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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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franco-allemande, il serait amené à y retourner lui-même chaque année, ce qui n'irait pas sans soulever des difficultés avec le Canada.
    GdG : « Justement, nous allons proposer au Québec une coopération bilatérale de plus en plus étroite, qui aboutira de facto à ce que la France traite le Québec comme un État souverain.
    « Chaque visite sera le moyen de réchauffer les sentiments. Pour que le monde avance, il faut des moments d'exaltation qui répondent aux aspirations profondes des peuples. »
    Ainsi, le long du Chemin du Roy, puis du haut du balcon de l'Hôtel de Ville de Montréal, le Général avait déclenché la phase un de l'opération qu'il caressait depuis au moins six ans. À son retour à Paris, il a déclenché la phase deux : une ambitieuse coopération bilatérale. À Cracovie, il déclenche la phase trois : aboutir à ce que la France traite le Québec comme un Etat souverain.
    1 Le Quai d'Orsay s'est récrié, puis, sous la pression de l'Élysée, s'est incliné. La délégation générale du Québec aura tous les privilèges des ambassades, mais ne sera pas inscrite dans la liste diplomatique.
    2 Le Général ne doit pas savoir que, dès la fin du XIX e siècle, le Québec avait installé une agence à Paris.
    3 Voir supra, l'entretien du 3 septembre 1962 (ch. 1, p. 305) et celui du 10 novembre 1965 (ch. 5, p. 329).
    4 Le 15 août 1914, le lieutenant de Gaulle a été fauché par un tir de mitrailleuse allemande en menant sa section à l'assaut du pont de Dinant.
    5 Le roi Baudouin de Belgique et la reine Fabiola, mariés en décembre 1960, sont venus en voyage officiel en France du 24 au 27 mai 1961.
    6 Montreal Star, 1 er août 1967 ; cité dans P.-L. Mallen, Vivre le Québec libre, Plon, 1978, p. 251.
    7 Voir plus haut, ch. 6, p. 334.
    8 C'était de Gaulle, t. I, II e partie, ch. 7.
    9 Notamment Bernard Dorin, le plus apte par sa connaissance du terrain à trouver des idées nouvelles pour amplifier la coopération franco-québécoise.
    10 Cette conférence réunissait deux fois par an les ministres de l'Éducation nationale de l'Afrique francophone et de la France, une fois en Afrique, l'autre à Paris.

Chapitre 8
    « MON AMI JOHNSON »
    Dimanche 10 septembre 1967.
    À Dorval, aéroport de Montréal, je mets pour la première fois le pied sur la terre canadienne.
    Dans cette Amérique du Nord où je ne connaissais que l'écrasante présence des Anglo-Saxons, je reçois un choc en plein visage. Le ministre chargé de m'accueillir, Marcel Masse, ayant quelques minutes de retard, le porteur, le policier, le chauffeur de taxi, lorsque je m'adresse à eux en anglais, hochent la tête pour me faire comprendre qu'ils ne parlent pas cette langue, et me répondent en français.
    Mais Marcel Masse arrive et nous voici filant vers Montréal. Il me dit en baissant la voix que Johnson vient d'être victime d'une « petite attaque cardiaque » et qu'il garde la chambre à l'hôtel Bonaventure, à côté de l'Hôtel-Dieu, où son frère cardiologue le soigne. C'est un secret d'État. Johnson, qui reste étendu en pyjama toute la journée, s'habillera pour le dîner auquel il me convie tout à l'heure. Il ne pourra pas participer les jours prochains à nos entretiens. Il se contentera de signer le procès-verbal de nos accords, pour lesquels il nous fait toute confiance. Inquiet pour ma mission secrète, j'obtiens l'assurance que je pourrai le voir en tête à tête au cours de mon séjour.
    Le dîner a lieu dans un vieux restaurant de Montréal, vestige précieusement conservé de la Nouvelle-France. Marcel Masse et Claude Morin, les deux ministres avec lesquels je vais surtout travailler, sont présents, mais muets. Les premiers mots de Johnson sont pour me parler de la visite du Général, comme s'il en était encore ébloui : « Elle a été un immense succès. Nous aurions dépensé des milliards de dollars en relations publiques, que nous n'aurions pas fait le début du commencement de ce qu'il a obtenu par son coup d'éclat. Il a posé la question du statut du Québec d'une manière telle qu'on ne pourra pas revenir dessus.
    « Pour nous Québécois, ce voyage restera toujours inoubliable. S'il n'avait pas crié " Vive le Québec libre ! ", le monde n'en aurait rien su ; et même nous, nous aurions fini par gommer nos souvenirs, alors que nous les ranimons sans cesse en discutant, que ce soit pour approuver ou même pour désapprouver.
    AP. —Avez-vous interprété ces quatre mots comme

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