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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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était évidente. Le Canada français n'admet plus le système où il est enfermé.
    « Après notre départ, il y a deux cent quatre ans, pendant cent quatre ans les Français ont été gouvernés par les Anglais. Repliés sur eux-mêmes, s'enfermant dans leurs fermes, ils ont gardé leur langue, leur identité, avec passion. Mais la France ne prenait avec eux aucun contact.

    «En 1867, il y eut l' " acte de l'Amérique britannique". En réalité, l'autorité restait aux mains des Anglais.
    « Le peuple ne veut plus de cette domination dans laquelle il est encore. Ils ne l'ont pas rejetée absolument, parce qu'ils n'avaient pas encore pris conscience d'eux-mêmes.
    « Trois thèmes ont été développés, soit par nos interlocuteurs, soit par nous-mêmes.
    « 1. Ils sont un morceau du peuple français.
    « 2. Il faut qu'ils prennent en main leur destin.
    « 3. Pourquoi la France ne s'est-elle pas occupée de nous ?
    « Certes, notre gouvernement royal avait sur les bras les guerres du continent, il ne pouvait plus envoyer une escadre outre-mer. Mais surtout, il y a eu un renoncement des cadres, des élites. Le fond même de la population française n'était pas intéressé. Il y a eu des personnalités, Champlain, Montcalm, comme aux Indes Lally-Tollendal ou Dupleix. Mais la masse ne s'y intéressait guère. Et quand nous sommes partis, les capacités sont rentrées en France. Seul le populo est resté.
    « Ils étaient 60 000 alors ; ils sont six millions et demi. Ils ont un sentiment profond : pourquoi la France nous a-t-elle laissés tomber pendant si longtemps ?
    « J'ai pris en charge cette passion unanime et évidente. Puisque j'étais la France, j'ai parlé sans équivoque.
    « Je n'ai pas dit : "Révoltez-vous." Il faudra qu'ils fassent des arrangements avec les Anglais. Il y a la proximité des Américains. Ils doivent faire partie d'un ensemble, et qui s'entende avec ses voisins. Mais sur la base de la liberté, de l'indépendance. Ils vont vers la constitution d'un État. Après quoi il y aura des arrangements, confédéraux ou autres.
    « Le gouvernement fédéral ne pouvait pas laisser passer cela. Ils ont fait ce communiqué après lequel il était impossible d'aller à Ottawa.
    « Il y avait une opération que depuis deux cent quatre ans la France se devait de faire. Cette opération a été faite. Elle aura des conséquences, dans la mesure où le Canada français le voudra, et il le veut. La France n'a pas à tirer de conséquences. Elles le seront au Canada, au point de vue international et national.
    « Comme c'était une opération française, elle a déclenché la fureur de tout ce qui est anglo-saxon, qui a été touché au plus vif. Il y a eu du côté anglais une immense hypocrisie. Ils ont vouludissimuler la situation, donner le change, faire croire que ce n'était pas comme ça, alors que c'était comme ça. C'est naturel.
    « Ce qui n'est pas naturel, ce qui est inimaginable, c'est l'attitude de la presse française ou soi-disant telle.
    « J'ai dit que le Québec devait être libre. Il le sera.
    « C'est la France toute seule qui pendant deux cent cinquante ans a créé et peuplé le Canada, lui a donné son âme et son esprit. On ne peut pas se désintéresser du Canada. On ne peut considérer le Canada au même titre que les autres pays.
    « Les choses ne sont pas réglées. Elles commencent seulement.
    « Un dernier mot, sur les universités canadiennes françaises. Elles ne se sont consacrées à l'industrialisation que très tard. Mais on y trouve une jeunesse ardente ; ces jeunes sont résolus à devenir patrons de leur propre pays. »

    « Ah ! Je pensais que vous aimiez la France ! »
    Rue Le Tasse, 3 août 1967.
    Pauline Vanier 7 est venue dîner chez nous ce soir. Il suffit de la voir pour mesurer la difficulté de l'entreprise du Général. À peine assise, elle éclate en sanglots : « Comme je suis heureuse que Georges soit parti à temps pour ne pas vivre cette tragédie ! Depuis la France libre, il avait une admiration sans borne, une véritable dévotion pour de Gaulle. Et toute sa vie, il n'a eu qu'un but : construire un Canada uni, travailler pour le rapprochement des deux communautés. Il n'aurait pas supporté cette épreuve ; je remercie Dieu de la lui avoir épargnée. »
    Quand elle a séché ses larmes, elle revient aux souvenirs de la guerre : « Les Canadiens anglais étaient gaullistes, parce qu'ils soutenaient le combat du Général contre Hitler. Mais les

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