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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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plus sérieuse, et les propos plus pondérés.
    Frey analyse le premier tour des élections : « Dans l'ensemble, c'est la stabilité. Nous pouvons espérer conserver tous ou presque tous nos élus parisiens.
    « Pour le second tour, un très faible déplacement de voix peut produire des changements sensibles, mais on peut escompter un certain effet d'entraînement d'un tour sur l'autre. C'est lorsque le régime paraît en cause que nous faisons le plein de nos voix. Il est difficile en revanche de se défendre contre les surenchères de l'opposition dans le domaine économique et social. Le thème à exploiter d'ici le 12 mars est donc la stabilité et la continuité du régime.

    « Il nous faut une doctrine ouvrière claire, attrayante et décidée »
    GdG. — Je félicite ceux d'entre vous qui êtes élus et j'encourage ceux qui restent en lice.
    « Pour ce qui nous concerne (voilà un nous qui l'englobe dans ses députés et ses électeurs), la situation est ce qu'elle était en 1962, avec même une amélioration infime. De même, pour les communistes. Quant à la Fédération, elle se maintient. Ont perdusensiblement les gens du centre, qui pourtant n'avaient guère à perdre 2 .
    « Mais il est vrai que la question ouvrière n'a pas été réglée, dans le Nord, dans le Pas-de-Calais, en Lorraine industrielle. Là, l' adhésion s'atténue et cela tient à ce que notre doctrine ouvrière n'est pas suffisamment affirmée. Il nous faut une doctrine ouvrière claire, attrayante et décidée. La condition ouvrière, c'est plus important encore que le niveau de rémunération.
    « Inversement, il y a un ébranlement des situations acquises au sud de la Loire. Nous y apparaissons comme une force neuve, une force de rénovation et d'innovation. L'élection de Cahors 3 (il regarde dans ma direction) fait apparaître clairement que ce sont les communistes qui font la loi dans l'opposition. Celle-ci devient totalitaire. Cela simplifie le choix et le simplifiera de plus en plus.
    « Si, comme on peut l'espérer, la V e République l'emporte, il n'y aura pas de crise de régime. Dans le cas contraire, c'est le peuple qui trancherait finalement la crise. Cela pourra prendre quelque temps et quelques péripéties.
    Debré. — Mon général, vous insistez sur le fait que l'adhésion se joue sur la condition ouvrière. C'est une notion qui n'est pas claire pour beaucoup de gens.
    GdG. — La condition ouvrière ? Mais elle est faite pour une large part de la dignité des travailleurs. Quand la dignité est reconnue, quand elle s' affirme, la condition ouvrière s'améliore. C'est la question ouvrière qui, avec le désarmement atomique, conditionne désormais les grandes questions de notre temps. »
    Les regards se croisent, s'interrogent. Oui, il a bien dit le désarmement atomique. Il revient sur ce sujet, déjà évoqué dramatiquement il y a quelques minutes, sur la communication de Couve 4 . Tout de même, placer la condition ouvrière au même niveau d'idéal et de difficulté d'atteinte, c'est assez inattendu.

    Matignon, dimanche 12 mars 1967.
    Le soir du second tour, nous sommes réunis à Matignon dans le bureau du Premier ministre, où l'Intérieur nous répercute les résultats envoyés par les préfets. Très vite, nous comprenons que la soirée sera éprouvante. Les mauvaises nouvelles se succèdent.
    Sur les lignes où nous totalisons les élus de la majorité sortante et ceux des oppositions, les chiffres n'arrivent pas à départager lescamps. Tantôt c'est une ligne qui passe en tête, tantôt c'est l'autre. Tard dans la nuit, elles s'immobilisent à égalité, et c'est de Wallis et Futuna qu' arrive enfin le soulagement d'avoir une voix de majorité...
    Mais, au long de cette attente, l'anxiété nous taraude. Nous réagissons comme si l'avenir de la V e République se jouait ce soir, comme si les 485 élections de députés l'emportaient sur l'élection présidentielle. Personne n'ose dire, comme le Général me l'a dit, qu'une courte défaite offrirait la chance de faire une démonstration inédite — que la Constitution peut marcher sans majorité. Nos réflexes restent ceux du régime parlementaire.

    « Il y a eu des événements. Il en faut pour donner du piquant à l'existence »
    Conseil du 15 mars 1967.
    Nous arrivons assez déconfits au Conseil : le second tour a renversé bien des espérances. Parmi nous, Couve, Messmer, Sanguinetti, Charbonnel, ont mordu la poussière. La majorité est si

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