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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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On est sauvé ! Ça règle le problème.» Un instant, puis: «Vous ne croyez pas qu'on aurait pu faire aussi bien avec des stylos ? »
    Cette touche d'humour noir détend le Conseil. Mais il va de nouveau se tendre.
    Messmer: «Des harkis et des fonctionnaires musulmans, les moghaznis, se disent menacés. D'où des demandes qui viennent à la fois des autorités civiles et militaires. Il faut prendre une position de principe.
    GdG. — On ne peut pas accepter de replier tous les musulmans qui viendraient à déclarer qu'ils ne s'entendront pas avec leur gouvernement! Le terme de rapatriés ne s'applique évidemment pas aux musulmans: ils ne retournent pas dans la terre de leurs pères! Dans leur cas, il ne saurait s'agir que de réfugiés! Mais on ne peut les recevoir en France comme tels, que s'ils couraient des dangers!

    « Les harkis doivent ou travailler, ou repartir »
    Pompidou. — Quand ce sont des musulmans isolés, ça va, on peut à la rigueur refuser de les embarquer. Mais quand c'est un douar entier que l'on voit arriver pour prendre le bateau, c'est plus difficile.
    «Deux camps militaires ont été installés pour eux en métropole; ils sont submergés. Ces gens ne veulent pas travailler. Ils se trouvent très bien au Larzac sous leurs tentes et ils s'y installeraient volontiers pour l'hiver et au-delà. Mais il faudra bien les évacuer; en septembre, les froids vont venir.
    GdG. — Il faut les mettre en demeure ou de travailler, ou de repartir. »
    Plusieurs collègues baissent la tête.

Chapitre 18
    « NOUS FINIRONS EN PRISON »
    Salon doré, 25 juillet 1962.
    À l'issue du Conseil, le Général me résume ainsi la situation algérienne: «L'anarchie s'étend. Ça ne nous étonne pas outre mesure, ça ne pouvait pas être autrement, pendant un temps. Il faut que ça cesse! Ça ne peut cesser que par la voie démocratique.
    « En attendant, nous cherchons à limiter autant que possible les inconvénients de cette confusion. Par notre concours administratif, en apportant à l'Algérie une assistance technique, sans laquelle elle tomberait dans le marxisme et bientôt dans le chaos. Et, si la situation s'aggravait, en intervenant directement pour protéger nos nationaux.
    « Il n'y aura pas de coopération possible, si la vie, la liberté et les biens sont menacés. Nous tiendrons les autorités algériennes, actuelles ou futures, responsables de l'ordre public.
    Après un soupir, il ajoute : « Maintenant, l'important va être de persuader la plupart des repliés de rentrer en Algérie. »

    « Les Algériens vont s'étriper ; ils ne savent pas faire autre chose »
    Un silence. À partir de là, je ne sais plus si le commentaire est pour la presse ou pour moi seul, et ne serai un peu plus fixé qu'à la fin: « Il faut bien constater que les incertitudes se prolongent sur la situation politique de l'Algérie. Avec tous les inconvénients, et même les risques, que cet état de choses fait peser sur la coopération à établir entre les deux pays. Dans cette situation mouvante, nous devons retenir les éléments fixes suivants:
    « 1) Aucune des factions rivales en Algérie ne conteste ou ne met en cause les accords d'Évian, qui ne jouent aucun rôle dans les polémiques en cours. Au contraire, ils forment un point de convergence.
    « 2) De même, le rôle et la mission de l'Exécutif provisoire ne sont pas discutés.
    «3) Enfin, tous les dirigeants algériens sont également d'accord pour considérer que la participation des Européens à la vie et à l'économie algériennes est essentielle, et que leur sécurité doit être assurée. L'action de notre représentation diplomatiqueet consulaire en Algérie commence à porter ses fruits. Des disparus ont été retrouvés, des internés relâchés (près de 50). Il n'y a pas de coopération concevable sans sécurité absolue pour nos compatriotes. »
    Encore un instant de silence. « Malheureusement, le vide algérien est effrayant. Les Algériens ne semblent pas sur le point de s'entendre. Ils vont s'étriper; ils ne savent pas faire autre chose. Nous ne pouvons quand même pas recommencer la guerre d'Algérie pour arranger les choses; pour arranger leurs choses. Tout ça, naturellement, c'est pour vous.» (Où commence ce qui est pour moi, où s'arrête ce qui est pour les autres ?)
    (Pendant la guerre d'Algérie, il disait: «l'affaire d'Algérie », «la question algérienne ». Maintenant qu'elle a pris fin, il l'appelle par son

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