellénistique, Plutarque, qui était prêtre de
Delphes, ne dit pas autre chose à ce propos : « La divinité est par
nature incorruptible et éternelle, mais elle subit certaines transformations
par l’effet du destin et d’une loi inéluctable. Tantôt par embrasement, elle
change sa nature en feu et assimile toutes les substances entre elles. Tantôt
elle se diversifie en toutes sortes de formes, de valeurs et d’états différents,
comme c’est le cas actuellement, et elle constitue alors ce que nous appelons
le monde… Quand les transformations du dieu aboutissent à l’ordonnancement du
monde, les sages désignent à mots couverts le changement qu’il subit comme
étant un arrachement et un démembrement, et ils racontent certaines morts
et disparitions divines, puis des renaissances et des régénérations – récits
mythologiques qui sont autant d’allusions obscures aux changements dont je
parlais » (Sur l’E de Delphes, IX).
    Nous voilà prévenus. Les schémas mythologiques du récit ne
doivent pas nous faire oublier ce qui s’y cache effectivement. Dans ces
conditions, Platon peut effectivement, par la voix supposée du prêtre de Saïs, nous
parler de l’Atlantide : « Nos livres racontent comment Athènes
détruisit une puissante armée qui, partie de l’océan Atlantique, envahissait
insolemment et l’Europe et l’Asie. Car alors on pouvait traverser cet océan. »
    Le texte est admirablement clair. Les thuriféraires
habituels de l’Atlantide, qui prétendent de nos jours détenir la sagesse atlantéenne (c’est eux qui le disent), et qui sont généralement des non-violents
uniquement préoccupés de science et de philosophie, feraient bien de s’y
référer un peu plus souvent : les Atlantes y sont présentés comme un
peuple particulièrement agressif qui cherche à assurer sa domination sur le
monde méditerranéen. En somme, on pourrait les comparer aux Vikings du haut
Moyen Âge. Mais comme les Vikings, ils devaient être détenteurs d’une certaine
civilisation, ce qui ne veut pas dire de la sagesse.
    Cela dit, la précision majeure de ce passage est le fait qu’à
cette époque, on pouvait traverser l’océan Atlantique. Ce qui prouve l’existence
d’une terre située à l’ouest des Colonnes d’Hercule, pas forcément un continent
qui aurait occupé tout l’espace atlantique – les Grecs et les Égyptiens n’en
savaient pas la

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