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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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l'élection présidentielle découlait de l'attentat.
    2 Monnerville prononcera ce mot de forfaiture au congrès radical de Vichy le 29 septembre 1962. Il est remarquable que, dix-sept jours avant que le président du Sénat ose l'en accuser, de Gaulle voie la possibilité de l'accusation, et emploie le même terme.

Chapitre 22
    «VOUS VOUS PLAISEZ AVEC LES JOURNALISTES! »
    La bataille politique qui commence, comme j'aimerais la vivre au poste d'observation et d'action où le hasard m'a placé... Mais je sais depuis quelques jours que ce ne sera plus le cas.
    Pourtant, au début d'août, Pompidou m'avait parlé sur un ton de confiance qui pouvait me faire croire que cela durerait.

    Matignon, 8 août 1962. «Voilà bientôt quatre mois, me dit Pompidou, que nous sommes en fonction. Quatre mois que vous avez le privilège d'être le porte-parole du Général; donc, souvent, d'interpréter sa pensée. Vous avez appris à vous défier des explications qui sembleraient évidentes. »
    Il ralentit son débit — comme le fait le Général lorsqu'il veut aller « au fond des choses» : « L'intelligence — ou plutôt l'intuition — de cet homme embrasse d'un seul coup d'œil des aspects du réel que des yeux ordinaires ne peuvent apercevoir que séparément: ces aspects, contradictoires pour nous, sont pour lui compatibles, vrais successivement ou simultanément, et même complémentaires. L'aspect que, finalement, il privilégie est celui qui lui paraît le plus conforme à l'intérêt de la France; à l'idée qu'il se fait de son devoir; à son image. Entre ces notions, n'établissez aucune hiérarchie, car elles se confondent. L'étrange de cet homme multiple, c'est qu'au total il est un. Mais n'oubliez jamais son orgueil, sans lequel il n'aurait rien entrepris ni réussi de ce qu'il a réussi et entrepris, cet orgueil sans lequel il calerait tous les jours. »
    Il touche juste. De ce phénomène, j'ai relevé cent exemples. Ce que je ne dis pas à Pompidou, c'est qu'à mesure que j'essaie, jour après jour, de traduire aux éditorialistes les paroles et les silences, les gestes ou les absences de geste de cet homme qui les fascine, je commence à être vraiment heureux, comme chaque fois que l'on sent qu'on domine sa tâche; au point d'être gagné par l' illusion que d'autres ne la domineraient pas aussi bien...
    Il faut toujours se méfier de ce genre d'euphorie. La veille de l'attentat, Pompidou m'a fait venir. Me voilà puni de mes illusions.
    Matignon, 21 août 1962.
    « Le Général — me dit Pompidou l'air embarrassé — a promis à Fouchet, quand il lui a fait accepter le poste suicidaire de haut-commissaire en Algérie en mars dernier, qu'il le ferait entrer au gouvernement à la fin de sa mission. Alors, il me tarabuste pour qu'on honore cette promesse. Fouchet passe très bien à la télévision — d'ailleurs, le Général l'en a complimenté. Il pense que ce ministère lui va comme un gant. Il propose que vous restiez à votre poste. Je lui ai dit que ce serait inacceptable pour vous, que vous ne pourriez pas être son second après avoir été votre propre maître. »
    Il reprend son souffle, comme si le plus dur était dit.
    «L'intégration des rapatriés va être la grande affaire des prochains mois. Je vais ériger ce secrétariat d'État en ministère plein. Je vous offre de le prendre. Je vais faire passer Boulin au Budget, ce qui sera pour lui une promotion et permettra de ne pas laisser Giscard tout seul rue de Rivoli, ce qui agace les compagnons. »
    Il a eu l'honnêteté de reconnaître que son vrai mobile était de caser Fouchet ; il n'a pas essayé de me faire croire que c'était de créer un « grand ministère des Rapatriés» dont je serais seul digne... Si franche que soit son approche, il a l'art d'enrober de miel les pilules les plus amères. Voyant mon air maussade:
    «Vous allez être chargé du problème qui va dominer la vie nationale dans les semaines qui viennent. En outre, vous sautez au bout de quatre mois le fossé qui sépare le purgatoire des secrétaires d'État et le paradis des ministres.»
    Je n'avais pas envisagé la question sous cet angle... Ce que je sais, c'est que je me plaisais dans le rôle de porte-parole, que j'aimais recueillir les confidences du Général et les distiller à dose homéopathique; tandis que la perspective de m'occuper des « repliés », comme dit le Général, à la tête d'une administration fantomatique et sans moyens, ne m'attire

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