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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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faisons un tout autre... »
    Ainsi, après Messmer et Sanguinetti, voici un troisième ministre qui semble trouver dans un changement complet de conception la cause des surcoûts. Le Général n'est pas disposé à entrer dans ce jeu ; il en paraît même surpris :
    GdG : « Très franchement, on n'a pas étudié la question sous cet angle-là quand on a décidé de faire le Concorde. On ne s'est pas décidé pour un moyen courrier. Je le dis très simplement, j'ai toujours pensé que l'avion devait traverser l'Atlantique. Etait-il nécessaire de faire un avion supersonique pour aller à Rome ou à Bruxelles ou à Londres ? Non. Il s'agissait, d'entrée de jeu, de traverser l'Atlantique. Alors, il est possible que les ingénieurs nous aient dissimulé la vérité en disant : "Ce sera un moyen courrier."Mais en fait, c'est comme ça qu'on a compris : il s'agissait bien d'aller à New York.
    « Alors, décidons de la chose. Pour ce qui est de l'augmentation du crédit, on ne peut pas y couper, à moins de tout arrêter. On réexaminera à une date, que nous fixons en mai, l'ensemble du problème. »
    En mai, l'achèvement du Concorde sera définitivement décidé. Le Général sait assumer ses choix, même quand il les a faits à contrecoeur.
    1 Voir C'était de Gaulle, t. II, IV e partie, ch. 12.

Chapitre 7
    « VOUS AVEZ DES GOULOTS D'ÉTRANGLEMENT, MAIS NOUS, NOUS N'AVONS PAS LA COMMUNICATION »
    Au Conseil du 8 avril 1964 déjà, Marette avait expliqué la misère du téléphone : « Les installations sont saturées. La densité téléphonique est de onze postes pour cent habitants, c'est-à-dire la situation où se trouvait la Suisse en 1935 et la Grande-Bretagne en 1950. La France est avant-dernière dans le Marché commun et, l'an prochain, la dernière : l'Italie nous dépassera. Le téléphone est le dernier article rationné en France. Il faudrait augmenter de 25 % chaque année les installations téléphoniques si nous voulons rattraper notre retard en dix ans, ou de 70 % pour le rattraper en cinq ans. La soif du téléphone se développe. Une congestion générale du réseau menace ! »

    « Nous ne croyons pas qu'il serait heureux d'aller vers un Office »
    Après avoir bien posé le diagnostic, Marette en tire des conclusions qui me semblent erronées : « 1) Il n'est pas possible de dénationaliser le téléphone. Aucune affaire privée ne serait capable de reprendre l'affaire. 2) Transformer les Télécommunications en un Office public comme Peyrefitte s'apprête à le faire pour la radio-télévision ? Les ingénieurs des télécommunications le souhaitent. Mais ce n'est pas valable. Ce serait démembrer le patrimoine de l'État. »
    Marette sait faire vibrer la corde sensible du Général. Mais derrière l'invocation du patrimoine de l'État, il n'est pas difficile de deviner la pression des syndicats. Dogmatisme jacobin et corporatisme syndical s'entendent à merveille.
    Me sentant visé, je demande la parole :
    AP : « Je ne suis pas sûr qu'une administration disposant du monopole de la fabrication et de l'installation des téléphones soit le meilleur moyen de résoudre cette difficulté. »
    Le Général, l'air résigné, me donne tort : « Quelque effort qu'on fasse pour rattraper le retard, on ne le rattrapera pas. Ces précisions sont fort utiles. Mais dans l'ensemble, nous constatons que l'administration des PTT marche bien et nous en prenons acte. Nous ne croyons pas non plus qu'il serait heureux d'aller vers un Office. Je ne crois pas souhaitable que l'exemple de la télévision fasse des émules. »

    « Vos polytechniciens n'ont pas pu l'emporter sur ceux de la SNCF »
    Conseil du 26 janvier 1966.
    Quelques mois plus tard, Marette fait un nouveau point sur le téléphone, un point... de suspension : « La priorité va à un meilleur acheminement des communications à partir du réseau existant, plus qu'à étendre le réseau. Donc, priorité à l' automatisation, à la réduction du trafic manuel. Le trafic n'a pas augmenté en 1965 (il en semble soulagé), mais nous avons été à la limite de la saturation. Nous avons des goulots d'étranglement.
    GdG (moins résigné cette fois). -- Vous, vous avez des goulots d'étranglement, mais nous, nous n'avons pas la communication.
    Marette. - C'est la même situation qu'à la sortie des villes le soir, pour rejoindre l'autoroute.
    GdG. - Combien attend-on pour avoir une installation téléphonique ?
    Marette. - Il y a 370 000 demandes non

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