Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
notre effort commun. Pour ce qui est de la culture et de l'enseignement, M. Peyrefitte, à qui je confie cette lettre, vous indiquera ce que le gouvernement de Paris est prêt à faire tout de suite et qui est assez considérable.
    « Laissez-moi vous répéter que j'ai été touché jusqu'au fond de l'âme par l'accueil que m'a fait le Québec et quelles satisfactions m'ont données notre rencontre et nos entretiens sur le sol du Canada français, succédant à ceux de Paris.
    « En vous demandant de présenter à Mme Daniel Johnson mes très respectueux hommages, auxquels ma femme joint ses meilleurs souvenirs, je vous prie de croire, mon cher Premier ministre, à ma très haute et amicale considération. »

    « Il faut créer des faits accomplis ! »
    Le Général me précise ce qu'il attend de moi. D'abord, une mission qui deviendra publique à son terme : « Négociez avec le gouvernement du Québec des accords de coopération étroite.Enfin, tout ce que vous avez préparé et que le Conseil des ministres a entériné avant notre départ pour la Pologne. »
    Ensuite, une mission secrète. Le Général prend sa respiration, comme quand il veut dire quelque chose d'important : « Et puis, je voudrais proposer à Johnson d'établir entre le Québec et la France la même organisation qu'entre la France et l'Allemagne. Il n'y a aucune espèce de raison pour que nous ayons des relations moins étroites avec les Québécois, les seuls Français habitant massivement en dehors de la France, qu'avec nos ex-ennemis héréditaires. Alors, il faudrait qu'une fois par an, le Premier ministre et les principaux ministres du Québec viennent à Paris nous rencontrer, et que, six mois plus tard, le Président et le Premier ministre français, avec les principaux ministres, rendent la visite au Québec.
    AP. — Il y a une différence avec l'Allemagne fédérale, c'est qu'elle est un État indépendant, dont le gouvernement est souverain ; alors que le Québec est une province d'un État fédéral et que le gouvernement provincial n'est pas libre de ses mouvements.
    GdG. — Justement, pour l'aider à avancer, il faut créer des faits accomplis ! Les Québécois voudraient bien être un pays souverain, mais ils ne savent pas comment s'y prendre. Alors que les visites que nous nous rendrions mutuellement feraient naître des habitudes nouvelles.
    « Ce n'est quand même pas comme si nous déclarions la guerre au Canada ! Le Canada est tenu en main par les Anglais ou par des Français collaborateurs. Nous n'avons aucune raison d'avoir avec lui des rapports d'hostilité. Mais il faut bien qu'il se rende compte que les Canadiens français ont des raisons de se sentir plus proches de la France que les Canadiens anglais.
    « Ce que nous sommes prêts à faire au point de vue politique est beaucoup plus considérable encore que ce que nous allons faire dans les domaines techniques. Pour cette partie-là de votre mission, il vous faut sonder Johnson tout en essayant de le convaincre. Tâchez de pousser les feux. Mais n'en parlez à personne. »
    À commencer, évidemment, par le chef du Quai d'Orsay, qui est en train de prendre son petit déjeuner dans le même château de Wawel, à quelques mètres de nous.
    Il est curieux que le Général me demande de court-circuiter Couve pour cette mission spéciale, alors qu'il y ajuste un an, en septembre 1966, il l'avait chargé de se rendre à Québec et de proposer à Johnson la création d'une Commission permanente de ministres français et québécois, qui serait chargée de gérer les relations entre « les deux communautés françaises ». Il ne s'agissait encore que de transposer le système de la Commission franco-soviétique. C'était moins audacieux que de copier le système franco-allemand ; mais il s'agissait bien, tout de même, d'organiser des liens directs entre « les deux communautés françaises », et donc de court-circuiter Ottawa... Couve s'était acquitté scrupuleusementde cette mission délicate et avait même, lui si modéré dans son expression, fait à Québec des déclarations publiques qui allaient vigoureusement dans ce sens. Pourquoi le Général se cachait-il, un an plus tard, de son ministre des Affaires étrangères qui, comme toujours, lui avait été parfaitement loyal ? Probablement après le « Québec libre », avait-il senti que Couve désapprouvait ce « mot de trop ».
    Je lui fais remarquer qu'en appliquant au Québec les institutions de la coopération

Weitere Kostenlose Bücher