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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Canadiens français étaient pétainistes, parce que le Maréchal leur semblait personnifier la vieille France, celle d'avant 1789, à laquelle la Nouvelle-France était restée fidèle, tandis que la France de la Révolution et de la République l'avait trahie.
    « Ça a été le combat de mon mari, pendant ces années-là, de faire comprendre au Québec et à Ottawa que le vrai représentant de la France de toujours, de celle qui s'était battue pour la liberté, c'était de Gaulle.
    « Il a fini par convaincre Mackenzie King de rompre avec Vichy en lui répétant que le " gouvernement de Pétain avait été conçu dans le péché de trahison". Ce langage passait très bien avec les Canadiens français. »
    Elle remonte jusqu'à son premier souvenir de De Gaulle, enjuillet 1940. Après l'armistice, son mari, ministre plénipotentiaire du Canada en France, avait quitté Paris avant de recevoir un poste à Londres. Tous deux éprouvaient un vif désir de rencontrer le Général. Ils furent les premiers Canadiens qu'il ait rencontrés à Londres. Elle se trouvait placée à côté de lui au cours d'un dîner.
    Elle lui explique qu'elle s'occupe, à la Croix-Rouge, des militaires français blessés à Dunkerque. De Gaulle la coupe : « J'imagine que vous les encouragez à se rallier à moi. » Elle lui répond qu'elle est obligée, à cause des fonctions de son mari, de rester neutre. De Gaulle lui réplique : « Ah ! Je pensais que vous aimiez la France ! »
    « C'est la première fois que je le voyais, c'est la première fois qu'il m'a fait pleurer, mais ce n'était pas la dernière. »

    Pompidou : « Une gaffe regrettable »
    Matignon, jeudi 31 août 1967.
    Pompidou me demande de venir lui parler de l'avancement du dossier et de mon prochain voyage au Québec.
    Pompidou : « Je suis très favorable à la francophonie. Je dirai même plus que le Général, qui a peur de provoquer une réaction hostile de la part des pays colonisés. Il répète : "Donner et retenir ne vaut. Il ne faut pas avoir l'air de les recoloniser." Je n'ai pas ces scrupules. Je vois souvent Senghor, qui ne cesse de m'en parler. C'est sa grande pensée, ça devrait être la nôtre.
    « Mais je crains que le discours de Montréal n'ait été une gaffe regrettable, qui va susciter des antagonismes et non des ralliements et compromettre la mise sur pied de l'ensemble francophone. »
    C'est pourtant Pompidou qui a eu le réflexe filial de battre le rappel des ministres pour qu'on ne puisse pas douter de la solidarité sans faille du gouvernement.

    Pompidou : « Tout ça, qu'est-ce que ça peut nous rapporter ? Seulement des ennuis »
    Pompidou : « Qui emmènerez-vous avec vous ?
    AP. — Les fonctionnaires avec lesquels nous allons travailler d'ici à la fin du mois pour préparer un programme. Ce sera technique et non politique.
    Pompidou. — Vous voulez rire ! Après le voyage du Général, tout est hautement politique. Je ne vous recommande pas d'emmener Rossillon. C'est un extrémiste, qui nous mettrait à dos la terre entière. Une vraie chance que le Général ne l'ait pas emmené dans sa visite. Il aurait bien trouvé quelque bombe supplémentaire à lui refiler. Le gouvernement canadien le considère comme un dangereux espion. Ce n'est pas le moment de lui donner unecouverture officielle. Si vous l'emmenez, vous ne pouvez pas imaginer ce qu'il sera capable de faire. »

    Je n'avais pas de raison d'emmener Rossillon, qui ne participait pas aux réunions préparatoires de mon voyage. Mais curieusement, j'apprendrai, au cours de mon séjour au Québec, que cet activiste talentueux de la francophonie s'y trouve en même temps que moi et a joué un rôle majeur pour la prise de contact avec les Acadiens.
    Pompidou reprend : « Les formules du Général sur le peuple juif et sur le Québec libre, ces drames en série, c'était si facile à éviter ! Puisqu'il écrit tous ses textes, il avait dû écrire aussi ceux du Québec. Il aurait bien pu me les faire lire. J'aurais pointé mon doigt dessus et il n'aurait pu qu'accepter ma mise en garde. Mais il est comme un enfant qui joue avec des allumettes en se cachant des adultes. »
    (En mai 1962, après l'incident du « volapük 8 », il m'avait dit : « Il suffirait qu'il montre le texte de ses conférences de presse, puisqu'il les écrit et réécrit quatre ou cinq fois, à Couve, à vous ou à moi ; et nous repérerions aussitôt ce qui va faire un drame. Mais il est trop orgueilleux pour nous

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