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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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reste les griefs quotidiens. Il n'y a pas eu d'avalanche, mais la tendance traduit un certain mécontentement. C'est dans la nature des choses.
    Debré. — La France est conservatrice depuis des années ; or, nous sommes en pleine phase de mutation. Il en résulte une inquiétude larvée. Nous avons vécu quinze mois de campagne électorale, avec une presse nationale, régionale, locale, professionnelle, confessionnelle qui, semaine après semaine, met au débit du gouvernement tous les griefs de chacun.

    Malraux : « Quant aux jeunes, prenons garde ! »
    Malraux. — Nous avons une majorité mieux assurée que nous ne l'escomptions il y a cinq ans. La question est de savoir si la conjonction qui s'est opérée en face de nous durera ou pas. Il faut tenir assez longtemps pour que ce bloc contre nature se dissocie, et il se dissociera, un peu plus tôt, un peu plus tard. L'enjeu est énorme.
    « Il faut une politique sociale plus généreuse : il faut distribuer nos caisses pleines. Quant aux jeunes, prenons garde !
    « Le gaullisme est le destin de la France. Tout ce qui est en face, ce sont des combinaisons. Pas un contradicteur n'a compris ce que le général de Gaulle tente depuis tant d'années. À nous de faire en sorte que la réalité gaulliste soit mieux comprise.
    Billotte. — Les jeunes ne nous donnent pas plus de 20 % de leurs suffrages. La prochaine fois, ce sera grave. Ils ne veulent pas qu'on leur parle de stabilité, mais de mouvement. Ils veulent participer à la préparation de leur avenir. Par-ti-ci-per. (Il martèle les syllabes. Pompidou fait la grimace : il accepte les piques, il n'aime pas qu'on insiste lourdement.)
    Jeanneney. — Depuis des années, l'État donne l'impression qu'il s'occupe de tout, et pourtant les candidats de la V e République gardent la majorité : ce n'est pas si mal. Le gouvernement concentre sur lui la mauvaise humeur. Il s'occupe de trop petites choses ; le ministre qui doit trancher sur le licenciement d'un ouvrier ! Ce n'est pas raisonnable. Il faut accroître les responsabilités locales. La mode des clubs 7 est significative. Il faut donner à la jeunesse l'occasion de discuter.
    Missoffe. — La nouvelle génération de jeunes a pris consciencede sa force. Elle tend à considérer qu'on a des devoirs vis-à-vis d'elle et qu'elle n'a pas de devoirs vis-à-vis du pays. Elle entre dans la vie active plus tard qu'autrefois, et la période où elle n'est pas encore insérée et encadrée est propice aux comportements excessifs et irrationnels.
    Charbonnel (battu en Corrèze). — Je me suis heurté au mécontentement d'un monde agricole encore imprégné de poujadisme. Il y a sur le terrain une administration en dissidence ; les instituteurs, les postiers, les facteurs sont les militants de l'opposition.
    Marcellin. — Je voudrais saluer la bonne organisation de la campagne : elle a été la mieux organisée depuis la Libération. Les interventions sur le plan national ont été excellentes (Pompidou boit du petit lait) ; tout a été fait en temps voulu. Toute la rancoeur des intérêts était contre nous, et pourtant nous avons la majorité absolue. Les Français savent au fond que beaucoup a été fait. Depuis dix ans, jamais les Français n'ont tant voté, et ils ont toujours donné leur confiance au général de Gaulle. Si ce n'est pas un triomphe, c'est quand même un succès.

    Pompidou : « Le mythe abusif de la gauche a ressuscité »
    Pompidou. — Laissons de côté les explications de détail, comme la saison, qui porte à s'ébrouer, ou les déclarations d'impôt, qui sont tombées juste avant. Mais c'est vrai, les rapatriés nous ont fait perdre une dizaine de sièges dans le Midi.
    « Le fond de l'affaire est la coalition de tous les partis contre nous. Quand le général de Gaulle n'est pas directement en cause, le pourcentage d'adhésion diminue sensiblement.
    « En 62, le pourcentage s'est élevé à 37 %, et à la surprise générale, cela a suffi à balayer les oppositions. Nous avons réussi à maintenir ce pourcentage, et même à l'améliorer un peu. C'est miraculeux. Mais les accents de triomphe après le premier tour ont eu un effet désastreux. Il ne faut donc pas se demander pourquoi nous avons perdu des voix, mais pourquoi nous en avons gagné.
    « Ce qui a été dit à propos des voix ouvrières est inexact, Goguel l'a montré. Ce qui nous a fait défaut surtout, ce sont les catégories menacées : agriculteurs, petits commerçants,

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