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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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tenais une clé que d'autres n'avaient pas.
    1 Mon fidèle électeur, Maurice Demange, garagiste à Sancy-lès-Provins, a reconnu Geismar un soir de mai, dans le conducteur du joli cabriolet de sport, rouge vermillon, qui s'arrête chez lui pour demander de l'essence. Une altercation s'en est suivie et, chassé par la colère populaire, le révolutionnaire a dû s'enfuir.
    2 Gérald Antoine, professeur de littérature, recteur de l'académie d'Orléans. Marcel Bataillon, administrateur honoraire du Collège de France, président de « Défense de la jeunesse scolaire ». Georges Vedel, précédent doyen de la faculté de droit de Paris.

VIII
    « POUR MOI, L'HORIZON EST TOUT PROCHE »
    28 mai 1968 - 9 novembre 1970

Chapitre 1
    « UN SILENCE EFFRAYANT »
    Mardi 28 mai 1968.
    Le premier coup de téléphone que je reçois, une fois revenu dans le bureau qui va cesser d'être le mien, est de Pierre-Charles Krieg : « Te voilà libéré ? Je te réquisitionne comme militant. »
    Il m'explique qu'il organise pour après-demain une manifestation sur la place de la Concorde : « Puisque tu n'es plus ministre mais que tu es toujours dans ton bureau de ministre, tu pourrais téléphoner partout où la grève nous en empêche. Un seul moyen de bloquer les gauchistes : faire un appel massif au peuple ! Téléphone, fais téléphoner par tes collaborateurs à tous ceux qu'ils connaissent, dans la région parisienne ou même en province, pourquoi pas, pour qu'ils se débrouillent pour venir jeudi ! Répète à tout le monde que la République est en danger ! Dis bien que la manifestation de soutien à de Gaulle doit être au moins égale en force aux manifestations de la gauche contre lui ! Et que chacun de tes interlocuteurs téléphone lui-même à dix compagnons, lesquels téléphoneront ensuite chacun à dix autres, et ainsi de suite. Tu vas voir Pompidou, puisque c'est lui qui doit te remplacer : essaie de le persuader que cette contre-manifestation est indispensable ! Qu'il cesse de s'y opposer ! Et passe aussi un coup de fil à Grimaud. Tâche de le convaincre que c'est la seule façon d'en finir, alors qu'il raconte partout que c'est une idée idiote !... Non, ne t'inquiète pas pour Foccart. C'est vrai qu'il songeait à organiser une manifestation pour vendredi. Mais il a compris que les heures comptent, il se rallie à la nôtre, nous conjuguons nos efforts. »
    Second coup de téléphone de Krieg, après l'explosion de la bombe qui a fait sauter les locaux de La Nation . Il est déchaîné : « Notre manif d'après-demain doit retourner la situation ! C'est ça, ou c'est la fin de la France ! »

    Poujade : « J'y suis allé d'autant plus fort que c'est le Général qui me l'a demandé »
    Mitterrand a déclaré à midi, dans une conférence de presse : « Il dépend de notre imagination et de notre volonté que la France soit la première parmi les grandes nations industrialisées à s'attaquer aux structures mêmes d'une société qu'elle a subie jusqu'ici comme les autres. » (Voilà le gage donné aux communistes.) « ...Ledépart du général de Gaulle... provoquera naturellement la disparition du Premier ministre et de son gouvernement. » (Voilà le gage donné à la IV e République, c'est-à-dire à la classe politique.)
    Il veut confier à un gouvernement provisoire les conditions pratiques de l'élection présidentielle. « Qui formera le gouvernement provisoire ? S'il le faut, j'assumerai cette responsabilité. Mais d'autres que moi peuvent légitimement y prétendre. Je pense d'abord à M. Mendès France ... » (Voilà le gage donné à la gauche non communiste, aux universitaires, aux intellectuels.)
    « Et qui sera le Président de la République ? Le suffrage universel le dira. Mais d'ores et déjà, je vous l'annonce... Je suis candidat. »
    Voilà l'erreur. Il est sorti du bois. On peut le tirer à vue. Candidat à un poste qui n'est pas vacant, il échafaude une transition qui est contraire à la Constitution : celle-ci dispose qu'en cas de retrait ou d'empêchement du Président, le gouvernement reste en place jusqu'à l'élection de son successeur, le président du Sénat assumant l'intérim.
    Robert Poujade est le premier à tirer et il vise bien. Il a aussitôt trouvé les formules assassines : «M. Mitterrand veut s'installer sans délai dans le mobilier national... Il fait à la France le don de sa personne. »
    Le « don de sa personne » : comme Pétain ! C'est du bon travail. Le Général ne

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