Ce jour-là
coupe-boulons. J’ai touché la charge explosive fixée à mon épaule gauche.
J’ai connecté les antennes aux radios et mis mes écouteurs sur mes pommettes. Cela me permettrait de suivre toutes les communications radio, échangées grâce à la technologie de conductivité par les os. Si je voulais, je pouvais aussi mettre des oreillettes pour me couper de mon environnement sonore et avoir le son directement dans le conduit auditif.
Dans mon oreille droite, je serais branché sur le réseau du commando. Là, j’entendrais mes coéquipiers communiquer entre eux. Mon oreille gauche serait branchée sur le réseau de commandement, ce qui me permettrait de communiquer avec les autres chefs d’unité et le commandement au camp.
En tant que chef d’une équipe, j’avais besoin des deux réseaux, mais, en réalité, il n’y aurait pratiquement pas de communications sur celui du commandement, dans cette mission. Seuls les officiers interviendraient sur le réseau satellite, et l’essentiel du trafic radio, une fois sur cible, serait sur le réseau du commando.
J’avais terminé toutes mes vérifications. Franchi toutes les étapes de la préparation. J’ai donné un dernier coup d’œil à la chambre pour voir si je n’oubliais rien et suis sorti.
Le soleil se couchait. Autour de moi, les autres se préparaient. Il y avait peu d’échanges, seulement des déplacements et des gestes, vérification de l’équipement, sacs qu’on finissait de remplir. La porte claquait contre le chambranle au rythme régulier des allers et venues.
Nous avions prévu de nous retrouver au foyer dans quelques minutes. En me rapprochant, j’ai entendu les pulsations assourdissantes d’un groupe de heavy métal sortir des haut-parleurs. Mon équipe rassemblée, nous avons choisi un coin où attendre McRaven qui voulait nous parler avant la mission.
« Prêt ? » ai-je demandé à Will.
Il a hoché la tête.
Autour de moi, Walt, Charlie et les autres attendaient au sein de leur propre équipe. Quelques heures auparavant nous plaisantions encore sur qui jouerait qui dans le film. À présent, tout le monde était sérieux.
McRaven fit une arrivée plutôt discrète. Nous nous sommes massés autour de lui.
Son petit discours resta au niveau des question stratégiques, domaine dans lequel il se sentait le plus à l’aise. Rien de ce qu’il dit ne s’imprima vraiment dans mon esprit ; j’étais trop concentré sur la suite des événements. Quand il nous quitta, le signal du départ fut donné.
« Tous ceux des Black Hawk prennent les bus 1 et 2 » cria un type des équipes de soutien. Les bus 3 et 4 sont pour les Chinook. »
Nos véhicules attendaient, moteur au ralenti. Je suis monté et j’ai pris un siège vers le milieu. Will s’est installé à côté de moi. Ces bus étaient vieux et poussiéreux Les sièges en vinyle étaient usés jusqu’à la corde à force de transporter, depuis des années, des commandos chargés de tout leur barda.
Le bus cahotait plus qu’il ne roulait. Ses amortisseurs étaient morts, si bien que chaque bosse se traduisait par un à-coup brutal dans les jambes et le dos. Le transfert ne prenait que quelques minutes, mais parut beaucoup plus long.
De puissants projecteurs éclairaient l’extérieur du hangar où les Black Hawk devaient nous attendre. On aurait dit une supernova, et il était impossible de voir au milieu de cette boule de lumière. Un générateur bourdonnait quelque part. Nous sommes descendus et nous sommes passés derrière la barrière qui entourait le hangar.
À l’intérieur, les équipages des hélicoptères procédaient aux ultimes vérifications. Le bruit des rotors rendait toute conversation impossible. Je suis allé pisser une dernière fois contre la palissade. Les hélicoptères prêts, on a ouvert le portail et les appareils ont roulé vers l’extérieur.
J’ai salué d’un signe de tête plusieurs des gars de Chalk Two, leur tendant mon majeur avec un sourire. Nous nous sommes séparés en silence. Tout ce qu’on aurait pu dire aurait été perdu dans le vacarme des rotors, mais les gestes convoyaient le même message.
On se revoit sur place.
Il n’y avait rien d’autre à dire.
Nous nous sommes rangés le long des hélicoptères. J’ai consulté ma montre. Nous avions encore dix minutes. Je suis allé m’allonger un peu plus loin sur le tarmac. La tête posée sur le casque, j’ai regardé les étoiles. Pendant une seconde,
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