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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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soumettre un texte. » Le ton se fait plus critique : pour lui, ce n'est plus de l'orgueil, c'est de l'enfantillage.)
    Il ajoute, comme s'il surmontait une hésitation : « Tout ça, qu'est-ce que ça peut nous rapporter ? Seulement des ennuis. Mais il a l'impression de faire avancer l'Histoire par un événement phare. »
    Oui, « à coups de boutoir ».

    « Le Québec s'est réveillé et la France a resurgi »
    Conseil du 23 août 1967.
    Couve dresse le bilan des relations franco-québécoises : éducation, culture, économie, finances. Il se réjouit de ce qui marche, déplore ce qui ne marche pas, comme s'il avait adhéré sans réserve aux idées du Général sur les « Français du Canada ».
    Le Général reprend : « Le fait français du Canada est maintenant sur la table, sentimentalement et politiquement, sur place et en France. C'est une situation presque unique au monde : un pays dont une partie de son peuple est ailleurs. »
    Le Général n'y va-t-il pas un peu fort ? Les Britanniques n'ont-ils pas laissé une partie de leur peuple aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande ? Et la France n'avait-elle pas laissé une partie de son peuple en Algérie, avant que les Algériens ne la forcent au rapatriement ?
    « Jadis, poursuit-il, les Français du Canada s'étaient laissé cantonner hors du progrès. Maintenant, ils sont bien décidés à rattraper leur retard et à mettre les bouchées doubles. Le Québec s'est réveillé et comme la France, de son côté, a resurgi, les Québécois se tournent vers la France. C'est un fait considérable ; nouveau à cause de leur propre évolution, et peut-être aussi de la nôtre.
    « Nous ne pouvons pas coopérer avec le Québec comme avec n'importe quel autre pays ; ce cas unique doit être privilégié. En plus, il nous faut aider les Québécois à se constituer un État et une fonction publique. Il faut les doter d'une École nationale d'administration. Quant à l'économie, nous n'avons aucune véritable relation avec le Québec. Les patrons français, comme toujours, ne se soucient nullement de l'intérêt national. Ils préfèrent investir aux États-Unis ou en Ontario, alors que nous devrions créer une véritable osmose économique avec le Québec. Nous pouvons l'aider à se développer dans l'énergie atomique, l'industrie aérospatiale, l'électronique, l'informatique. Les Québécois ne voudraient pas être condamnés à un tête-à-tête avec la NASA américaine. »
    Maurice Schumann propose d'admettre le Québec dans la préparation du futur satellite de communication « Symphonie ».
    Edgar Faure propose une coopération de l'Institut national agronomique. Un Conseil restreint dressera un programme détaillé et chiffré avant mon départ pour le Québec.

    « Il ne faut pas que vous alliez à Ottawa ! »
    Ma petite équipe a bien travaillé, ce mois d'août 9 . Trois douzaines d'actions pratiques ont été imaginées, depuis l'institution du dépôt légal de toute publication dans les Bibliothèques nationales des deux pays, jusqu'à la création d'un Office franco-québécois pour la jeunesse sur le modèle de l'Office franco-allemand ; en passant par la création d'un centre franco-québécois pour le développement pédagogique, d'un autre pour l'enseignement technologique, d'un autre pour la recherche scientifique. Des chercheurs québécois seraient admis au CNRS dans les mêmes conditions que les chercheurs français.

    Après plusieurs réunions interministérielles, nous avons retenu 25 actions. Le 1 er septembre 1967, un Conseil restreint les entérine. Le nombre des enseignants français envoyés au Québec passerait de cent à mille en trois ans, de même que les bourses offertes aux étudiants québécois pour la France.
    Salon doré, le même jour, le Général, en tête à tête, a hâte d'en venir au fond de l'affaire, qui est politique ; un fond où la forme compte pour beaucoup.
    GdG : « Il ne faut pas que vous alliez à Ottawa ! Prenez vos dispositions en conséquence ! Il y a trop peu de temps que l'incident s'est produit. Les Canadiens anglais m'ont manqué. Il faut leur faire comprendre qu'on n'agit pas ainsi. Ils se fermaient les yeux devant le fait français ; ce n'est pas ma faute si ce fait français s'est révélé. N'ayez pas l'air de vous excuser en allant les voir à Ottawa.
    AP. — Il y a une bonne raison pour me rendre à Québec, où va se tenir la Biennale de la langue française, et à

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