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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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1959, elle s'applique aux enfants qui commençaient alors leur scolarité à 6 ans. Ils atteignent 14 ans en 1967. Ils seront donc tous maintenus à l'école.
    5 Pierre Laurent, conseiller d'État, est secrétaire général du ministère depuis que cette fonction a été créée, en 1963.

Chapitre 3
    « IL FAUT RÉGLER CE PROBLÈME DE L'ORIENTATION UNE FOIS POUR TOUTES »
    Dès mon arrivée, j'examine les projets de texte préparés par le Secrétaire général. Ce que je découvre me donne une mauvaise impression. Comme si l'on pensait que l'orientation serait autoritaire ou ne serait pas, on a imaginé une sorte de conseil de révision, qui statuerait souverainement : « bon pour le lycée classique ou moderne », « bon pour le lycée technique », « bon pour le collège technique », « bon pour le redoublement » ou « bon pour la vie active ».
    À la fin de la terminale, d'autres commissions trancheraient de même : « bon pour la faculté des sciences, de droit, des lettres, ou de médecine et de pharmacie », « bon pour l'IUT », « bon pour les classes préparatoires aux grandes écoles », « bon à rien ».
    Les premières conversations que m'offrent mes audiences de nouveau ministre avec associations et syndicats, et peut-être plus encore ma réaction personnelle de père de famille, me convainquent que, tel quel, le système prévu est inapplicable. Il provoquerait une rébellion des associations de parents, que les syndicats d'enseignants s'empresseraient de soutenir.
    Je crois que l'orientation ne doit pas être isolée. Elle n'est que la circulation des élèves dans un univers scolaire que, depuis longtemps déjà, je crois devoir être réformé de fond en comble. J'arrive rue de Grenelle avec des idées où se mêlent mon expérience des collèges anglais 1 , la lecture attentive des bulletins de « DJS » — Défense de la jeunesse scolaire 2 — qui bataille sur le front de la rénovation pédagogique, et mes propres souvenirs d'enfance. J'ai tant admiré le soin avec lequel mon père et ma mère, enseignants, secouaient l'apathie de leurs élèves, s'ingéniaient à empêcher qu'ils ne s'ennuient, les faisaient dialoguer, cherchaient à les intéresser à tout instant par des recherches et des découvertes nouvelles. Je crois au primat de l'éducation sur l'instruction. Je suis attaché à la pédagogie active et souhaite qu'elle s'étende massivement dans les enseignements primaire, secondaire et supérieur.
    L'objectif étant la rentrée 1968, cela me laisse un peu de temps pour consulter, imaginer et amender.

    Pompidou : « Être un éducateur, ça ne s'apprend pas comme ça »
    Matignon, 25 mai 1967.
    Je viens convaincre Pompidou de donner quelques minutes de son temps au débat sur l'enseignement qui va s'ouvrir. Je lui ai préparé le schéma d'une brève intervention. Il le parcourt rapidement.

    Pompidou : « Oui, c'est bien. Je n'ai qu'une observation à faire : je ne crois pas à la priorité à l'éducation sur l'instruction. Être un éducateur, ça ne s'apprend pas comme ça. Faire de l'éducation au lieu de l'instruction, c'est chez la plupart remplacer l'enseignement sérieux par du verbiage. »
    Il me questionne un peu sur ce que je vais dire. Puis : « Profitez donc du débat pour ouvrir des avenues sur les réformes que vous comptez faire, de manière à peser sur les réflexions de vos services. Ils sont tous contre les réformes, ils les sabotent ouvertement. Mais, comme ils sont républicains, ils ont du respect pour des déclarations d'intention qui seront accueillies avec faveur par l'Assemblée nationale. C'est une façon de les entraîner malgré eux. Sinon, les services s'arrangeront pour qu'il y ait de plus en plus de professeurs, de plus en plus d'étudiants, de plus en plus de locaux, de plus en plus de vacances, de plus en plus d'années d'études, qu'on reste étudiant jusqu'à 50 ans avec 10 mois de congé par an. »
    Nous rions de bon coeur. Il esquisse les réformes qui lui semblent possibles et utiles: « La suppression du cadre départemental pour les instituteurs, et vous partagez mon idée là-dessus, vous me l'avez dit. Davantage de bourses en faveur des agriculteurs. Quant à la sélection qu'il faudra faire, je crois que le plus simple est de dédoubler le bachot actuel au profit d'un simple certificat de fin d'études secondaires, et d'un examen d'entrée dans les facultés. Regardez ça.
    « L'enseignement supérieur lui-même, il n'y a plus

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