Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
Certes, il y avait des variantes
régionales, mais, d’une façon générale, que ce soit sur le continent ou dans
les îles Britanniques, les travaux archéologiques constants entrepris depuis un
siècle tendent à démontrer une grande unité dans le monde mégalithique. C’est
ainsi qu’on peut parler de civilisation mégalithique.
Mais alors, la question se pose de savoir d’où venait cette
civilisation. A-t-elle été importée, et dans ce cas, de quelle région, ou bien
a-t-elle spontanément pris naissance dans les régions voisines de l’Atlantique,
voire dans le Morbihan qui, qu’on le veuille ou non, semble la zone la plus
active du mégalithisme ?
On a pensé depuis longtemps que toute civilisation provenait
d’Orient, de la mer Égée particulièrement. De nombreuses hypothèses ont fait de
la Crète le berceau de la civilisation mégalithique qui, à partir de là, se
serait répandue sur les voies de commerce qui deviendront plus tard
la Route de l’Étain. On est actuellement beaucoup moins catégorique sur ce
point. Le mégalithisme n’est pas forcément originaire de la Méditerranée
orientale. Au contraire, les multiples découvertes sur le terrain tendraient à
l’opinion contraire : il est très possible que le phénomène mégalithique
ait pris naissance sur les rivages de l’Atlantique nord.
Ce serait alors une civilisation autochtone, qui aurait pu ensuite
influencer d’autres peuples dans différents endroits du monde. Après tout, les
grands tertres de New-Grange et de Gavrinis sont antérieurs aux Pyramides d’Égypte,
mais l’esprit qui a présidé à la construction de ces monuments est parfaitement
identique, répondant à peu près aux mêmes critères métaphysiques et religieux, au
même besoin de laisser aux générations futures les témoignages les plus stables
et les plus beaux du passage sur cette terre de certains hommes favorisés par
les dieux.
Mais une civilisation ne naît pas spontanément. Elle est
toujours le résultat d’une lente maturation, d’une confrontation parfois
violente entre deux types de civilisations antérieures. Elle est toujours l’héritière
de quelque chose, car elle n’est au fond qu’une étape dans la grande aventure
humaine.
Or cette aventure humaine ne se présente pas à nous comme
une ligne continue. C’est une ligne brisée, parfois avec des manques, parfois
avec des déviations, parfois avec des surcharges. Si l’histoire est remplie de
tâtonnements, de catastrophes, de guerres, de retours en arrière, nul doute que
la Préhistoire, sur laquelle les informations sont nécessairement vagues, n’ait
connu autant de turbulences.
Le mégalithisme est une civilisation de l’Atlantique. Tout
converge pour nous le prouver. C’est alors que se pose le problème de l’Atlantide,
ce mystérieux continent disparu – ou cette île – dont on ne sait pas très bien
s’il a vraiment existé, mais qui demeure une possibilité incontestable. La
civilisation mégalithique ne serait-elle pas un des derniers vestiges de celle
qui a fleuri, autrefois, en des temps obscurs, selon les dires de Platon, quelque
part, à l ’ ouest du monde, dans cet océan Atlantique que les navigateurs
grecs ont toujours refusé de pénétrer.
Et là, si les hypothèses ne manquent pas, les coïncidences
qu’on peut relever dans l’étude patiente de l’extrême Occident, bien avant l’arrivée
des peuples celtes, et à l’intérieur même des sociétés celtiques imprégnées de
l’héritage des peuples autochtones des rivages de l’Atlantique, ces coïncidences
sont plus que troublantes. Elles méritent d’être examinées.
TROISIÈME
PARTIE
L’Énigme
de l’Atlantide
I
LA
MYSTÉRIEUSE ATLANTIDE
L’Atlantide a un point de départ absolu : ce qu’en
raconte le philosophe Platon, d’après des traditions soi-disant rapportées d’Égypte.
À partir de là, des générations entières ont recherché les vestiges de ce
mystérieux continent. Mais la question est irritante, parce que l’on n’est pas
sûr que Platon n’ait point inventé cette fable pour les besoins de la cause :
il avait besoin d’un exemple concret pour développer ses thèses sur la
naissance, la vie et la mort des civilisations, et il n’aurait rien trouvé de
mieux que d’élaborer un mythe.
Mais un mythe ne repose jamais sur rien. Un mythe est toujours
significatif. Si nous n’avons aucune preuve de l’existence réelle de cette Atlantide,
nous
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