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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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politique, ils ne feront pas de bonnes finances. À vous de le leur faire sentir (il s'est tourné vers Joxe).

    « Nous aurions au Parlement des flots de démagogie»
    Pompidou. — Il ne faut pas se dissimuler qu'avant le 2 septembre, ou bien il faudra lâcher une avance de trésorerie aux Algériens, ou bien ils culbuteront.
    GdG. — De toute façon, ils culbuteront un jour ou l'autre. Ils sont incapables de résister aux sollicitations que toutes sortes de parties prenantes exerceront sur eux. C'est vrai de leur gouvernement, de leurs préfets, de leur armée.
    Giscard. — Nous allons subir une concurrence. Il suffit de lire le New York Times pour voir que les Américains commencent à critiquer la façon dont nous gérons l'indépendance... En fait, l'Algérie n'avait été mise sur ce pied que par des prestations françaises. L'indépendance va l'obliger à en rabattre.
    GdG (un peu sèchement). — Les articles du New York Times ne doivent pas nous préoccuper. Si les Américains veulent nous remplacer, qu'ils le fassent.
    Boulin (très pratique). — 90 000 chefs de famille sont revenus d'Algérie. 20 000 se logeront par leurs propres moyens. Resteraient 70 000 logements à trouver, pour lesquels il faudrait construire une tranche supplémentaire de logements HLM.
    GdG. — Se satisferont-ils de logements HLM ?
    Boulin. — Ceux qui ne se logeront pas par leurs propres moyens seront bien contents d'avoir des logements HLM.
    GdG (grognon). — Ou bien tous ces lascars rentrent en Algérie, et vos mesures seront inutiles; ou bien ils n'y retourneront pas, et elles ne suffiront pas. Il vaudrait mieux réquisitionner, en attendant, des logements vides.
    Boulin (sans se démonter). — Justement, je présente deux ordonnances. L'une prévoit la construction accélérée de 50 000 logements, avec des procédés industriels de construction et des procédures spéciales de financement. L'autre permet de réquisitionner des logements vides — tout en disposant qu'ils seront rendus à leur propriétaire dès que les logements neufs seront construits. »

    Après le Conseil.
    Le Général admet que si les « lascars» ne repartent pas, « les ordonnances seront là pour un coup; sinon, nous aurions au Parlement des flots de démagogie; et les mesures nécessaires n'aboutiraient pas ».
    Il conclut, en me reconduisant:
    «Nous nous trouvons devant une nébuleuse. Quelles que soient les arguties du pouvoir algérien, nous souhaitons des élections le plus tôt possible. La France en a vu beaucoup d'autres. Ça ne la touche plus directement. Ce n'est pas la France qui est la plus embêtée, c'est l'Algérie. »

Chapitre 19
    « NOUS N'AVONS PAS À QUI PARLER »
    Au Conseil du 22 août 1962, atmosphère très tendue.
    Joxe (congestionné) : « Il y a de l'insécurité dans la wilaya 4, celle d'Alger. On arrête des musulmans soupçonnés de collaboration. Les chefs de l'ALN extérieure ne paraissent pas absents de l'organisation de vengeances, et peut-être d'assassinats, à l'encontre d'Européens et d'Algériens francophiles. Ces chefs sont des adversaires des accords d'Évian.
    « Pour les élections, du côté musulman, la plus large place dans la liste est faite aux cadres de l'ALN. Du côté des Européens, on reste passif, avec des candidats falots. Les Français qui ont soutenu le FLN, comme Alleg et Mandouze, ont été impitoyablement écartés. On va vers une assemblée totalement dominée par des musulmans peu expérimentés, et loin des réalités. Il y aura de nombreuses difficultés.
    « Neuf protocoles pour l'application des accords d'Évian ont été mis au point avec l'Exécutif provisoire. Farès est prêt à venir en signer six, mais non les trois qui concernent le Sahara.
    GdG. — Dans l'Algérois, et au Sahara du côté de Ouargla, la situation est des plus fâcheuses. On est en pleine pagaille. A quoi cela tient-il? À ce que nous n'avons pas à qui parler.
    « Pour les élections, c'était couru d'avance. L'essentiel, c'est qu'il en sorte un organisme qui se croie — qui veuille être, et donc que l'on prenne pour — un gouvernement. Jusque-là, nous ne savons pas à qui nous avons affaire.
    « Ce qui compte, c'est de faire respecter les accords d'Évian. Ou les Algériens acceptent les neuf protocoles d'application, y compris les trois sur le Sahara, et ils signent tout. Ou ils ne signent pas tout, et nous ne signerons rien. Ne leur envoyons aucune aide d'aucune sorte, jusqu'à ce qu'ils se

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