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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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recommencer. Mais nous assortissons ces trois concessions de garanties sérieuses. La nuit dernière, les meneurs ont refusé ce compromis qui leur était proposé. Ils pourront difficilement le refuser si nous l'annonçons publiquement. Sinon, ils feraient la preuve de leur mauvaise foi et démontreraient que leur but est en réalité de faire la révolution ou du moins de flanquer la pagaille.
    « Enfin, une instance de " sages", groupant des autorités morales et spirituelles ainsi que des professeurs et étudiants, pourrait déterminer dans l'immédiat les conditions du retour au calme et au travail dans les facultés, et à plus long terme dessiner les grandes lignes d'une réforme du système universitaire.
    « Mais parallèlement, bien que ce ne soit pas de mon ressort, il me paraît nécessaire de mettre au point les parades immédiates, pour le cas où des tentatives de subversion viendraient encore à s'accentuer : état d'urgence, poursuites devant la Cour de sûreté pour atteinte à la sûreté intérieure de l'État, voire article 16 (en tout cas, la menace d'y avoir recours). »

    « Nous mettons votre plan au point, et le Premier ministre l'annoncera à la sortie »
    Le Général m'écoute sans m'interrompre. Il me fait préciser à nouveau chacun des trois points et leurs contreparties. Le triptyquedes concessions limitées par leurs compensations lui convient visiblement.
    J'annonce alors la modeste carte que je tiens en réserve : « Mon général, je vous ai indiqué ce qu'il me paraît souhaitable de faire. Je comprendrais très bien que vous sentiez les choses autrement, mais alors, je craindrais de ne pas être l'homme de la situation. Si ce plan faisait apparaître que ma vision des choses est trop éloignée de la vôtre, ou si simplement vous estimiez qu'un autre que moi pourrait mieux contribuer au dénouement de la crise, mon portefeuille est naturellement à votre disposition. »
    Il a un léger sursaut, comme si j'avais prononcé une incongruité. Le bras droit du Général parcourt un quart de cercle, vif comme un coup de balai : « Non. Vous restez. Quand tout ça sera terminé, on fera un bilan et on verra si un autre secteur conviendrait mieux pour vous. Mais jusque-là, vous tenez bon ! »
    S'étant promptement débarrassé de cette hypothèse, il reprend : « Votre plan a l'avantage de nous donner le beau geste, mais en même temps de reprendre la main. »
    Il réfléchit un moment, le regard perdu dans le feuillage du parc. Il entre ensuite dans les détails : reprise des cours, modalités du filtrage, présence d'un car de police rue de la Sorbonne pour dissuader les perturbateurs...
    Il conclut : « C'est ce que nous allons faire. Jusqu'à la grève générale de lundi, il ne va rien se passer. Nous allons nous réunir ici demain matin. Nous mettrons ce plan au point et le Premier ministre l'annoncera à la sortie. »
    Il a l'air soulagé, comme s'il voyait clairement le moyen d'échapper à la fois à la reddition sans condition qui humilierait l'État, et au refus entêté qui bloquerait la situation. Il me raccompagne à 19 heures 15.
    1 Grimaud a écrit que le 10 mai était « la première fois qu' on voyait entrer en scène ces jeunes acteurs » ( En mai, fais ce qu'il te plaît, p. 143). Lui-même ne savait pas qu'ils avaient été les principaux acteurs du 3 mai (voir ch. 9, p. 465-466).
    2 Secrétaire général de la CGT.
    3 Secrétaire général de la CFDT.
    4 Ce sont la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public, présidée par André Dubreuil, et la Fédération nationale des associations de parents d'élèves de l'enseignement public, général et technique, présidée par Raymond Desmaret, surtout présente dans le technique. En revanche, la Fédération dite Cornec, liée à la gauche, refuse de prendre position sur la grève des lycéens, et demande à ses adhérents de rejoindre le SNESup et l'UNEF.
    5 Le préfet de police tirera la leçon de cette expérience et décentralisera les opérations entre les différents chefs d'unité pour les nuits de barricades du 24 mai et du 10 juin.
    « Étudiants, lycéens ! Écoutez-moi bien ! La conciliation à laquelle le gouvernement était disposé n'a pas pu aboutir dans le vacarme.
    6 Pierre Pouthier, promotion 1948, secrétaire général de l'École normale supérieure.
    7 Par la suite, je m'en suis entretenu avec plusieurs doyens. Ils n'avaient eu connaissance ni des conditions que j'avais posées

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