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Ce jour-là

Ce jour-là

Titel: Ce jour-là Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Owen , Kevin Maurer , Olivier Dow
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côté du champ de tir et de la kill house. Des baraquements massifs qui en avaient vu de toutes les couleurs, au cours de centaines de missions des SEAL et des forces spéciales. Dans les chambres, les lits superposés occupaient presque tout l’espace et je passais beaucoup de temps dans la salle commune au rez-de-chaussée. Il y avait un billard et une grande télé des années quatre-vingt, en général branchée sur un événement sportif. Elle servait surtout de fond sonore. Les gars nettoyaient leurs armes ou tiraient quelques balles pour se détendre.
    La communauté des SEAL n’est pas très grande. Nous nous connaissons tous, ou avons au moins entendu parler les uns des autres. Dès qu’on arrive sur la plage pour commencer la formation au BUD/S, on se taille une réputation. Cette question de la réputation nous préoccupe dès le départ.
    « Je t’ai vu te taper l’échelle aujourd’hui, me dit Charlie tandis que nous entamions une nouvelle partie de billard. Où est-ce que t’as merdé ? »
    Charlie est un grand costaud plein d’humour. Il a des mains comme des battoirs et la carrure d’une armoire à glace. Il mesure un mètre quatre-vingt-quinze et pèse dans les cent trente kilos. Sa bouche est proportionnée au reste : il n’arrête pas de bavarder, jour et nuit.
    Nous l’avons surnommé « the Bully » [le Tyran].
    Ancien marin de pont, Charlie avait grandi dans le Midwest et s’était engagé dans la Navy une fois son diplôme en poche. Il avait passé une année à décaper de la peinture et à faire l’imbécile avec ses copains de la flotte, puis il avait intégré le BUD/S. Charlie parlait de la marine comme d’un gang. Il nous racontait je ne sais combien d’histoires de bagarres sur les bateaux, dans les ports ou même en mer. Il avait détesté cette expérience et avait désiré plus que tout devenir un SEAL.
    Charlie était l’un des candidats les plus prometteurs de la promo. Il était brillant et combatif, et il avait été instructeur en combat rapproché pour les SEAL de la côte Est, ce qui jouait évidemment en sa faveur. Il était très à l’aise dans la kill house. Et c’était un tireur hors pair.
    « Oublié de signaler mon mouvement, dis-je.
    — Continue comme ça et tu peaufineras ton bronzage à San Diego. Au moins tu seras beau pour le calendrier de l’an prochain. »
    Les SEAL sont basés à deux endroits : San Diego, en Californie, et Virginia Beach, en Virginie. Il existe une saine rivalité entre les deux groupes, fondée sur la géographie et la démographie. Les différences entre les deux équipes sont infimes. Ils accomplissent les mêmes missions et ont les mêmes aptitudes. Mais les SEAL de la côte Ouest ont la réputation d’être des branleurs de surfeurs, tandis que ceux de la côte Est seraient des péquenots frimeurs.
    J’étais de la côte Ouest, ce qui impliquait un régime spécial de blagues de la part de Charlie, en particulier sur le calendrier.
    « Pas vrai, Mister Mai ? » me dit Charlie avec un sourire en coin.
    Quelques années en arrière, des SEAL avaient posé pour un calendrier, afin d’aider une organisation caritative. Les photos étaient à faire peur et représentaient des types torse nu sur la plage, ou devant les coques grises des navires de guerre, à San Diego. Cette initiative avait peut-être aidé à nourrir les pauvres ou la recherche sur le cancer, mais elle nous a valu des années de moqueries de la part des équipes de la côte Est.
    « Personne n’achèterait un calendrier avec des mecs de la côte Est, blancs comme des cachets d’aspirine. Désolé, vieux, mais nous, on aime bien enlever nos chemises et profiter du soleil de San Diego. »
    C’était un affrontement sans fin.
    « On réglera ça demain, sur le champ de tir », ajoutai-je.
    Je me retranchais toujours derrière le tir. Je n’avais pas assez d’esprit pour tenir tête à Charlie ou aux beaux parleurs de la Green Team. Mes blagues étaient faiblardes. Je préférais leur laisser les échanges spirituels et faire le maximum pour avoir une meilleure note à l’entraînement le lendemain. J’étais un tireur redoutable depuis le jour où mon père m’avait donné mon premier fusil, quand j’étais enfant en Alaska.
    Mes parents n’avaient jamais voulu m’offrir d’arme en plastique pour jouer, vu que depuis l’âge de six ou sept ans, j’avais ma propre carabine .22 long rifle. Dès le plus jeune âge, j’avais su

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