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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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salariés des mines, de la sidérurgie, des chantiers navals. Tout ce que nous avons fait pour les aider n'a servi de rien. La peur est plus forte que les satisfactions obtenues. Mais là où les choses vont normalement, nous n'avons pas perdu de voix ouvrières. (Autrement dit : ce n'est pas un problème de "condition ouvrière " contrairement à ce que répète le Général, mais de conversion économique.)
    « Que faire ? La droite est irréconciliable. On peut reprendre un peu sur la classe paysanne, sur les commerçants, avec la TVA. Mais nous sommes pris dans la difficulté, parce que nous avons en facede nous à la fois une velléité de changement, et un désir profond de revenir en arrière.
    « Ce qui est fâcheux, c'est que le mythe abusif de la gauche a ressuscité. C'est un mythe ! Dans le Midi, la gauche, c'est la réaction la plus totale. Roland Dumas avait pour suppléant le président du comité Tixier- Vignancour. Il faut détruire ce mythe. Le travail politique des députés compte autant que le travail du gouvernement : c'est ainsi que nous avons sauvé le Rhône, le Finistère.
    « Mais ne parlons pas à tort et à travers de politique sociale. Ou c'est de la phraséologie, ou c'est une entreprise de très longue haleine.

    « La hantise du changement prend le dessus et nous disperse »
    GdG. — La bataille électorale n'est ni belle ni exaltante. Vous en restez marqués. Ce que vous gardez à l'esprit est assez mélancolique.
    « Pourtant, au total, avons-nous reculé par rapport à 62 ? Non. Nous avons même quelque peu augmenté le pourcentage. Le fait est là, bien que le corps électoral se soit accru de trois millions et demi d'électeurs. Nous en avons ramassé deux millions. Les communistes, un million.
    « Voilà les faits. Ils sont d'autant plus frappants que le pays n'avait que de petits soucis. Il n'était menacé ni du dedans ni du dehors, il n'avait pas à se mesurer sur l'État, sur la France, sur le général de Gaulle.
    « Le pays est en mutation. Cela l'engage à des confrontations verbales. C'est le génie du socialisme, du communisme, que de les cultiver et de s'y sentir à l'aise. Mais, depuis 1940, qui donc a changé quelque chose à l'état social, à l'éducation nationale, et même à l'agriculture ? Il n'y a que nous. Je me suis fait jadis l'effet d'être le seul révolutionnaire. Ça reste vrai. Le pays est bouleversé par la mutation que nous accomplissons. Alors, quand la peur disparaît, la hantise du changement prend le dessus. La peur nous rassemble, la hantise nous disperse.
    « La Fédération est apparue comme quelque chose de neuf. Le colonel de La Rocque, c'était neuf aussi. Le RPF, c'était neuf. Mendès, c'était neuf. La nouveauté passe. Et puis, il n'y a là que des mots. Les opposants peuvent s'agiter sur la place publique, ils ne peuvent pas changer les choses. Pour les changer vraiment, il n'y a que nous.
    « Ça ne plaît pas à tout le monde. Mais ce n'est pas nouveau, ça. Pensez à la situation de la France sous Louis XIII et Richelieu. Si on avait voté alors, les Français auraient voté contre Richelieu !
    « Nous n'en sommes pas là. Il y a une majorité à l'Assembléenationale, et c'est l'Assemblée nationale de la nouvelle Constitution. Le gouvernement y a la primauté, il a l'initiative des lois, et il peut se servir de la peur d'un retour devant les électeurs.
    « La majorité est étroite, plus que je ne le pensais. Je n'avais pas imaginé que nous perdrions plus de vingt sièges. Mais les autres, ils n'auraient pu réunir qu'une majorité négative, une majorité d' opposition. Elle est sans avenir.
    « Cela dit, nous aurions pu faire mieux. Quant à l'organisation, quant au choix des candidats. Mais vous savez, quand 35 sièges ont été perdus ou gagnés sur 20 000 voix, il est vain d'interpréter.
    « L'essentiel, demain, est que notre audience ne diminue pas, que d'autres voix ne nous échappent pas, que les électeurs nouveaux viennent à nous, que les opposants soient divisés dès qu'il faut agir — mais agir, ils n'y pensent même pas ! Mitterrand, Mendès, Guy Mollet, aucun ne dit au pays ce qu'il s'agit de faire. Il ne faut pas leur passer la France.
    « Quant à la majorité, pour Dieu, qu'elle reste cohérente ! Il n'est pas question d' opprimer les députés, mais ce serait une mauvaise action nationale que de porter atteinte à la solidarité de la majorité.
    « En définitive, le pays a son destin entre les mains. Il

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