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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Montréal, puisqu'il y a l'Exposition.
    GdG. — Naturellement ! Sans vous croire pour autant obligé d'aller dans la capitale fédérale ! D'ailleurs, il n'y a aucune raison pour que les ministres français qui iront à Montréal ou à Québec à l'avenir fassent un pèlerinage à Ottawa. Tout récemment, un ministre canadien est venu commémorer le vingt-cinquième anniversaire du commando de Dieppe, mais il n'est pas venu à Paris. Pourquoi voudrait-on faire plus qu'eux ? (Rien ne lui échappe.)
    « Naturellement, le Quai d'Orsay ne se fait pas à tout cela. Ces gens-là sont anglophiles. Ils ont peur de faire prévaloir l'intérêt français. D'ailleurs, ça ne date pas d'hier. C'est pourquoi, depuis deux cents ans, on ne s'était jamais occupé des Français du Canada. »
    Il revient sur un thème plusieurs fois abordé, qui est pour lui si central qu'il ne craint pas de se répéter : Ottawa fête cette année le centenaire de la « soi-disant confédération canadienne ». « En réalité, ce n'est pas une confédération, c'est une fédération, qui prétend être seule souveraine, qui dénie toute souveraineté aux provinces et qui a placé les Français dans une position humiliante. Il y a toujours quelque Laurier ou Saint-Laurent pour servir de marionnette. Mais ce sont les Anglais qui tirent les ficelles.

    « Dans cette fausse confédération, les provinces ne sont pas souveraines »
    AP. — Dans vos allocutions du Québec, vous n'avez pas abordé ces notions de "confédération" ou de "fédération".
    GdG. — Ce ne sont pas des thèmes pour des discours de plein vent. On a quand même bien compris que je ne suis pas allé au Québec pour fêter le centenaire de la Constitution canadienne, mais pour sceller les retrouvailles de la France d'Europe et de la France d'Amérique. Dans cette fausse confédération, les provinces ne sont pas souveraines. Le propre d'une confédération, c'est d'être composée d'États souverains, qui peuvent faire sécession. Le vocabulaire du XIX e siècle était encore flou. Ce qui est aujourd'hui souhaitable, c'est que le Québec forme une confédération, au sensmoderne du mot, avec les provinces anglophones qui, si elles le souhaitent, pourraient former entre elles ce qu'elles sont déjà, c'est-à-dire une fédération.
    « Sur la base de cette souveraineté reconnue préalablement, le Québec pourrait mettre en commun avec les provinces anglophones des compétences particulières — économiques, monétaires, sécurité commune — comme la France accepte ou acceptera de le faire dans le cadre européen. Mais d'abord, il faut que le Québec change de statut. Si le Québec est fort, les Canadiens français de tout le Canada relèveront d'autant mieux la tête.
    AP. — Il y a un signe qui ne trompe pas. Parmi les nouveaux immigrants au Québec — d'Europe centrale, d'Allemagne, d'Italie, de Grèce —, neuf sur dix choisissent de s'assimiler à la minorité anglophone plutôt qu'à la majorité francophone. Ils ont compris que la minorité était dominante et que la majorité était dominée.
    GdG. — Parbleu, les Anglais font pression sur eux dans ce sens ! Même au Québec. Le Canada est formé de deux entités distinctes, l'une qui est un morceau du peuple français, l'autre qui est un morceau du peuple anglais, avec en plus des immigrants qui sont aussitôt dirigés vers cette seconde entité ! Les Français y détiennent une capacité politique, et c'est leur chance. Leur seule chance. »
    « Le Québec libre » : ce n'est pour lui ni la révélation d'une réalité, ni la prédiction d'un avenir inéluctable. C'est un objectif ; un appel. Et c'est aux Québécois de se donner cet objectif, de répondre à cet appel.

    « Il faut ouvrir au Québec des fenêtres sur le monde »
    Au cours d'un Conseil des ministres, le Général avait lancé au secrétaire d'État à la Coopération, Jean Charbonnel :
    « Il ne s'agit pas seulement de coopérer avec les Africains ! Il y a les Canadiens français ! D'une façon générale, ce qui a droit à notre aide prioritaire, c'est la francophonie, qui doit être une de nos grandes entreprises. »
    Aussi ai-je prêté l'oreille à Dorin, quand il a attiré mon attention sur la prochaine conférence bi-annuelle des ministres de l'Éducation français et africains 10 , qui doit se tenir à Libreville en février 1968.
    Je signale cette circonstance au Général : « Nous pourrions y faire inviter le Québec. Ce serait lui

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