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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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»
    Roche, interloqué, répond après un bref silence et d'une voix hésitante : « Oui.
    GdG. — Et vous le restez ! »
    Le Général a-t-il eu vent des exhortations à démissionner qu'ont prodiguées au recteur, successivement Cohn-Bendit, Touraine et ses autres visiteurs de la nuit, et ce matin l'assemblée de la faculté deslettres ainsi que quelques-uns des membres du conseil de l'Université ? Il est clair que le Général ne souhaite pas avoir sur les bras une démission du recteur et qu'il veut le conforter dans son poste.
    Roche, reprenant ses esprits, dit au Général : « Certains ont demandé ma démission. J'ai pensé que ce serait un abandon de poste. J'ai refusé. »
    « Très bien », dit le Général, en opinant fortement.
    Le recteur : « C'est un coup de folie. Il ne faut pas céder. Mais il ne faut pas non plus que cette folie se propage. Les gens les plus calmes perdent leur sang-froid, les plus raisonnables ne savent plus ce qu'ils disent. L'ennui, c'est que la folie était, jusqu'à la semaine dernière, cantonnée dans la tête de quelques extrémistes ; maintenant, elle s'étend à des milliers d'étudiants, à des centaines d'assistants, de maîtres-assistants et même à des professeurs. »
    Le Général pose ensuite au recteur des questions sur Nanterre, sur la Sorbonne, sur ces derniers mois, sur la semaine écoulée. Pendant cet interrogatoire, je garde le silence, le recteur ne disant rien que je n'approuve entièrement.
    GdG : « Y avait-il des troubles précurseurs à la Sorbonne ? Vous doutiez-vous que la cour de la Sorbonne serait envahie ?
    Le recteur. — Mais non ! L'invasion de la cour est arrivée comme la foudre. Il y avait bien eu quelques incidents, quelques échauffourées entre étudiants d'extrême droite et d'extrême gauche, un début d'incendie imputé à l'extrême droite. Mais rien ne pouvait faire supposer une pareille mobilisation à la Sorbonne. Il n'y avait de problèmes qu'à Nanterre, que nous expliquions par un environnement déplorable, de mauvaises communications obligeant à passer sur place toute la journée, des conditions difficiles de travail. En dehors de Nanterre, il n'y avait pas de problèmes. »
    Au bout d'un quart d'heure, sans rien dévoiler de ce qu'il compte faire, le Général se lève : « Eh bien, Monsieur le recteur, je vous remercie de m'avoir éclairé. »
    Tout en me faisant signe de rester, il raccompagne aimablement son visiteur à 18 heures 30.

    « Alors, qu'est-ce qu'on fait ? »
    GdG : « Il est très bien, votre recteur... » Il se rassied : « Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
    AP. — Pour les étudiants de bonne foi, le gant de velours. Pour les révolutionnaires, la main de fer. On efface tout et on ne recommence pas. »
    Je donne lecture du plan équilibré que j'ai écrit noir sur blanc. Les trois revendications des meneurs peuvent être satisfaites, si on les accompagne de mesures telles que les troubles ne puissent pas se renouveler :
    « 1) Libération des détenus et amnistie. Il suffit de déclarer que le parquet ne s'opposera pas à la demande de mise en liberté qui serait présentée par les quatre étudiants détenus. On peut annoncer qu'on déposera un projet de loi d'amnistie pour les désordres survenus entre le 3 et le 11 mai. Mais rassemblements et manifestations seront interdits jusqu'à nouvel ordre, à l'exception de celui qui est annoncé pour lundi, dont les grandes centrales syndicales assureront le service d'ordre. Si de nouveaux troubles se produisaient, la loi d'amnistie ne s'appliquerait pas aux perturbateurs ; leurs éventuelles cartes d'étudiants leur seraient retirées ; les étrangers pris sur le fait seraient expulsés de France.
    « 2) Réouverture de la Sorbonne. Oui, mais pour la reprise normale des cours et examens, non pour l' "occuper jour et nuit" en y tenant des meetings. Un filtrage sera organisé de manière à ne laisser entrer que les étudiants qui y ont normalement accès, ainsi que les enseignants et le personnel.
    « 3) Retrait de la police du Quartier latin. Oui, progressivement. Un car devra stationner dans la rue de la Sorbonne à proximité de l'entrée, pour faire barrage à un éventuel commando qui voudrait forcer la porte. La police devrait évidemment revenir de nouveau dans le Quartier latin si les désordres recommençaient.
    « Ainsi, nous satisfaisons aux trois revendications étudiantes ; nous prouvons notre bonne volonté ; nous leur ôtons tout prétexte à

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