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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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la plus décisive des victoires, confirmera que cette stratégie visait juste.

    Sur ces quatre feuilles de papier s'inscrivent pour l'Histoire la résolution du Général, l'affinement de sa démarche, la place spontanément donnée à Pompidou et la contribution que celui-ci lui apporte.
    Au Général, le mérite d'avoir créé les conditions d'une peur et d'une attente, d'avoir écrit ce texte qui ressemble à une rafale de mitrailleuse, et de l'avoir prononcé en tonnant, dans le mystère d'un message sans visage. A Georges Pompidou, le mérite d'avoir obtenu la dissolution et conduit à la bataille un gouvernement revigoré.
    Une fois de plus, la réussite sortait de la conjonction des deux hommes et de leur génie propre : le flair tactique et le réalisme de l'un, l'inextinguible ardeur de l'autre.
    Une fois de plus, le verbe était action.
    1 On trouvera en annexe 3 la transcription intégrale des versions successives de ce texte.
    2 « Solidité », et non « solidarité » comme on le voit écrit dans trop d'ouvrages.

Chapitre 8
    « LE SENS DE L'ÉTAT, JE L'AI ; ENFIN, JE L'AI DE TEMPS EN TEMPS »
    Salon doré, 9 janvier 1969.
    Six mois déjà que je n'ai vu le Général. Il donne audience au président de la commission des Affaires culturelles que je suis. Va-t-il prendre des distances, maintenant que je ne suis plus de ses familiers ? Introduit dans ce bureau qui est comme imprégné d'or vieilli, je ressens une bouffée de joie en le voyant s'avancer vers moi avec un visage amical.

    « Ce corps enseignant, il faut lui mettre l'épée dans les reins »
    GdG: « Alors, que se passe-t-il ?
    AP. — Je souhaitais vous voir pour faire un tour d'horizon et vous parler des problèmes pour lesquels ma commission est compétente, et d'abord de l'Education nationale. Il y a un mouvement de réforme qui a commencé et qui est fondamentalement bon. Il fallait l'immense talent d'Edgar Faure, plus l'appui que vous lui avez accordé, pour imposer tout cela.
    GdG. — Edgar Faure a vaincu le problème en luttant contre la routine, le conservatisme, la sclérose d'un corps enseignant hors du monde, hors du temps. Ce corps, n'est-ce pas, il faut lui mettre l'épée dans les reins, c'est le meilleur système. Il a bien dégagé l'essentiel. La participation, c'est essentiel. L'autonomie, c'est essentiel. Et puis la responsabilité, c'est la clé de tout.
    AP. — Les principes sont les bons. Mais on peut faire trois réserves sur l'application. La première réserve a trait à la responsabilité justement, à l'autorité. Il faut créer de vraies chaînes de commandement, encourager les responsables qui ont été à la hauteur de leur tâche, faire des exemples pour ceux qui ne l'ont pas été. Ceux qui se sont bien conduits ne se sont pas sentis suffisamment soutenus dans leur autorité.
    « Deuxième réserve : l'orientation. Si on ne fait pas l'orientation, la machine va exploser dans quelque temps. Je regrette de ne pas voir appliquer les textes mis au point il y a un an et qui devaient entrer en application à la dernière rentrée.
    « Troisième réserve : la sélection. Il faudra la faire, pas d'une façon malthusienne, mais par l'autonomie des établissements. Il est nécessaire de faire un pacte entre des étudiants choisis etl'établissement qui les choisit. La sélection n'est pas la fin de la croissance, mais la condition d'une croissance équilibrée.

    « La loi est bonne, puisqu'elle décentralise »
    GdG. — Totalement d'accord ! Vous savez, cette loi n'est pas mauvaise en elle-même. D'ailleurs, je l'ai beaucoup améliorée. Elle est bien différente de ce qu'elle était lorsqu'elle est sortie des officines de l'Éducation nationale ! Telle quelle, elle est convenable. Mais ce corps enseignant est composé de rêveurs, d'utopistes, de farfelus qui se croient très forts et qui ne voient pas les réalités. Ils baignent dans le SNESup, dans l'UNEF. Ils ne vivent que dans cela. Ils en font partie.
    « Quant à Edgar Faure, nous savons ce qu'il vaut. Il est intelligent, brillant, mais il ne fiche rien. (J'ai un geste de surprise et de dénégation, car je le sais débordant d'activité au contraire.) Vous comprenez, il ne travaille pas ses dossiers. Il se laisse entraîner par son entourage et il est très mal entouré. Alors c'est le règne de la facilité, de la démagogie. On fait ce qui fait plaisir, on laisse de côté ce qui coûterait de la peine et qui irait à l'encontre du sentiment de

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