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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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accords de 1954, et cela signifie le départ des Américains : ils doivent faire ce que nous avons fait en Indochine et en Algérie. Voilà ce que nous dirons, sans méchanceté pour les États-Unis, mais au nom de notre amitié pour eux et de leur intérêt bien compris. »
    Tant de fois nous avons entendu la même analyse, dans le secret du Conseil. Nous ne pouvons imaginer la déflagration que va déclencher le fait de déclarer ces évidences dans le stade de Phnom Penh, à la face du monde et à moins de 200 kilomètres des lieux du combat.

    Conseil du 15 septembre 1966.
    Couve raconte ce que fut la réception du Général au Cambodge, « extraordinairement fastueuse et amicale. La grande affaire était le discours du général de Gaulle au stade de Phnom Penh. Les réactions ont été ce qu'on pouvait attendre. Personne ne pense que les États-Unis veuillent laisser les Vietnamiens décider eux-mêmes de leur sort. La question est de savoir si le grain semé germera. On peut penser que la réponse est affirmative, faute d'une autre issue ». Le Général, comme souvent en Conseil, est d'autant plus laconique que le sujet lui paraît important.
    GdG : « Sihanouk avait mobilisé tout le Cambodge, qui avait très volontiers répondu à l'appel. C'était (il cherche le mot) sensationnel !
    « Ce fut un discours clair. Nous ne pouvons empêcher les choses de s'étendre. Mais il fallait marquer nettement la seule voie possible, celle que nous avons prise nous-mêmes — dans des circonstances différentes. »

    « C'est la première fois que je suis traité de chien par des Pékinois »
    Conseil du 27 octobre 1966.
    Couve donne pour la première fois des nouvelles de la Révolution culturelle qui fait rage en Chine. De Gaulle écoute et ne dit rien.

    La même scène va se passer aux Conseils du 11 janvier 1967, du 1 er février, où Couve doit rendre compte de l'hystérie anticapitaliste, c' est-à-dire anti-occidentale, qui a saisi la foule, et des incidents qui ont eu lieu à l'ambassade de France, lapidée par les « gardes rouges ».
    Pas davantage le 8 février, quand Couve annonce que notre conseiller commercial, Robert Richard, et sa femme ont été empêchés de longues heures de sortir de leur voiture couverte de crachats, et qu'à la suite d'échanges de protestations, les relations entre la France et la Chine sont « détériorées pour longtemps ».

    Même silence le 15 février, quand Couve peut annoncer que les manifestations devant notre ambassade ont cessé ; et encore le 8 mars 1967, quand paraît s'esquisser un retour à la normale, grâce à une certaine reprise en main par Chou En-lai.
    Silence encore, du moins en Conseil, quand un cortège de « gardes rouges » défile en mai 68 à Pékin avec des banderoles : « Non à la tête de chien de De Gaulle. » Le Général se contente de nous dire avec amusement, en nous serrant la main : « C' est la première fois que je suis traité de chien par des Pékinois. »

    Silences retentissants. Lui qui est naturellement à l'aise chaque fois que l'Histoire entre en convulsion, le voici muet. Je crois qu'il encaisse très mal ces défaillances de la Chine : elle gâche, dans son tohu-bohu interne, le rôle international qu'il s'attendait à lui voir jouer ; elle remet en cause la pertinence du choix qu'il avait fait quand il avait voulu que la France soit la première puissance occidentale à échanger des ambassadeurs avec une capitale que toutes les autres tenaient à bout de gaffe. Elle lui a manqué.
    1 L'empereur Hailé Sélassié a fait une visite officielle en France en juillet 1959.
    Toujours pas de commentaire du Général.

IV
    « PLUS LA SITUATION PARLEMENTAIRE EST INCERTAINE, PLUS LE GOUVERNEMENT SE DOIT D'AGIR »
    Avril 1967 - Mai 1968

Chapitre 1
    « LES FRANÇAIS AURAIENT VOTÉ CONTRE RICHELIEU »
    Conseil du 8 mars 1967.
    Le premier tour des élections législatives a eu lieu dimanche. On avait tellement annoncé dans la presse la victoire quasi certaine de l'opposition, que les résultats ont laissé les commentateurs interdits. Dans les journaux, les radios et les télévisions, les journalistes proclament leur stupeur 1 . Depuis, les vedettes de la majorité sortante, croyant donner du courage à leurs partisans, se répandent sur les antennes en chants de victoire.
    En entrant dans la salle du Conseil, les ministres ont la mine réjouie et échangent congratulations et confiants encouragements. Quand on s'assied, l'ambiance devient

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