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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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devant l'Assemblée nationale à la réouverture de la Sorbonne, ni du refus opposé à ces conditions par Sauvageot et Cohn-Bendit.
    8 Voir ch. 10, p. 471.

Chapitre 15
    POMPIDOU : « JE SUIS LE SEUL À POUVOIR REMETTRE LES COMPTEURS À ZÉRO »
    Samedi 11 mai 1968, 19 heures 15.
    Quand je prends congé du Général, Flohic 1 , un transistor collé à l'oreille, me dit : « Le Premier ministre vient juste d'arriver à Orly. Il a dit aux journalistes qu'il a des idées bien précises. Je suppose qu'il va vous les exposer et en faire part au Général. »
    Je file rue de Grenelle. J'appelle Tricot pour le tenir au courant des conclusions du Général. « Je sors à l'instant de son bureau, me dit-il. Il m'a expliqué tout ça et m'a dit de prévoir une réunion dans son bureau pour demain matin, avec le Premier ministre, le garde des Sceaux, le ministre des Armées, le ministre de l'Intérieur, le ministre de l'Information et vous-même. Il m'a même dicté les grandes lignes du plan équilibré qui pourrait être retenu et que le Premier ministre annoncerait à la sortie. Il a parfaitement mémorisé ce que vous lui aviez dit. »

    Pompidou : « J'ai la chance d'être vierge »
    Matignon, samedi 11 mai 1968, 20 heures.
    Le Premier Ministre a convoqué Joxe, Fouchet, Messmer, Frey, Guichard, Gorse et moi.
    Presque toutes les nuits depuis huit jours, Joxe et Fouchet et, encore que le maintien de l'ordre ne me concerne guère, moi-même, ne nous sommes guère couchés avant 3 ou 4 heures du matin. Et la nuit dernière, nous ne nous sommes pas couchés du tout. Nous nous regardons : nous avons les traits tirés et le teint pâle, à côté d'un Pompidou frais et dispos malgré son voyage. On comprend que Joffre ait attribué la victoire de la Marne à ce qu'il avait bien dormi. Pompidou nous apporte sa sérénité. Il est impressionnant de sûreté de soi : « J'ai été tenu au courant au fur et à mesure. Le temps m'a paru long... Tout ça, c'est une crise d'hystérie. J'ai la chance d'être vierge. Je suis le seul en mesure de remettre les compteurs à zéro et de nous réconcilier avec les étudiants. »
    Pompidou, comme Grimaud, dit « les » étudiants. Bien qu'il y ait eu dans la rue, au cours de cette nuit de barricades, beaucoup de lycéens et encore plus d'individus n'ayant aucun lien avec l'Université, et moins de 5 % des étudiants de l'agglomération parisienne.
    Il a préparé, dans la Caravelle de retour, le texte d'une allocution qu'il nous lit, avec la phrase clé: « "J'ai décidé que la Sorbonne serait librement ouverte à partir de lundi. Les cours reprendront à la diligence du recteur et des doyens." Avez-vous des objections ? »
    Tout le monde reste muet. Joxe et Fouchet ont plaidé sans succès cette cause auprès du Général cet après-midi. Attendent-ils de voir si le Premier ministre sera mieux entendu ?
    Je me décide à rompre le silence : « D'abord, vos propositions seront insuffisantes aux yeux des manifestants. La réouverture de la Sorbonne est passée au second plan. Leur principale revendication, c'est la libération des quatre détenus. »
    Pompidou fait droit à cette objection et rajoute à son texte une phrase, que nous formulons ensemble : « La cour d'appel pourra, conformément à la loi, statuer sur les demandes de libération présentées par les étudiants condamnés. »

    Pompidou : « Quand ils auront beaucoup bavardé, ils finiront bien par se taire »
    AP : « Voilà pour les concessions. Mais s'il n'y a pas de contrepartie, votre clémence fera l'effet d'une capitulation. Il faudrait prendre des dispositions pour que la Sorbonne ne soit pas ouverte à tout le monde. Nous n'avons pas affaire à de bons petits étudiants qui ne demanderaient qu'à reprendre leurs cours et à passer leurs examens. Vous avez affaire à des révolutionnaires, qui veulent occuper la Sorbonne nuit et jour pour y faire la révolution. Si vous ouvrez librement la Sorbonne, vous ne pourrez plus les en déloger. Vous risquez de déclencher une avalanche.
    Pompidou. — Que voulez-vous qu'ils y fassent, jour et nuit ? Ils se fatigueront vite et ils fatigueront tout le monde, s'ils veulent faire des meetings à jet continu. Quand ils auront beaucoup bavardé, ils finiront bien par se taire. Non ! On fait confiance, ou on ne fait pas confiance. Si nous mettons des conditions à ce geste de clémence, nous supprimerons tout l'effet psychologique. Il ne faut pas mégoter. »
    Je reprends la parole

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