Ce jour-là
1983. Une équipe avait été chargée de récupérer le gouverneur général de la Grenade, Paul Scoon, lors de l’invasion de l’île conduite par les Américains après la prise de pouvoir par les communistes. Scoon risquait d’être exécuté.
Six ans plus tard, en 1989, le DEVGRU et la Delta Force avaient capturé Manuel Noriega pendant l’invasion de Panama.
Le DEVGRU avait ensuite été chargé de mettre la main sur le chef de guerre somalien Mohamed Farrah Aidid, en octobre 1993, pendant la bataille de Mogadiscio. Le livre de Mark Bowden, Black Hawk Down, raconte cette expédition.
En 1998, le DEVGRU a traqué des criminels de guerre bosniaques, dont Radislav Krstic, le général bosniaque inculpé ensuite par le Tribunal pénal international pour son rôle dans le massacre de Srebrenica en 1995.
Depuis le 11 septembre 2001, les hommes du DEVGRU ont effectué des rotations régulières en Irak et en Afghanistan, avec pour cibles Al-Qaïda et les chefs des talibans. Après le 11 Septembre, le commandement a reçu l’ordre de se déployer immédiatement en Afghanistan, et le DEVGRU a conduit certaines des opérations les plus spectaculaires, comme le sauvetage de Jessica Lynch en Irak, en 2003. Ces missions-là, et le fait qu’on appelait le DEVGRU avant les autres, m’avaient donné l’envie d’en faire partie.
Pour postuler à la Green Team, il faut déjà appartenir aux SEAL. Les candidats avaient en moyenne deux déploiements à leur actif. Ils avaient donc le niveau nécessaire et l’expérience, ce qui était vital pour avoir une chance d’être sélectionnés.
Tandis que je grimpais à l’échelle de corde, dans la moiteur du Mississippi, je revenais sans cesse sur l’échec que j’avais frôlé lors des épreuves de sélection à la Green Team.
La date des épreuves était tombée alors que mon unité était engagée dans un entraînement au combat terrestre. J’étais à Camp Pendleton, en Californie, caché sous un arbre, à observer les marines qui construisaient un camp de base. Nous étions en 2003, j’étais là-bas depuis une semaine, lorsque j’ai reçu l’ordre de me présenter à San Diego pour les épreuves de sélection qui duraient trois jours. Si j’étais sélectionné, je commencerais les neuf mois de formation de la Green Team. Et, avec de la chance, je rejoindrais enfin les rangs du DEVGRU.
J’étais le seul de mon peloton à y aller. Un copain d’un autre peloton était convoqué aussi. Nous nous sommes débarbouillés sur la route. Nous avions encore de la peinture verte sur le visage, nous sentions encore la sueur et le produit anti-moustiques. Nous étions restés en tenue de camouflage. J’avais mal à l’estomac à force de ne manger que des rations militaires, et j’essayais de me réhydrater, buvant de l’eau tout en conduisant. Je n’étais pas au mieux de ma forme, et je savais que la première partie des épreuves servait à évaluer notre condition physique.
Le lendemain matin, nous étions sur la plage. Le soleil commençait tout juste à pointer quand je terminais la course des six kilomètres chronométrés. À peine le temps de souffler et, avec deux douzaines d’autres candidats, nous nous sommes retrouvés en rang sur une dalle de béton. La brise soufflait du Pacifique et il y avait encore un peu de fraîcheur dans l’air. Dans d’autres conditions, on aurait pu parler d’une agréable matinée à la plage. La course m’avait fatigué, et il restait encore à faire des pompes, des abdominaux, des rétablissements et une épreuve de natation.
Je passai facilement l’épreuve des pompes, en dépit du contrôle pointilleux de l’instructeur. Chaque pompe devait être parfaite, sinon elle ne comptait pas. Je m’allongeai sur le dos pour entamer la série d’abdominaux.
Je me fatiguai vite.
Mon séjour à Pendleton avait érodé ma résistance. Je trouvai le bon rythme pour la première série d’abdominaux, mais l’instructeur se plaça à côté de moi et commença à répéter plusieurs fois les chiffres du décompte.
« Dix, dix, dix… Dix, onze, douze, douze…»
Ma technique n’était pas celle du manuel et il recomptait chaque fois que je m’en écartais. J’étais mortifié. J’étais de plus en plus fatigué et de moins en moins capable d’atteindre le niveau exigé.
« Une minute. »
J’étais loin du compte et je n’allais pas tarder à manquer de temps. Si j’échouais aux abdominaux, c’était
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